RETZ (Jean-François Paul de Gondi, cardinal de)
Publié le 21/03/2019
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RETZ (Jean-François Paul de Gondi, cardinal de), homme politique et écrivain français (Montmirail 1613-Paris 1679). Issu d'une famille florentine, dont la fortune avait été faite par Catherine
de Médicis qui appréciait les petits chiens élevés par la grand-mère du futur cardinal, ce surdoué de la rhétorique, de la politique et de la galanterie finit par décevoir tout le monde — sauf les lecteurs de ses Mémoires. Parus en 1717, ils posèrent d'ailleurs aussitôt un problème d'authenticité. Étaient-ils bien du cardinal ? Mais le cardinal était-il bien un politique ?
Le cardinal de Retz a fait son autoportrait en cynique. Peinture irritante que stigmatisent Saint-Simon, Chateaubriand (qui incrimine une lecture viciée de Plutarque : une mauvaise interprétation des Vies parallèles génère non des héros bénéfiques mais des chefs de parti), Tocqueville (Retz avoue son projet d'assassinat de Richelieu, ses dévotions et ses charités hypocrites, de peur de ne pas passer pour un habile conspirateur : ce n'est pas l'amour de la vérité qui le mène, « ce sont les travers de l'esprit qui trahissent involontairement les vices du cœur »).
Retz avait cependant été à bonne école. Son père, Philippe Emmanuel de Gondi, général des galères et sa mère, Marguerite de Silly, avaient donné comme précepteur à leur fils aîné Vincent de Paul : Mme de Gondi avait joué un rôle déterminant dans la mise en route des entreprises charitables du futur saint et son mari, devenu veuf, se retira à l'Oratoire. Le jeune Paul de Gondi, avec l ame la moins ecclésiastique qui fût, voyait « l'archevêché de Paris dans sa maison » (deux Gondi, dont son oncle, avait occupé le siège). Très jeune, il fut pourvu de bénéfices qu'il semblait mériter : tonsuré à dix ans, il fit preuve devant le jésuite chargé d'examiner ses connaissances d'une étonnante capacité en grec et en latin. Élève du collège de Clermont, brillant étudiant en Sorbonne, il se signala aussitôt à Richelieu par ses qualités d'orateur (il emporta la première place à la licence de théologie contre le candidat du cardinal-ministre), la dissipation de ses mœurs (« Je ne pouvais me passer de galanterie ») et son « dangereux esprit ». À dix-huit ans, il avait écrit en effet une Conjuration de Fiesque,
«
qui
préfigure toute sa carrière -avoir
le pouvoir, l'app la udiss em en t du public,
se placer au-delà de la morale - et so n
échec : Retz ne sera qu'un perpétuel
opposant, sa démagogie se retournera
co ntre lui, ses mobiles seront percés à
j o ur.
Et sa conversion finale sera inter
prétée comme une pirouette de plu s
(«Le cardinal s'en va en Paradis par
chez Mm• de Bracciano >> ; « Il s'étai t fait
le familier de Dieu, comme en sa jeu
nesse il avait serré la main des quarte
niers de Paris »).
Pourtant, Retz avait encombré l'hori
zon politique : trop jeune, malgré sa
participation au complot du comte de
Soissons {1641), pour être un anti
Richelieu (il devient cependant dès 1643
coadjuteur de l'archevêque de Paris avec
le titre d'archevêque de Corinthe in
partibus).
il se voulut un anti-M azarin .
L'enjeu était doub le : conquérir le pou
voir.
s'insinuer dans les bonnes grâces
de la rége nte.
La Fronde parlementaire
et celle des princes (1648-1652) lui
fournissent l'occasion de jouer un rôle
de premier plan.
Au centre de toutes les
intrigues, Retz sert successivement tous
les partis au gré de ses intérêts.
Après
la fuite de la Cour à Saint-Germain (janv.
1649), il anime la résistance parisienne
et combat avec son clergé à la téte du
« régiment de Corinthe >>, levé par lui.
Après la paix de Rueil, signée malgré lui
{mars 1649), il se rapp roc he de Mazarin
{1650), puis, retou rnan t à Condé, fait
l'union des deux frondes, contribue à
l'exil du ministre (févr.
1651).
se brouille
de nouveau avec les princes.
Cardinal
(1652), mais toujours insatisfait, il ne
c e ss e d'intriguer.
et Louis XIV le fait
arrêter au Louvre (d éc .
1652) et conduire
au chateau de Vincennes.
Prisonnier,
Retz devient archevêque de Paris {mars
1654) à la mort de son oncle, mais
accepte de se démettre de ses fonctions.
Transféré au château de Nantes.
il
s'évade et, après de périlleuses pérégri
nations, se réfugie à Rome auprès
d'Innocent X {fin 1654).
Réclamé par ses
vicaires généraux et ses curés, il reprend
son titre d'archevêque de Paris, et brave
l'autorité royale en soutenant les jansé
nistes et en adressant des mandements à
son clerg é.
Mais, sur l'intervention de
Hugues de Lionne, le pape Alexandre VII
l 'o b lig e à quitter Rome (1656).
Retz fuit
en Franche-Comté, puis en Allemagne et
en Hollande.
À la mort de Mazarin, il
c h erch e à rentrer à Paris (1661 1 ma is le
roi l'exile dans son abbaye de Commer
cy.
Pour obtenir le pardon de Louis XIV
(qui le ch ar ge de missions diplomatiques
secondaires).
Retz dé m is s io nne d.e l'ar
chevêché de Paris {1662) et reçoit l'ab
baye de Saint-Denis (il y ser a enterré de
nuit sous une dalle sans inscription}.
Retz étonna encore ses contempo
rains : il paya ses dettes, voulut démis
sionner du cardi nal at et se retirer à la
Trappe (Rancé l'en dissuada).
Mme de
Sévigné, fidèle amie, s'employait à
> ( « Cor
neille lui a lu une pièce qui sera jouée
dans quelque temps ...
Molière lui lira
samedi Trissotin, qui est une fort plai
sante chose.
Despréaux lui donnera son
Lutrin ct l'Art poétique ...
»).
Catilina,
comme dira Voltaire, finissait en Atticus.
En réalité, la plume à la main, il
in spe ctait les lambeaux de ce qu'il avait
été pour se reconnaître : or il avait été
lui-même non pas dans l'action.
mais
dans ces .
Il se regardait faire de la
politique.
Une même « ironie >> tran s pa
rait dans la relation des épisodes plus ou
moins glorieux de son exi sten ce tumul
tueuse : ainsi, lorsqu'il oblige le prince
de Condé à recevoir sa bénédiction en
pleine rue ; quand le duc de La Rochefou
cauld lui coince la tête en tre deux portes
et qu'il s'attend à être lardé par les
partisans des Princes ; quand il prêc he
devant le roi et qu'il subjugue l'assis
tance.
alors que.
rongé par le mal
r a pp orté de ses escap ad es nocturnes
auprès des belles frondeuses, il s'agrippe
à la chaire.
César plus soucieux de ses
> que de la conquête du.
»
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