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Rome et l'Orient dans Bérénice de Racine

Publié le 14/03/2020

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- L'Orient ou la solitude/Rome ou l'impossible solitude

Si Bérénice est, en Orient, destinée à la solitude, à Rome le malheur de Titus et de Bérénice tient principalement à ce que les amants ne peuvent être seuls : Rome, ou l'intimité interdite à l'amour. Quand la pièce commence, Titus est retenu depuis huits jours loin de sa maîtresse par la pompe officielle des funérailles de Vespasien (v. 153-154). Et déjà le peuple, aux portes du palais, attend impatiemment le départ de Bérénice (v. 1220). La scène 8 de l'acte IV est à cet égard la plus révélatrice : le nouvel empereur ne dispose pas d'une minute pour passer dans l'appartement de Bérénice au désespoir; le palais est comme assiégé par les tribuns, les consuls, et tous les personnages qui réclament l'empereur et exigent le renvoi de sa maîtresse (v. 1241). Rome est comme une rivale de Bérénice, rivale exigeante dont le nom est présent dans toutes les tirades de Titus, et qui interdit le bonheur privé de son empereur !

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« ROME ET LA JUDÉE Titus et la reine Bérénice se sont rencontrés lorsque Titus, qui n'était pas encore empereur, est venu écraser la rébellion populaire des Juifs de Jérusalem contre la domination romaine.

Il s'est illustré par son audace, que Racine men­ tionne (v.

218); mais il a également fait preuve d'une cruauté sans égale.

Les historiens voient même dans la répression romaine, qui fit plusieurs centaines de milliers de morts, un véritable génocide.

Les vers pleins d'emphase conventionnelle par lesquels Antiochus évoque la victoire de Titus ne le laissent guère soupçonner: Il dompta les mutins, reste pâle et sanglant Des flammes, de la faim, des fureurs intestines, Et laissa leurs remparts cachés sous leurs ruines.

(v.

230-233).

C'est donc sous le signe du vengeur terrible de l'autorité romaine que Titus apparaît dans le royaume de Bérénice.

Écoutons encore Antiochus : Il parut devant vous dans tout l'éclat d'un homme Oui porte entre ses mains la vengeance de Rome.

(v.

195-196).

Ces deux vers peuvent indiquer chez Bérénice un senti­ ment mélangé, fait d'admiration et d'effroi, face à Titus.

Certes, la révolte de Jérusalem menaçait autant la dynastie de Bérénice que le pouvoir romain.

Mais, psychologique­ ment, il n'est pas sans importance pour notre tragédie que l'échec amoureux ait pour arrière-plan historique l'anéantis­ sement d'un peuple par l'amant de Bérénice.

Il y a là comme une fatalité de l'impossible alliance de Rome et de l'Orient: la loi romaine triomphe toujours des forces de l'amour (Bérénice) comme des forces spirituelles (la liberté religieuse des Juifs de Jérusalem).

Nous pouvons encore observer un indice net de la main­ mise de Rome sur l'Orient à travers notre tragédie: Titus manifeste sa générosité envers Bérénice et Antiochus en agrandissant leurs royaumes respectifs par l'ajout de pro­ vinces déjà sujettes de Rome (pour Bérénice, v.

173-177;. »

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