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Résumez ou analysez à votre choix cette page de Diderot ; dégagez-en un problème qui vous paraît digne d'intérêt et commentez-le.

Publié le 16/02/2011

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   Si le peuple n'avait jamais eu qu'un genre de spectacle, plaisant et gai, et qu'on lui en proposât un autre, sérieux et touchant, sauriez-vous, mon ami, ce qu'il en penserait ? Je me trompe fort, ou les hommes de sens, après en avoir conçu la possibilité, ne manqueraient pas de dire : « A quoi bon ce genre ? La vie ne nous apporte-t-elle pas assez de peines réelles, sans qu'on nous en fasse encore d'imaginaires ? Pourquoi donner entrée à la tristesse jusque dans nos amusements ? « Ils parleraient comme des gens étrangers au plaisir de s'attendrir et de répandre des larmes.    L'habitude nous captive. Un homme a-t-il paru avec une étincelle de génie ? A-t-il produit quelque ouvrage ? D'abord il étonne et partage les esprits ; peu à peu il les réunit ; bientôt il est suivi d'une foule d'imitateurs ; les modèles se multiplient, on accumule les observations, on pose des règles, l'art naît, on fixe ses limites ; et l'on prononce que tout ce qui n'est pas compris dans l'enceinte étroite qu'on a tracée, est bizarre et mauvaise : ce sont les colonnes d'Hercule ; on n'ira point au-delà sans s'égarer.    Mais rien ne prévaut contre le vrai. Le mauvais passe, malgré l'éloge de l'imbécilité ; et le bon reste, malgré l'indécision de l'ignorance et la clameur de l'envie. Ce qu'il y a de fâcheux, c'est que les hommes n'obtiennent justice que quand ils ne sont plus. Ce n'est qu'après qu'on a tourmenté leur vie, qu'on jette sur leurs tombeaux quelques fleurs inodores. Que faire donc ? Se reposer, ou subir une loi à laquelle de meilleurs que nous ont été soumis. Malheur à celui qui s'occupe, si son travail n'est pas la source de ses instants les plus doux, et s'il ne sait pas se contenter de peu de suffrages !    Diderot, De la poésie dramatique

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« La montée de l'esprit bourgeois oblige l'œuvre dramatique à s'engager dans une nouvelle direction : le drame.

Avantque Diderot n'en écrive les principes (dans De la Poésie Dramatique) et les applications : Le Fils Naturel, parexemple, une tendance à faire du théâtre un genre moralisateur s'était déjà dessinée.

On peut dire que la révolutions'est faite au théâtre avant d'exploser dans le domaine politique.

La tragédie classique est empreinte d'un espritaristocratique qui est déjà complètement perdu au XVIIIe siècle.

Au fur et à mesure que la question d'argent envahitle théâtre — pensons à Turcaret — le drame moralisateur se développe comme pour compenser par sa sensiblerie lecynisme d'une bourgeoisie qui détient le pouvoir économique.

Les torrents de larmes tentent d'effacer une certainemauvaise conscience, et une morale simpliste remplace les questions fondamentales qui agitent les hommes. Diderot est donc porté à accuser de sclérose ceux qui résistent au développement du drame.

Son grief est d'autantplus justifié que l'engourdissement de la tragédie est réel. II.

- L'ŒUVRE ARTISTIQUE FACE AU CRITIQUE Mais l'opuscule va au-delà des problèmes historiques et sociaux.

La difficulté de jugement dans le domaine artistiquevient en effet du manque de critères certains.

La notion de « beau » et de « laid » évolue selon les périodes, enparticulier chez les néophytes.

Ainsi, lorsque les Européens du xvie siècle jugeaient les arts précolombiens, ils lefaisaient le plus souvent à partir des matières employées : plus l'or et les pierres précieuses étaient abondants, plusles objets paraissaient beaux.

Qui prenait au sérieux l'art africain, au début du siècle dernier, et se serait douté del'enthousiame qu'il a suscité chez nos contemporains? Il serait injuste de répondre : personne. En effet, même au xvie siècle, certains artistes ont reconnu la beauté des œuvres indiennes.

Il est bien rare qu'ungénie artistique passe complètement inaperçu.

Cependant la renommée de ses œuvres peut être étouffée par lasociété.

Un musicien comme Lulli a empêché, tant qu'il fut en vie, d'autres artistes d'être connus selon leur mérite.Pensons à Charpentier qui ne fut découvert qu'au xxe siècle.

Rappelons que Bach, à présent reconnu par la plupartdes musiciens comme le plus grand compositeur européen, se voyait préférer souvent Telemann, que seuls lesspécialistes connaissent à présent. Il semble donc que, si la valeur d'un artiste peut être contestée de son vivant, il est rare qu'elle soit tout à faitignorée de ses contemporains.

Mais par quel nouveau phénomène peut-elle être reconnue de tous quelques annéesaprès sa mort? Sans doute, d'une part, parce que les modes changent très vite; d'autre part, le public se familiariselentement avec un art qui le heurtait d'abord; peu à peu il devient sensible à sa beauté et à sa richesse.

Enfin, lesmélomanes ont eu le temps d'éduquer le public. CONCLUSION Si les arguments de Diderot sont très intéressés puisqu'il entreprend de plaider pour sa propre création, il n'en restepas moins vrai qu'il a su mettre en lumière des problèmes qui se posent à tous les artistes.

Leur lot semble bien êtrel'inquiétude, puisqu'ils doivent accepter de consacrer toute leur vie à une œuvre dont, peut-être, il ne restera rienaprès leur mort.. »

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