Roméo et Juliette, William Shakespeare: Quelles sont les manifestations du lyrisme dans Roméo et Juliette et quelles fonctions occupe ce registre dans la tragédie ?

Le lyrisme de la tragédie atteint son paroxysme dans les deux monologues du dénouement. La rencontre avec la mort devient en effet le lieu de l’expression la plus élevée du sentiment. Éros et Thanatos entrent en conflit et en symbiose dans les mots. Mais le lyrisme n’est-il pas justement le seul moyen pour exorciser l’horreur de la mort ? Le lyrisme serait alors le porte-parole d’une dramaturgie de l’émotion contre la violence. L’abondance des hyperboles, des modalités exclamatives, les variations métaphoriques sur le thème du cadavre confèrent au lyrisme une profondeur métaphysique qui permet de dépasser la terreur de la mort ; ainsi s’exprime Roméo au moment de mourir : « Viens, guide amer, viens, répugnant nocher, / Pilote désespéré, précipite à présent / Sur les rocs écumants ta barque fatiguée, malade de la mer. / Je bois à mon amour ! « (V, 3, p. 171). Force est de constater que le lyrisme se construit autour de la dialectique Éros/Thanatos qui trouve dans ces vers sa plus haute expressivité.