ROUSSEAU Jean-Jacques : sa vie et son oeuvre
Publié le 28/11/2018
Extrait du document
«
tiques
effectuées pour Mm< Dupin.
Il n'es t pas insensible
aux idées brassée s par Diderot ni à l'agilité intellectuelle
propre aux milieux que celui-ci lui fait connaître.
Mais
cet étourdissement fait place.
un jour de l'été 1749, à
une prise de conscience qu'il présentera a posteriori
comme un coup de foudre, une révélation brutale.
Rendant vis1te à Diderot, emprisonné à Vincenne s à
cause de la Ll'ltre sur les aveugles, il tombe sur une
annonce du Mercure de France.
L'Académie de Dijon
propose comme sujet de concours : « ...
si le rétablisse
ment des sciences et des arts a contribué à corrompre ou
à épurer les mœurs».
La question, qui touche au fonde
ment de 1 'o ptimism e des Lumières, sert à Ro usseau de
révélateur.
Diderot l'encourage à donner libre cours à
son intuitio n : le progrè s technique risque d'aller à l'en
contre du progrès moral.
Mais Rou sseau , prenant
conscience de la fausse route dans laquelle s'est engagée
notre société, va se compromettre dans la même voie.
Pour dénoncer les illusions de la pensée et du monde , il
lu i faudra devenir penseur dans le monde.
A l'origine de
toute l'œuvre se trouvent à la fois une intuition unifiante
et une conscience déchirée.
L'intuition tend à s'épanouir
en un système auquel la conscience déchirée interdit de
se fermer définitivem ent.
A partir de 1750, la carrière
intellectuelle de Rousseau se présente parallèlement
comme l'approfo ndissement d'une révélation et comme
le déplacemenl permanent d'une réflexion qui ne peut
pas se contenter de discours et de traités.
Une seco nde question de l'Ac adémie de Dijon sur les
fondem ents de L'inégalité lui permet d'étendre sa pensée.
Le danger ne réside pas tant dans la fuite en avant du
savoir et des techniques que dans l'inégalité qui aliène
les rapport s sociaux.
Rousseau quadragénaire semble en
mesure de produire une vaste synthèse.
Au printemps
1756, il s'ins talle à l'Ermitage, dans le calme nécessaire
à la création, et projette deux grands ouvrage s en forme
de diptyque : des Institutions politiques, qui, quelques
années après l'Esprit des lois de Montesquieu, analyse
raient l'ensemhle des problèmes de la vie collective, et
une Morale sensitive ou Matérialisme du sage, qui s'at
tacherait aux problèmes de la vie individuelle.
Ces deux
livres ne furent jam ais men és à terme.
Les données bio
graphiques expliquent moins cet échec apparent qu'une
dynamique interne à la pensée de Rousseau.
L'ami de la
vérité habité par une vision systématique n'est pas un
philo sophe qui crée un système à ranger parmi d'autres
dans l'histoire de la philosophie.
Aux antipodes d'une
somme théorique, c'est un roman qu'il compose de 1756
à 1760, et le roman le plus éclaté : un roman par lettres.
La vie ne se lai sse réduire à aucun traité.
Pour se traduire
en un langage social, le système rousseauiste doit se
diviser en un roman philosophique.
un essai sur l'éduca
tion, l'Émile, fragment de la Morale sensitive, et un
essai sur la vie politique, Du comrat social, issu des
Jnstitwions politiques.
La fragmentation marque en
même temps l'aliénation de la pensée qui ne peut s'expri
mer synthétiquement et son refus d'une unité qui serait
illus oire.
Par honnêteté, par rigueur, 1 'œuvre s'installe
dans la contrad iction.
Les protestations qu'elle provoque, la répre ssion qui
s'abat sur l'auteur viennent la relancer et la transformer.
Le débat, dans la lettre à l'arc hevêque de Paris ou dans
les Leures écntes de la_ montagne, peut demeurer sur le
même plan que dans l'Emile ou le Contrat social : Rous-
eau échange ces arguments philosophiques et théologi
ques.
Mais 1& source du système réside dans une
conscience individuelle, et la garantie morale de l'œu vre
est four nie par une vie.
En déplaçant sa création de la
réflexion théorique et de la rêverie romanesque vers la
quête autobiographique, Rousseau obéit à une double
pressio n, externe et interne.
