Rose
Publié le 20/04/2014
Extrait du document
«
antithèse avec l'énumération péjorative de la troisième strophe : les parties du corps-moins nobles- sont cette
fois associées à des termes dévalorisants (« ride véloce »/ »pesante graisse »/ »menton triplé »/ »muscle
avachi ») qui traduisent la déformation du corps due à l'âge.
On peut penser à Ronsard, quand il évoque
Hélène à travers l'expression « vieille accroupie »...
Enfin, la tradition de Ronsard est particulièrement reconnaissable dans ce poème, à travers des citations
directes de celui-ci : « allons cueille cueille/les roses les roses/roses de la vie » renvoie à « Cueillez, cueillez
votre jeunesse » qui se trouve dans le célèbre poème de Ronsard « Mignonne, allons voir si la rose... »,
puisqu'on y retrouve même la répétition du verbe cueillir à l'impératif.
De même dans « Quand vous serez bien
vieille », on trouve la formule très proche : « Cueillez dés aujourd'huy les roses de la vie. » C'est une
traduction de la métaphore du poète latin Horace « carpe diem », qui signifie « Cueille le jour », elle-même
reprenant les principes des philosophes épicuriens, préconisant le fait de profiter de l'instant présent.
Les
roses, qui sont un motif essentiel de la poésie de Ronsard apparaissent plusieurs fois dans « Si tu t'imagines
» ; dans la deuxième strophe il est question de « ton teint de rose » qui peut évoquer assez directement «
Mignonne, allons voir ... », où on trouve le vers « Et son teint au votre pareil », se référant à la rose.
Dans la
dernière strophe la métaphore liée aux « roses de la vie » est filée ; Queneau la développe : « que leurs
pétales/soient la mer étale/ de tous les bonheurs ».
On a donc pu constater que le poème de Queneau s'inscrit dans la droite file des poèmes du « carpe diem » et
qu'il insiste même sur ses liens avec Ronsard.
Cependant, on peut dire aussi qu'il renouvelle profondément ce
genre poétique, puisqu'il mêle au thème tragique de la fuite du temps un registre comique étonnant et
novateur.[F5]
En effet, plusieurs éléments contribuent à cette transformation comique de la tradition : le vocabulaire, le
rythme, le mélange des tons...[F6]
Tout d'abord, à la première lecture, on ne peut qu'être surpris par le registre de vocabulaire parfois familier de
Queneau.
Il tutoie sa muse, l'interpelle au moyen d'un diminutif, alors que Ronsard a toujours vouvoyé sa
muse.
Le refrain qui intervient à la fin de chaque strophe : « ce que tu te goures » est très familier : comme il.
»
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