Rivarol écrit dans le « Discours sur l'universalité de la langue française. » : « Ce qui n’est pas clair n’est pas français.
Publié le 08/02/2016
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A la discipline classique et au travail de nos écrivains, qui, suivant les préceptes codifiés, mais non inventés par Boileau subordonnent tout au bon sens et à la raison. D’Alembert prétend même qu’aucune langue, sans exception, n'est plus sujette à l'obscurité que la nôtre et ne demande dans ceux qui en font l'usage plus de précautions minutieuses pour être entendus. Mais que cela soit dû au génie même de la langue ou à celui de nos écrivains, il est certain qu’au xviiie siècle, on n’écrit que pour être entendu, et non pour se libérer et exprimer les mouvements désordonnés de son âme. Ce qui n’est pas clair n’est pas français.
«
156
StJJtTS GNRAtJX ET PENSÉES
dirc1, comme s'il était toute raison.
»
Fénelon s'était moqué d
la monotonie de la construction française
On voit toujours
venir d'abord un nominatif substantif qui mène son adjectif
comme par la main; son verbe ne manque pas de marcher de,-
Fière, suivi d'un adverbe qui ne souffre rien entre eux, e€ le
régime appelle aussitôt un accusatif, qui ne peut jamais se
dplacer'.
Grâce aux désinences et aux inversions, les autres
langues peuvent suivre l'ordre des sensations et des sentiments;
la nôtre suit nécessairement l'ordre logique;
elle règle et conduit
la pensée.
Inférieur dans la poésie, le français triomphera dans
la prose, qui est le langage de la raison.
2: A la discipline classique et au travail
de nos
écrivains, qui,
suivant les préceptes codifiés, mais non inventés par Boileau
subordonnent tout au bon sens et à la raison.
D'Alembert
prétend même qu'aucune langue, sans exception, n'est plus
suiette
à
l'obscurité que la nôtre et ne demande dans ceux qui en
font l'usage plus de précautions minutieuses pour être entendus".
Mais que cela soit dù au génie même de la langue ou à celui
de nos écrivains, il est certain qu'au
xvlIl
e
siècle, on n'écrit
que pour être entendu, et non pour se libérer et exprimer les
mouvements désordonnés de son âme.
Ce qui n'est pas clair
n'est pas
français.
3.
En est-il encore
de
même maintenant?
La langue française s'est beaucoup modifiée depuis Rousseau
et les Romantiques.
Elle s'est chargée de couleur et de passion.
Elle a voulu exprimer l'individuel et l'inexprimable.
Le voca-
bulaire s'est étendu
mots pittoresques, mots techniques,
empruntés aux arts et aux sciences, etc.
Entre les mains des
poètes, ils sont devenus non plus des signes conventionnels
d'idées abstraites, mais surtout des moyens propres à toucher
directement l'imagination et la sensibilité du lecteur.
La
syntaxe s'est assouplie, suivant la logique du sentiment ou
l'ordre des sensations.
Une nouvelle langue poétique s'est
formée, très riche, très libre, très hardie.
Encore les Roman-
tiques et les Parnassiens ont-ils toujours eu le respect de la
langue.
Mais Mallarmé, Claudel, Valéry? Dirons-nous qu'ils
1.
Lettre à l'Académie, édit.
Cahen (Hachette), p.
65.
2.
Rivarol, édit.
Hervier De1agrave),
p.
90 (note)..
»
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