RONSARD IMITATEUR DES ANCIENS
Publié le 15/02/2011
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Introduction « Ly doncques, et rely premièrement, ô poète futur, feuillette de main nocturne et journelle les exemplaires ( — modèles) grecs et latins... « : tel est le mot d'ordre des poètes de la Pléiade, lecteurs passionnés et admirateurs enthousiastes de l'Antiquité. Ainsi Ronsard prend aux Anciens (Homère, Hésiode, Pindare, Anacréon, Virgile, Horace, Ovide, Ausone...) leurs vocables, leurs tours poétiques, leurs genres, leurs légendes, leurs rites, et leur âme parfois. Mais sous une telle érudition le génie personnel ne risquait-il pas d'être étouffé ? Ronsard a-t-il toujours fait preuve d'assez de goût pour dominer, voire pour manier adroitement ses connaissances livresques ?

«
nous retrouvons l'ampleur du souffle et la sonorité latines qu'ignoraient Villon ou Marot.
A Pindare il prend descomparaisons magnifiques, des figures de style hardies, son ton triomphal.
Comme un qui prend une coupe,
Seul honneur de son trésor
Et de rang verse à la troupe
Du vin qui rit dedans l'or,
Ainsi, versant la rosée
Dont ma langue est arrosée
Sur la race de Valois,
En son doux nectar j'abreuve
Le plus grand roi qui se treuve
Soit en armes ou en lois.
(Ode pindarique au roi Henri II.
Ed.
Lar.
t.
I p.
13).
Son sens de la beauté le pousse à orner sa fontaine Bellerie de gracieuses divinités.
Les dieux majestueux del'Olympe ou de la mer lui permettent une déclaration d'amour en grand style :
Si j'étais Jupiter, Sinope, vous seriez
Mon épouse Junon.
Si j'étais roi des ondes
Vous seriez ma Thétis, reine des eaux profondes,
Et pour votre maison l'Océan vous auriez.
Sensible aux consonances dures de certains noms propres, à la force expressive de l'épithète de nature et aumystère des légendes mythologiques, il recrée une atmosphère infernale étrange — comme, plus tard, Racine le feradans Phèdre — :
...Et que tu crains le Chien à trois voix aboyant
Et les eaux de Tantale et le roc de Sisyphe
Et des cruelles sœurs l'abominable griffe.
Citons enfin ces vers où Ronsard « fantastique d'esprit », c'est-à-dire visionnaire, renouvelle puissamment desscènes de la nature.
Dans l'Elégie contre les Bûcherons de la forêt de Gastine, pour déplorer la disparition dumystère des bois, il dit :
...(et) haletants d'effroi, Ni Satyres, ni Pans ne viendront plus chez toi.
Dans sa Réponse aux Ministres...
de Genève Ronsard proclame :
« Les poètes gaillards ( = à l'inspiration puissante) ont artifice à part.
»
Ronsard sent, en poète, que ces « vestiges de rare et antique érudition » sont des éléments de grand art.
3.
— Dans ses pièces du lyrisme gracieux
qui ont la réputation d'être plus simples, Ronsard a beaucoup imité.
Mais l'épicurisme étant l'une des dominantes deson tempérament, ii se trouve que, quand il imite des poètes épicuriens eux aussi comme Anacréon, Horace, ouAusone, il est au moins sincère — et il n'y a pas de lyrisme sans impression de sincérité ! — De plus, comme lestempéraments ne sont jamais tout à fait semblables, le poète français peut varier de façon personnelle sur le thèmequi lui est offert.
Ainsi pour l'ode Ma douce jouvence est passée..., le modèle : Anacréon, est simplementmélancolique : « Déjà grisonnent mes tempes ; ma tête est chenue ; l'attrayante jeunesse n'est plus là ; mes dentssont vieilles...
Il ne me reste plus grand temps pour goûter aux plaisirs de la vie...
Aussi je sanglote souventredoutant le Tartare, etc...
» — Ronsard éprouve le même sentiment de la fuite du temps, mais plus intensément.
Ala mélancolie s'ajoutent le désespoir, puis l'hallucination.
Parallèlement le réalisme du style se fait plus brutal..
»
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