Les polémiques s'aigrissent
et attaquent sa personne, tandis que 1 'e xposé abstrait se retranche
dans les certitudes du moi.
Les douze livres
des Conf essions déroulent l'histoire de sa vie, donnent à
suivre 1' itinéraire d'une conscience , mais fournissent de
nouveaux prétextes à ses calomniateurs.
Aussi aban
donne-t-il cette rédaction pour s'interroger sur la possi
bilité même de la communication avec autrui : ce sont
les trois Dialogues (Rousseau juge de Jean-Jacques).
Les Rêveries du promeneur solitaire enfin renoncent au
dialogue.
Elles poursuivent la méd itation sur soi et sur le
temps.
dans la solitude, Je détachement.
Une fois encore,
l'am bition d'une synthèse autobiographique éclate en
dialogues et en promenade s.
Quand Rousseau meurt ,
laissant inachevée la dixième des Rêveries, il a derrièr e
lui une œuvre cohérente et dispersée -pour em prunter
l'im age à René Char: «une œuvre en archipel >>.
Lumières et religion
A la difficulté de Rousseau pour trouver un lieu de
référence répondent les hésitations des critiques et des
historiens, qui tantôt l'intègrent au mou vement philoso
phique du siècle , tantôt 1' en isolent pour en faire le repré
se ntant d'un renouveau spiritualiste ou l'anno nciateur du
romantisme.
Pourtant, l'intérêt de l'ho mme et de son
œuvre est d'interdire les simpl ifications.
Avec les Philo
sop hes des Lumières, il affirme sa foi dans l'homme :
aucun péché originel ne pèse sur lui, le cœur et la raison
lui sont donnés pour faire son bonheu r.
Ma is il se sépare
d'eux et retrouve le schéma religieux de la chute quand
il refuse d'assimiler nature humaine et progrè s éco nomi
que: quand il considère , au contraire , comme une dégra
dation continue le développement de la société fondée
sur la propriété privée.
Dans le cadre général de l'opti
misme anthropologique des Lumières, il intmduit un
pessimisme social qui dénonce les illusions des PhjJos o
phes.
Une société où l'hom me exploite son semblable
interdit tout rapport véritable entre les individus.
Chacun
est déchiré entre l'être et le paraître.
Toute inventio n qui
fo urnit à l'ho mme un moyen nouveau pour se libérer
devient source d'asser vissement.
La nature n'est pas ce
lib re échange des êtres et des marchandises au nom
duquel les Phil osop hes luttent contre 1 'o rdre féodal et
œuvrent pour l'instauration de ce qui sera la société
bourgeoise du XIX< siècle.
Elle est une exigence inté
rieure de transparence qui s'oppose aux masques et aux
me nsonges : c'est le modèle idéal d'une collectivité
différente.
A professer ainsi sa con fiance dans 1 'h omme et sa
méfiance de la société , Rousseau se heurte de front à
deux ennemis : le clergé des religions établies et la cote
rie philos ophique.
Il se refuse à confondre Dieu avec Je
dogme des Églises ou Je bonheur avec le développement
prôné par les encyclopédistes.
La nécessité d'un culte
lui semble une nouvelle marque de notre dépravation.
L'homme de la nature n'a pas à adorer Dieu, il vit en
harmonie avec le mo nde, son existence est en elle-même
action de grâce.
L'enfant ne connaît pas plus Dieu, et le
précepteur se garde d'en parler à Émile avant l'adoles
cen ce.
C'est parce qu'il est désaccordé d'avec la nature,
qu'il a perdu le contact immédiat avec le divin, que
l'ho mme social prie et institutio nnalise sa foi.
Le rituel
et le dogme deviennent nécessaires, mai s de moyens ils
ne doivent pas être érigés en buts.
Instrumen ts de la foi,
ils ne doivent pas prendre le pas sur elle.
Rouss eau critique l'intolérance des religions, qui s'ar
rogent l'exclusivité de la vérité.
Les religions sont pour
lui des inventions humaines, et l'e ssentiel se trouve au
delà.
dans le lien direct établi par chacun avec la divinité.
Cette religion naturelle est combattue par les autorités
cath olique s, mais aussi par les représen tants officiels du
protestantisme qui a nourri Rousseau.
Les uns et les.
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