« Roland Barthes a pu dire de Voltaire qu'll avait donné au combat de la raison « l'allure d'une fête ». Dans quelle mesure peut-on appliquer cette formule au théâtre de Beaumarchais ? »
Publié le 24/01/2012
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On peut aussi citer la réplique de Figaro, mise en relief par les deux antithèses et le
parallélisme : « Indulgente aux grands, dure aux petits » (Acte III, Scène V).
Les charges
s’achetaient, la justice manquait d’éthique, de professionnalisme.
Beaumarchais brosse donc
un tableau très satirique, très sombre aussi de l’institution judiciaire au XVIIIe siècle.
Dans cette comédie, Beaumarchais se fait l’avocat des femmes :
« M
ARCELINE , exaltée : […] traitées en mineures pour nos biens, punies en majeures pour nos
fautes ! » (Acte III, Scène XVI).
Ses propos révolutionnaires contre l’aliénation des femmes, la privation de droits ont fait
scandale.
En effet, tout un passage du Mariage de Figaro évoquant la condition désastreuse
des femmes au XVIIIe siècle a été retranché par les Comédiens -Français lors de la première
représentation.
Tout au long de l’œuvre Beaumarchais nous présente des femmes qui sont
prises pour des objets, des instruments.
Par exemple, Suzanne est achetée par le comte comme
une marchandise, un objet de consommation :
« S UZANNE : Tu croyais, bon garçon ! que cette dot qu’on me donne était pour les beaux yeux
de ton mérite ? » (Ac te I, Scène I).
On peut également noter la réplique de Marceline : « […] les jouets de vos passions […] »
(Acte III, Scène XVI).
Le dramaturge prend soin de nous montrer que ce combat conte l’aliénation des femmes
traverse toutes les classes sociales.
En effet, on remarque cette même servitude chez les
nobles :
« M
ARCELINE , exaltée : Dans les rangs même les plus élevés, les femmes n’obtiennent de
vous qu’une considération dérisoire […] » (Acte III, Scène XVI).
Cependant les inégalités s’aggravent pour les jeunes filles pauvres.
L’échange amoureux se
transforme alors en échange marchand :
« M
ARCELINE , s’échauffant par degrés : […] les séducteurs nous assiègent, pendant que la
misère nous poignarde » (Acte III, Scène XVI).
Ce vocabulaire militaire employé par Beaumarchais permet de dénoncer la dimension
prostitutionnelle des rapports entre les sexes.
De plus, le dramaturge revendique l’autonomie
financière des femmes qui selon lui est au cœur de la servitude des femmes (« […] un honnête
moyen de subsister […]( Acte III, Scène XVI)).
En défendant les femmes, Beaumarchais est
vraiment en avance sur son temps, surtout si l’on songe au sort des révolutionnaires
accordaient aux féministes de l’époque (voir Olympe de Gouges).
Quelques années après les représentations triomphantes du Mariage de Figaro, Danton,
un révolutionnaire, déclare : « Figaro a tué la noblesse ».
En effet, on remarque Beaumarchais.
»
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