RIVIÈRE Jacques : sa vie et son oeuvre
Publié le 01/12/2018
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RIVIÈRE Jacques (1886-1925). L’œuvre, le rôle et la personnalité de Jacques Rivière n’ont pas été jusqu’à présent suffisamment étudiés, et il est encore difficile d’apprécier, malgré quelques travaux récents, l’influence qu’il a su exercer sur l’évolution de la littérature française depuis l’époque qui précède immédiatement la Première Guerre mondiale jusqu’à sa mort à trente-neuf ans — due à une fièvre typhoïde —, alors qu’il était directeur de la Nouvelle Revue française.
La chance de Rivière fut d’avoir échoué successivement au concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure (tout en se liant, en khâgne, au lycée Lakanal, avec le futur Alain-Fournier, dont il devait en 1909 épouser la sœur, Isabelle) et à l’agrégation, ce qui lui évitait une carrière de professeur. Sa chance fut aussi d’avoir très tôt fait les rencontres qui allaient lui permettre de s’intégrer à ce monde des lettres dont il devint vite l’une des figures dominantes. C’est à Bordeaux, sa ville natale, que Rivière, grâce à Gabriel Frizeau, riche collectionneur local qu’il connut en 1906, s’initia à la peinture, et qu’il put, en particulier, admirer les toiles de Gauguin, d’Odilon Redon, de Vlaminck ou d’André Lhote (qu’il devait recruter en 1919 pour tenir la rubrique « peinture » de la Nouvelle Revue française). Il est essentiel, pour comprendre la réflexion esthétique de Rivière et ses positions en littérature, de ne pas oublier que son goût le porte vers tous les domaines de l’art, et surtout vers la peinture et la musique. C’est chez Frizeau également que Rivière rencontra Francis Jammes (camarade de lycée de Frizeau), Alexis Léger, frais débarqué de la Guadeloupe, François Mauriac, ainsi que les deux hommes qui devaient jouer un rôle décisif dans sa vie et l’influencer jusqu’à la guerre : Paul Claudel et André Gide.
Ce n’est pas le moindre mérite de Jacques Rivière que d’avoir su profiter de l’influence de ces deux maîtres sans se laisser étouffer par leurs côtés envahissants, qui, heureusement, se neutralisaient. Entre ses deux patrons, pour lesquels il s’est d’abord enthousiasmé, Rivière a très vite évolué vers une conception personnelle de l’art et de la critique. Ses Études, publiées en 1911 et regroupant les articles qu’il a donnés sur trois écrivains (Baudelaire, Claudel et Gide), six musiciens (Rameau, Bach, Franck, Wagner, Moussorgski et Debussy) et trois peintres (Ingres, Cézanne et Gauguin), font apparaître les qualités de la critique telle que la conçoit Rivière :
«
furent
reprises en 1926 dans Quelques progrès dans
l'étude du cœur humain.
Si l'on considère en outre la nouveauté de son Rim
baud (édité en 1977 à partir de textes publiés de 1905 à
1925), si l'on observe comment il a su comprendre la
crise de civilisation qui a suivi la Grande Guerre, à tra
vers la polémique qui l'a opposé aux surréalistes
( « Reconnaissance à Dada » et >, articles qui furent repris dans les Nouvelles
Etudes en 1947), alors on mesurera l'importance d'un
homme qui a eu le mérite d'être un témoin lucide de la
vie intellectuelle de son époque et qui a su faire prendre
à la Nouvelle Revue française les orientations qui
allaient la conduire au succès que l'on sait.
[Voir aussi
NOUVELLE REVUE FRANÇAISE).
BIBLIOGRAPHIE On trouve une bibliographie complète de Jacques Rivière à la
fin du n° 3 des Cahiers du xX' siècle, Paris, Klincksieck, 1975,
intitulé :.
»
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