Rhinocéros de Eugène Ionesco : Extrait de « Entre-temps » page 79 à « J'ai eu du mal à avoir les pompiers... » page 83
Publié le 11/08/2012
Extrait du document

Enfin, nous prouverons que les conventions sont en train d'éclater, d'abord en nous penchant sur l'escalier, puis la spécificité de certaines répliques et enfin le franchissement de la barrière entre l'Homme et l'Animal. L'escalier est un symbole majeur. Durant toute la pièce, il se rappellera aux spectateurs. Les protagonistes argumenteront surtout sur sa construction et son matériau premier. Il y a des hésitations et réclamations entre le bois et le métal. Il était vieux et poussiéreux, grinçait. Avec l'arrivée des animaux (Rhinocéros), celui-ci s'effondre et prive ainsi les derniers humains présents dans le bâtiment de sortir. La seule chose qui les reliait avec le monde extérieur vient de disparaître. Avec l'escalier, c'est un vieux monde qui s'écroule. Il est probable que l'auteur l'ait utilisé comme métaphore de la démocratie qui ploie sous la brutalisation de la société, laquelle est atteinte par les idéologies extrêmes. Par ailleurs, l'escalier n'est pas le seul élément qui brise une convention. Le dialogue théâtral est également le siège d'un éclatement certain. En effet, il nous apparaît comme fragmenté. Chaque personnage parle seul, sans réponse apparente. Les répliques se suivent les unes les autres sans qu'on ne leur trouve la moindre cohérence. Elles ne prennent sens que si l'on isole les paroles de tout les personnages séparément. Il faut donc faire un travail d'archéologie et de bricolage, comme s'il fallait traduire cette nouvelle langue dans l'ancienne pour parvenir à en dégager le sens. Ainsi, le dialogue n'est qu'un capharnaüm étrange de son et de bribes de mots qui nous pourraient s'apparenter aux barrissements de M. Boeuf.

«
l'escalier, c'est un vieux monde qui s'écroule.
Il est probable que l'auteur l'ait utilisé comme métaphore de la démocratie qui ploie sous la brutalisation de la société,laquelle est atteinte par les idéologies extrêmes.Par ailleurs, l'escalier n'est pas le seul élément qui brise une convention.
Le dialogue théâtral est également le siège d'un éclatement certain.
En effet, il nous apparaîtcomme fragmenté.
Chaque personnage parle seul, sans réponse apparente.
Les répliques se suivent les unes les autres sans qu'on ne leur trouve la moindre cohérence.Elles ne prennent sens que si l'on isole les paroles de tout les personnages séparément.
Il faut donc faire un travail d'archéologie et de bricolage, comme s'il fallaittraduire cette nouvelle langue dans l'ancienne pour parvenir à en dégager le sens.
Ainsi, le dialogue n'est qu'un capharnaüm étrange de son et de bribes de mots quinous pourraient s'apparenter aux barrissements de M.
Boeuf.Le dernier obstacle entre le monde des animaux et des hommes, l'espèce de barrière invisible qui les séparait semble elle aussi avoir disparu.
M.
Boeuf est animéd'une certaine humanité, notamment au niveau des sentiments.
Il comprend sa femme et paraît lui répondre (« Il barrit tendrement »).
De la même manière, ils'installe une certaine réciprocité dans leurs statut.
L'épouse sait par instinct (rien ne lui permet d'affirmer qu'il s'agit de son mari) qu'elle a devant elle M.
Boeuf.
Elleaccepte l'animalité de son compagnon et la banalise.
Elle ne semble pas préoccupée par cela, elle préfère « rentrer à la maison » avec lui en le chevauchant « telle uneamazone », comme si tout était normal.
La situation est d'autant plus angoisse que ce flou sur la séparation entre l'homme et l'animal menace les personnages.
Dansla rue, une infinité de rhinocéros déambule.
Ils envahissent tout, cassent et détruisent sans que rien ne les arrêtent.
L'espace social est à eux.
Que ce soit par les comiques de mœurs, de caractères, de situation ou de gestes, Rhinocéros s'impose comme un fabuleux divertissement.
L'auteur utilise sespersonnages qui, tantôt sont dans la caricature la plus complète, tantôt à l'opposé de leur stéréotype, tel madame Boeuf qui s'oppose à l'héroïne américaine.
MaisRhinocéros, ce n'est pas que du comique.
Nous avons prouvé que cette pièce révèle aussi un phénomène de société on ne peut plus sérieux : l'animalisation.
EugèneIonesco a voulu expliciter un changement de mentalité de la population dont il a été témoin, l'écroulement des conventions et une crise humaine et sociale qui l'amarqué.
Ainsi, Rhinocéros est aussi une pièce à vocation philosophique sur l'humain et les mouvements de masse, ou comment un être doté de la conscience peutbrusquement changer sa face et rendre maître la part d'animal que nous avons tous en nous ?Beaucoup d'auteurs se sont penchés sur la brutalisation de la société.
Ainsi, Anthony Burgess, dans son Orange mécanique, met en scène Alex, très jeune délinquantdont le principal passe-temps est « l'ultra-violence » qui le pousse, lui et ses « drougies » à violer, piller et saccager.
Là aussi, les conventions éclatent dans unesociété animale sous fond de « Nadsat », argot des jeunes qui fragment les langues russes et anglaise pour mieux les mêler.
De part le reconditionnement d'Alex, quiperd jusqu'à son libre-arbitre, on retrouve de nombreux parallélismes avec l'œuvre de Ionesco.
Même si ces deux livres s'opposent sur la forme, aucun des deux fondsne peut être négligés ou encore simplement catalogué comme absurde ou comique, car la réalité est bien plus profonde et nécessite une réflexion plus poussée surnotre condition et nos valeurs, sur ce qui fait de nous, ou non, des êtres humains à part entière..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Fiche de lecture : RHINOCÉROS d'Eugène Ionesco
- Le monologue de Rhinocéros d'Eugène Ionesco
- Rhinocéros [Eugène Ionesco] - résumé et analyse.
- Rhinocéros [Eugène Ionesco] - Fiche de lecture.
- Fiche de lecture : Rhinocéros de Eugène IONESCO