Retour à Tipasa: Albert CAMUS, l'Été
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
Devant tant de douceur, d'équilibre, de beauté, Camus est reconverti.
II renaît.
Il semble se réveiller et, denouveau, sentir, voir, des êtres et des choses jadis connues de lui (« remettre », « re-connaître », « re-venir »).
Ilredevient celui que les dieux ont investi du don de percevoir les correspondances, celui qui peut utiliser tous sessens pour déchiffrer le message de la vie.Il redécouvre les bruits : « la basse continue des oiseaux », « les soupirs légers et brefs de la mer au pied desrochers ».
Ces chants qui n'avaient jamais cessé d'exister sont à nouveau entendus et compris, et Camus reste toutébloui du soleil qui luit trop, comme de ces sonorités subtiles qui, d'un coup, en même temps que son cœur s'estremis à battre, s'engouffrent en lui.
Il ferme les yeux, peut-être, pour mieux saisir et apprécier les musiques infimes,délicates auxquelles il a désormais accès : « la vibration des arbres », « le froissement des absinthes » et « leslézards furtifs ».
Mais ce qui montre le mieux que la sensualité se trouve multipliée, c'est que l'auteur entend « lechant aveugle des colonnes ».
Le monde minéral, doué de vie et d'expression, livre son histoire, par delà les siècles,au-delà des regards, par l'exercice d'une synesthésie particulièrement aiguisée.Le bonheur est retrouvé.
Camus revit, et pour longtemps.
Il le veut croire : la dernière phrase, solide comme l'espoir,développe cette certitude.
La vigueur entre en lui par vagues, comme une sève ; « des flots heureux » lesubmergent, comme venus de la mer, en bas.Toutefois, Camus joue sur l'ambiguïté instant/durée.
Dans ce lieu magnifique, il a senti que « des années de fureuret de nuit fondaient lentement », comme neige au soleil.
La douceur des sonorités employées (Z, F, L) rend biencompte d'une détente, de l'évanouissement de toutes les tensions.
Jadis, il y a longtemps maintenant, il a vécu lemal, le mauvais de la vie.
Désormais il a atteint son but, son point d'attache, son « port ».
Il relâche, il fait escale.
Ilse laisse récompenser, consoler, par une exaltation rayonnante, mais la gloire de ce jour est « fragile ».
Et si cebonheur retrouvé ne durait qu'un instant ?
***
Camus s'est transformé en poète de la nature sous l'effet de la magie de Tipasa.
Il a réussi à fixer le bonheur sur lapage.
Inaccessible, intangible, indicible, ce bonheur est pourtant concrétisé.Dans ces mêmes essais, réunis dans L'Été, Camus écrivait : « Quand une fois on a eu la chance d'aimer fortement,la vie se passe à chercher de nouveau cette ardeur et cette lumière ».
Quel privilège que de pouvoir, au moins, fixerle souvenir par l'écriture, comme par une sorte d'instantané de l'âme....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Albert Camus, Noces à Tipasa
- Albert CAMUS « Retour à Tipasa » (L'Été)
- L'homme révolté d'albert Camus
- commentaire la famille Albert camus - Le Premier homme
- L'Etranger d'Albert Camus (présentation de l'euvre: personnages, résumé, thèmes)