ROLAND Mme : sa vie et son oeuvre
Publié le 01/12/2018
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ROLAND Mme, née Jeanne-Marie (dite Manon) Phli-pon, dame Roland de La Platière (1754-1793). Publiciste et femme de lettres née à Paris. Fille d’un graveur en orfèvrerie, elle acquit très jeune une solide culture classique, lisant à huit ans les Vies de Plutarque, le Télémaque de Fénelon, la Jérusalem du Tasse. « J’avais au logis maîtres d’écriture, de géographie, de danse et de musique » (Mémoires), luxe accessible à la fille d’un maître artisan parisien. Sensible, imaginative, elle traverse une crise mystique (1765), mais la lecture critique des apologistes chrétiens, dont Bossuet, dénonce à ses yeux un dogme qui « défie la raison », l’oriente vers les « philosophes » et vers une religion du cœur fondée sur l’affectivité, le sentiment de la nature (un athée est quelqu’un à qui « il manque un sens ») et l’espoir intime d’une rémunération future. Initiation intellectuelle parmi d’autres, qui rythment une vie assez solitaire, consacrée aux livres et aux promenades campagnardes : cette « fille accomplie de Jean-Jacques » (Lucien Febvre) raconte dans ses Mémoires sa découverte de la sexualité en des termes qui rappellent, voire pastichent les Confessions (« Me voilà donc pénitente avant d’avoir été pécheresse ») et choqueront fort Sainte-Beuve. Elle fait aussi l’expérience décevante de la mondanité : celle de la Cour, avec ce Versailles stupéfiant où un archevêque habite une soupente « pour être à portée de ramper chaque matin au lever des Majestés »; celle des nobles, qui la traitent de haut; des riches, qui la font dîner à l’office, où les femmes de chambre, « déités du second ordre », singent leurs maîtresses, dont elles portent « les dépouilles encore fraîches »; des autres bourgeois, qui jouent les beaux esprits en conviant « force petits poètes ».
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d'une rémunération future.
Initiation intellectuelle parmi
d'autres, qui rythment une vie assez solitaire, consacrée
aux livres et aux promenades campagnardes : cette « fille
accomplie de Jean-Jacques » (Lucien Febvre) raconte
dans ses Mémoires sa découverte de la sexualité en des
termes qui rappellent, voire pastichent les Confessions
(«Me voilà donc pénitente avant d'avoir été péche
resse ») et choqueront fort Sainte-Beuve.
Elle fait aussi
l'expérience décevante de la mondanité : celle de la
Cour, avec ce Versailles stupéfiant où un archevêque
habite une soupente «pour être à portée de ramper cha
que matin au lever des Majestés »; celle des nobles, qui
la traitent de haut; des riches, qui la font dîner à l'office,
où les femmes de chambre, «déités du second ordre»,
singent leurs maîtresses, dont elles portent « les dépouil
les encore fraîches >>; des autres bourgeois, qui jouent les
beaux esprits en conviant «force petits poètes ».
D'où un sentiment aigu des ridicules du monde, de
l'injustice sociale et de sa propre marginalité, redoublée
par la lecture tardive de Rousseau.
Jeune fille, sa culture
et son ambition dépassent celles de son sexe et de sa
classe.
En 1777, son discours pour 1' académie de Besan
çon, Commertt l'éducation des femmes pourrait contri
buer à rendre les hommes meilleurs, inspiré du Dis c o u rs
sur l'inégalilé, affirme le rôle civilisateur de la femme,
dont l'autonomie est le moteur du progrès collectif et
permet d'éviter cette «rouille de barbarie» qui couvre
les sociétés musulmanes.
En 1780, elle épouse l'adminis
trateur et publiciste bourguignon Jean-Marie Roland de
La Platière, de vingt ans son aîné, se lie avec Brissot,
avec le naturaliste Bosc, s'enthousiasme pour les idées
nouvelles.
Résidant à Lyon en 1789, elle donne des arti
cles aux journaux, dont le Patriote français.
A Paris,
en 1791, son salon, où paraît Robespierre, est un foyer
d'agitation républicaine; son mari devient ministre de
l'Intérieur ( 1791-1793, avec une interruption), et, après
Varennes, elle réclame la déchéance du roi.
A partir de
1792, son effroi devant les massacres de Septembre, sa
haine maladroite à l'égard de Danton, son activisme pro
girondin à la tête du Bureau de l'esprit public, les fautes
politiques de Roland la disqualifient peu à peu.
Arrêtée
en juin 1793, elle consacre sa détention à écrire ses
Mémoires (divisés en plusieurs rubriques : « Notices his
toriques », ((Mes dernières pensées »,.
»
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