1.-- REPÈRES HISTORIQUES: Stendhal a emprunté son canevas initial à l'actualité, s'inspirant de l'histoire d'Antoine Berthet, originaire du village de Brangues, étudiant aux séminaires de Grenoble et de Belley, guillotiné à Grenoble, le 23 février 1828, pour tentative d'assassinat sur la personne de Mme Michoud. De ce fait divers, Stendhal avait eu connaissance par les comptes rendus proposés par _La Gazette des Tribunaux _, notamment les 28, 29, 30, 31 décembre 1827, et 29 février 1828. Ces textes sont reproduits en appendice dans le tome II des _ Romans_, de la collection « L'Intégrale «, Seuil, 1969, pp. 649-656. L'idée d'un roman serait venue à l'auteur en octobre 1829 ; le titre du roman, en mai 1830 : le Rouge pour signifier les idées républicaines de Julien; le Noir, la soutane qu'il porta un moment. A partir du mois de mai, et jusqu'en novembre, Stendhal fait composer par l'éditeur les chapitres au fur et à mesure qu'il les écrit. L'impression est interrompue entre le 25 juillet et le 4 août 1830, pour cause de révolution. Le 6 novembre, Stendhal part pour l'Italie, occuper son poste de consul à Civita-Vecchia, où le nouveau régime l'a nommé. L'édition originale, en 2 volumes, paraît au début de décembre 1830 ; Stendhal n'a pas revu les épreuves des derniers chapitres avant son départ. Une seconde édition, en 6 volumes, paraîtra en 1831. Auparavant, Stendhal avait publié son premier roman : _ Armance _, en août 1827 ; son autre grand roman, _ La Chartreuse de Parme _ verra le jour en avril 1839 -- deux textes accessibles sur le site de l'ABU. Stendhal devait mourir à Paris le 23 mars 1842. 2.-- RESUME DU ROMAN : LIVRE PREMIER Chapitre 1 : Description de la petite ville de Verrières. Son aisance. Portrait du maire, installé depuis 1815 : M. de Rênal, propriétaire de la fabrique de clous. Pour agrandir ses jardins, M. de Rênal a dû négocier ferme avec le propriétaire de la scierie : M. Sorel, père de Julien. Tyrannie de l'opinion à Verrières. Chapitre 2 : La promenade de Verrières (le Cours de la Fidélité), embellie par M. de Rênal, enclenche une rêverie poétique de l'auteur : la vue sur la campagne y est somptueuse, quoique l'autoritarisme du maire ordonne une taille impitoyable des platanes tous les ans. Dans cette ville, l'utilité et l'argent règnent en maîtres. Depuis peu, les notables redoutent l'arrivée d'un Parisien, dont les dénonciations, dans les journaux libéraux, pourraient leur attirer quelques ennuis. Chapitre 3 : Le Parisien en inspection est guidé par l'abbé Chélan, à qui les autorités reprochent cette complaisance, qui pourrait lui coûter sa place. Pour soutenir son rang, M. de Rênal songe à engager Julien Sorel comme précepteur de ses enfants. Portrait de Mme de Rênal : une âme naïve, qui ne s'avoue pas qu'elle s'ennuie auprès de son mari. Chapitre 4 : Pour négocier l'engagement de Julien, M. de Rênal rend visite au Père Sorel. Au lieu de surveiller la scie, le jeune homme est en train de lire le _ Mémorial de Sainte-Hélène _, activité odieuse à son père, qui ne sait pas lire. Portrait de Julien, plutôt maladif, et qui hait son entourage familial. Chapitre 5 : Lorsque son père lui annonce son engagement, Julien fait aussitôt connaître qu'il n'acceptera pas de manger avec les domestiques -- opinion qui lui vient de la lecture des _ Confessions _ de Rousseau. Négociation finaude du Père Sorel avec M. de Rênal, au terme de laquelle il parvient à faire monter appointements et avantages en nature. L'accord conclu, Julien part au château, occasion de dévoiler ses projets ambitieux, et la conduite hypocrite dont il les voile : dans cette époque de Restauration, il vise la voie royale, qu'est la prêtrise. En passant par l'église, Julien y découvre une coupure de journal relatant l'exécution à Besançon d'un certain Lurel, dont le nom rime avec le sien. Chez elle, Mme de Rênal redoute, pour ses enfants, l'arrivée d'un précepteur, sale et mal vêtu, qui les fouettera. Chapitre 6 : Sa stupeur à l'arrivée de Julien, dont elle remarque la beauté. M. de Rênal transmet au nouvel employé ses instructions, et l'emmène chez le tailleur pour lui acheter un habit noir : il ne doit pas être vu en veste par les autres domestiques. Présentation de Julien aux enfants. Julien s'acquiert une gloire instantanée en récitant par coeur des pages entières du Livre Saint. Chapitre 7 : Julien commence à s'attirer la jalousie des domestiques, mais aussi de M. Valenod, directeur du dépôt de mendicité, qui courtise Mme de Rênal. Raisons pour lesquelles Mme de Rênal commence à s'attacher à Julien : inexpérience de la vie, due à son éducation de couvent. Comme la vie de province n'est pas guidée par les romans, tout y progresse plus lentement. La vie de Julien se passe en petites négociations, comme l'art de faire admettre à M. de Rênal de prendre un abonnement chez le librairie libéral, sous le nom d'un des domestiques. Ignorante de l'amour, Mme de Rênal vit ces moments heureux dans l'innocence. Chapitre 8 : A la suite d'un héritage, Elisa, la femme de chambre prétend épouser Julien, mais celui-ci fait savoir que ce mariage ne lui convient pas. Remontrances