(Roméo et Juliette, Shakespeare) Etude de texte : « La scène du balcon » (acte II, scène 2)

l’amour, et ce que l'amour peut faire, l’amour ose le tenter ; voilà pourquoi tes parents ne sont pa* un obstacle pour moi », répondent l’inquiétude puis la pudeur et la simplicité de Juliette : « Tu sais que le masque de la nuit est sur mon visage ; sans cela, tu verrais une virginale couleur colorer ma joue, quand je songe aux paroles que tu m’as entendu dire cette nuit », et surtout sa sincérité. Juliette montre en effet un registre plus large de sentiments.

 Ils multiplient en effet les images lyriques et les champs lexicaux traditionnels du discours amoureux précieux, comme les astres ou la religion - quand Roméo parle de Juliette : « Car tu rayonnes dans cette nuit, au-dessus de ma tête, comme le messager ailé du ciel... » - et la nature (fleur, mer, oiseau) quand Juliette parle de l’amour de Roméo. D’autre part, Roméo se demande s’il rêve et il croit à une illusion pour traduire ce qu’il ressent face à ce bonheur si nouveau ; quant à Juliette, elle craint l’inconstance des sentiments de Roméo : « Oh ! ne jure pas par la lune, l’inconstante lune dont le disque change chaque mois, de peur que ton amour ne devienne aussi variable ! », ce qui constitue des thèmes caractéristiques du baroque. Enfin cette scène joue sur les ressorts du « théâtre dans le théâtre », procédé totalement baroque : les personnages se mettent en scène l’un l’autre grâce au décor et par le jeu des perceptions sensorielles - la vue et l’ouïe - ils sont alternativement acteurs et spectateurs, et les apparitions et disparitions de Juliette à sa fenêtre, ponctuées par les appels de la nourrice, sont autant de jeux de scène du spectacle qu’ils se donnent.