Rousseau: l'homme et son oeuvre
Publié le 19/09/2018
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L’homme et son œuvre
Dans le paysage littéraire du XVIIIe siècle, Jean-Jacques Rousseau est singulier. Singulier par sa position sociale : un homme marginal, ayant choisi, après l’avoir subie, la pauvreté; mais en même temps, admiré, célèbre, soutenu par des personnages puissants. Singulier aussi par l’accomplissement de l’œuvre : longtemps, Rousseau place ses ambitions artistiques dans la musique ; il ne rient à la littérature que tardivement. Singulier enfin par des convictions philosophiques à contre-courant: homme du Siècle des Lumières (le xviiie siècle) qui, à l’instar de ses collègues, les Philosophes, fait confiance aux pouvoirs du cœur et de la raison pour conduire au bonheur terrestre, Rousseau conteste cependant l’optimisme des Lumières; il oppose aux nouons de progrès et de civilisation celles de dégradation et d’aliénation : les institutions, fondées sur l’inégalité et l’asservissement, pervertissent la nature humaine.
Une jeunesse instable (1712-1742)
Jean-Jacques Rousseau naît en juin 1712, à Genève. Sa famille est assez disloquée : sa mère meurt à sa naissance, son frère aîné s’enfuit rapidement, son père s’exile en 1722. Après deux ans en pension à Bossey, dans le campagne genevoise, JeanJacques est mis en apprentissage.
Un être indécis et mobile. En 1728, sa fuite de Genève, accidentelle ou délibérée, fait de lui un marginal, et entre 16 et 20 ans, sous sa forme la plus extrême, celle du vagabond. Rejoignant cette frange de la population européenne, pauvre, qui se déplace à pied, mendie ou vit d’expédients, Jean-Jacques mène une vie errante, parcourt des milliers de kilomètres entre la Suisse, l’Italie et la France ; il exerce divers métiers (laquais, maître de musique, secrétaire) sans vraiment se fixer. On a l’impression d’un être instable, aussi bien au plan intérieur (il aime changer d’identité, imiter des personnages de rencontre pour lesquels il s’enthousiasme de façon passagère) qu’au plan social (il a du mal à s’établir dans une position sociale déterminée).
Une figure protectrice. De toutes les figures protectrices que Rousseau croise sur sa route vagabonde, Mme de Warens est celle qui compte le plus. Près d’elle, à Annecy ou à Chambéry, il vit des périodes de quiétude et de stabilité (épisodiquement de 1728 à 1731, et d’une manière quasi continue de 1732 à 1740 - voir livres V et VI des Confessions), Mme de Warens l’encourage à se convertir au catholicisme; elle s’efforce de lui trouver une position sociale; elle I’inihe à l’amour et lui permet de compléter sa formation. Elle est tout à la fois une mère, un mentor et une amante.
L’écriture autobiographique... Mis à part l’achèvement du Dictionnaire de musique ( 1767) et deux ouvrages politiqties de commande pour la Gorse et la Pologne, Rousseau consacre les dernières années de sa vie à écrire sur lui-même: après quatre lettres adressées en 1762 à M. de Malesherbes, qui ébauchent l’autobiographie à venir, il entreprend successivement trois ouvrages, tous posthumes. Il s’agit moins de se comprendre soi-même que de se faire comprendre d’autrui, de se justifier par le récit sincère de sa vie. La quête de soi à travers l’écriture dégagera la cohérence d’une conduite individuelle, fera se rejoindre la réalité intérieure (innocence, authenticité) et l’image sociale (mensongère, déformée), enfin elle fondera la légitimité du système élaborée dans l’œuvre littéraire.
... et son évolution. Les Confessions, récit autobiographique qui va de la naissance à l’exil en Suisse (1765), sont rédigées entre 1765 et 1770. Les Dialogues, Rousseau juge de Jean-Jacques (1772-1776) sont une seconde tentative de justification. Avec l'œuvre ultime, Les Rêveries du promeneur solitaire, (1776-1778), l’écriture évolue: détachée de toute volonté démonstrative, consciente de sa solitude, elle mêle les caractères d’un journal intime avec ceux d’un poème en prose, célèbre avec lyrisme souvenirs, sensations, et s’épanouit dans le sentiment d’un accord intense entre le moi et l’univers. Un rapport nouveau entre l’écrivain et le lecteur s’in-vente, car Rousseau écrit presque pour lui-même. Ou plutôt il écrit pour un lecteur qui serait comme un double de lui-même, un lecteur qui n’existe pas encore, à la fois proche et lointain, avec lequel il nouerait un lien intime, de conscience à conscience, de solitude à solitude: le lecteur moderne.
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