de l'abbé Chélan, surpris d'un tel refus, et joie de Mme de Rênal lorsqu'elle l'apprend. C'est alors qu'elle commence à s'interroger sur l'amour qu'elle pourrait bien porter à Julien. Avec les beaux jours, M. de Rênal transporte sa famille dans son château de Vergy. On y fait la chasse aux papillons, et Mme de Rênal se surprend à faire la coquette, sans y avoir pensé. Bientôt, elle installe à Vergy sa cousine, Mme Derville. Julien entraîne les deux femmes vers les points de vue sublimes de la région. Un soir, par hasard, il vient à toucher la main de Mme de Rênal, qu'elle lui retire aussitôt. Alors, Julien se fait un devoir de la reconquérir. Chapitre 9 : Il aborde la situation comme une bataille à gagner. A dix heures sonnantes, il passe à l'acte, et se saisit de la main de Mme de Rênal, qui en est transportée. De manière inopinée, le lendemain, M. de Rênal se présente au château. Il est venu faire remplacer les paillasses de la maison. Cette nouvelle effraie Julien qui a caché dans son lit un portrait de Napoléon. Il supplie Mme de Rênal de mettre ce portrait accusateur en sûreté, sans y jeter un regard. Elle s'exécute, non sans ressentir les premières atteintes de la jalousie. Chapitre 10 : En froid avec M. de Rênal, Julien sollicite un congé pour se rendre auprès de l'abbé Chélan. Sur le chemin de Verrières, Julien laisse aller sa sensibilité devant les beautés de la nature, et donne libre cours à ses projets de destinée ambitieuse. Chapitre 11 : Julien se donne pour défi de prendre la main de Mme Rênal en présence, cette fois, de son époux. C'est une autre victoire. Cependant sa vraie passion est encore pour Napoléon. De son côté, Mme de Rênal commence à passer par des alternatives de passion naïve et d'effroi moral devant ce sentiment. Elle traverse une nuit de délire. Chapitre 12 : Au moment de partir pour rendre visite à son ami Fouqué, Julien est surpris par l'accueil glacial de Mme de Rênal. Il décide de répliquer par la froideur. Quand elle apprend le voyage de Julien, Mme de Rênal, blessée, se met au lit. Cheminant dans la montagne, Julien s'arrête dans une grotte, et s'y livre au plaisir d'écrire en liberté : ambitieuses rêveries de vie parisienne. Après avoir brûlé ses écrits, Julien arrive à une heure du matin chez Fouqué, qui lui propose de devenir son associé dans son commerce de bois. Ayant évalué la proposition durant la nuit, Julien la refuse, prenant prétexte d'une irrésistible vocation religieuse. En fait, il redoute que plusieurs années de cette vie mercantile n'émoussent sa volonté de parvenir. Chapitre 13 : De ce voyage, Julien revient mûri. Mme de Rênal se fait coquette, et à ce détail, sa cousine, Mme Derville, comprend qu'elle est amoureuse. Comme Julien paraît se détacher d'elle, Mme de Rênal va jusqu'à reprendre la main de Julien. Ce geste le persuade qu'il est aimé. Il décide de faire de Mme de Rênal sa maîtresse. Mais au lieu de répondre spontanément à la passion de Mme de Rênal, il entreprend de la faire souffrir, par esprit de revanche sociale : il lui laisse entendre qu'il devra quitter Verrières, parce qu'il l'aime et que cette passion est incompatible avec l'état de prêtre. N'ayant pas connu l'éducation sentimentale procurée par la lecture des romans, Mme de Rênal croit pouvoir se jurer qu'elle n'accordera rien à Julien. Chapitre 14 : Avec gaucherie, Julien, qui se prend pour une Don Juan, s'efforce de mettre en pratique un plan de séduction, et parvient à enlever un baiser à Mme de Rênal, mais celle-ci en est effrayée. En présence du sous-préfet Maugiron, Julien presse le pied de Mme de Rênal, qui parvientà tromper l'attention en laissant tomber ses ciseaux. A Verrières, l'abbé Chélan déménage : il vient d'être destitué et remplacé par l'abbé Maslon. Fâché par cette injustice au sein de l'Eglise, et par prudence, Julien écrit à Fouqué pour se ménager la possibilité de revenir au commerce. Chapitre 15: Julien somme Mme de Rênal de le recevoir dans sa chambre à deux heures du matin -- mais il tremble qu'elle accepte. Le moment venu, il s'y rend, en se demandant ce qu'il pourra bien y faire. En y entrant, il se jette à ses pieds et fond en larmes. Sa maladresse l'aide à triompher des réserves de Mme de Rênal, mais il ne sait pas goûter simplement le bonheur qui se présente : il continue de se contraindre à jouer le rôle du séducteur. Mme de Rênal, quant à elle, vit l'événement avec un déchirement moral. Chapitre 16 : Le lendemain, en société, Julien est la prudence même, mais sa froideur alarme Mme de Rênal. Elle craint d'avoir découragé le jeune homme de revenir dans sa chambre. Ce second soir, il commence à s'apercevoir des charmes de Mme de Rênal, et à céder au plaisir d'aimer. En dépit de la différence d'age qui inquiète Mme de Rênal, Julien, en peu de jours, tombe complètement amoureux. De son côté, sa maîtresse s'émerveille d'un sentiment qu'elle n'a jamais soupçonné auparavant. Elle imagine la vie d'épouse qu'elle eût pu vivre à ses côtés. Julien est tenté de lui avouer en confiance l'ambition de sa vie. Chapitre 17 : Julien regrette Napoléon, qui permit à la jeunesse pauvre de s'élever. De...