Rivarol a dit : ''Les proverbes sont le fruit de l'expérience de tous les peuples et comme le bon sens de tous les siècles réduit en formules.'' Cette définition vous satisfait-elle? Et quel correctif seriez-vous tenté d'y apporter?
Publié le 15/02/2012
Extrait du document
Les proverbes sont- appelés "sagesse des nations" parce que ces formules concises, la plupart imagées, semblent, le plus souvent, le fruit de
l'expérience des peuples, l'expression du bon sens collectif. Mais ne sont-ils
pas, parfois, nés de l'ignorance ou des préjugés? On peut se le demander; et s'il est téméraire de se poser en adversaire systématique de leurs conclusions, n'est-il pas prudent de ne pas suivre aveuglément tous leurs avis? C'est ce que nous allons examiner.
«
tites de l'Orient, oft l'imagination pare de splendeur la plus banale des
idees : Soleil, toi sans qui les choses ne seraient que ce qu'elles sont!...
(Rostand).
Chroniqueurs et pates des xne, xne, my' siecles en emaillent
leurs vers et leur prose.
Les romans de chevalerie, les poemes de Villon,
les contes et nouvelles des xve et xve siecles les enchassent comme des
perles.
Marot, Regnier, les Renaissants se soumettent au conseil de Quin-
Mien qui en lone le < caractere de verite universellement reconnu ».
Mais a la fin du xvie siecle on s'occupe plus de les commenter et d'en fixer
l'origine que de les recueillir comme on l'a fait depuis l'invention de l'im-
primerie (Compendium d'Erasme).
Cervantes, dans son don Quichotte, en
les placant a tout propos dans la bouche de Sancho Panca, les discredite
pour longtemps.
C'est que l'on en abusait.
C'est aussi que, de plus en plus,
la tradition &twit battue en breche.
L'esprit cartesien qui domine les xvite et
xviu' siecles, semble en avoir degoilte notre nation.
Mais dep.
Malherbe et
Balzac les avaient proscrits.
Vaugelas leur ferme l'entree du Dictionnaire de
l'Academie.
Ménage et Furetiere ne partagent pas cette antipathie a peu
pres generale.
Aupres d'eux, de grands esprits, refusant de rompre avec
notre vieil esprit gaulois, leur donnent asile dans leurs ouvrages.
Et nous
en savons gre a Moliere, a La Fontaine, a Mme de Sevigne, an Racine des
Plaideurs.
Moins estimes qu'autrefois, peu employes dans les ecrits de nos contemporains, ennemis de ces « truismes » sans originalite, les proverbes
restent neanmoins usites dans, le peuple et ne risquent pas de disparaitre de site-L.
Le lettre aime toujours a les etudier, sinon a les titer, et en tire
encore un profit intellectuel et moral.
Its eclairent l'histoire des idees, car
ils refletent souvent la mentalite d'une époque ou d'une nation; ils ratta- chent nos sentiments personnels a ceux du genre humain,
Le seul fait qu'ils sont universels doit nous mettre en garde contre un
mepris absolu et total.
*
Au reste, it suffit d'en passer quelques-uns en revue pour nous rendre
compte que leurs conclusions n'ont rien, a l'ordinaire, que de tres raison-
nable, qu'il s'agisse de proverbes enoncant un fait, une verite d'experience,
ou de proverbes formant precepte; car ils offrent ce double aspect : ils
constatent, ou ils commandent.
Examinons-en trois de chaque categorie.
A
quelque chose malheur est bon; chat echaude craint l'eau froide; qui ne
salt rien ne doute de rien.
- Trop gratter cuit, trop parler nuit; pierre qui
route n'amasse pas mousse; on prend plus de mouches avec du miel qu'avec
du feel.
Le premier signifle souvent l'infortune apporte a l'homme des avantages
que la prosperite ne lui eat pas procures.
C'est un fait reconnu par les
patens aussi bien que par les chretiens : l'intelligence, le cceur, le corps
aussi parfois, tirent de l'epreuve plus de profit que d'une vie comblee.
Les
grands, les heureux de la terre, comprennent mieux, au temps de l'infor-
tune, leur valeur vraie et leur humaine condition.
Certains, sous les coups
du sort, abdiquent tout orgueil et deplorent leur aveuglement.
La Fontaine,
en vers malicieux, explique comment le sot lui-meme beneficie de ces rudes
lecons : Quand le malheur ne serait bon
Qu'a mettre un sot a la raison,
Toujours serait-ce a juste cause
Qu'on le dit bon a quelque chose.
II eveille aussi la sympathie, la compassion dans les cceurs endurcis par
une longue prosperite :.
»
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