Résumé et analyse de La Lettre à d'Alembert — Rousseau
Publié le 29/05/2011
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Dans l'article Genève de l'Encyclopédie, pour faire plaisir à Voltaire, d'Alembert avait engagé les Genevois à établir un théâtre chez eux. Pour être désagréable à Voltaire et pour développer certains points du Discours sur les sciences et les arts, Rousseau répondit à d'Alembert. Cette réplique est généralement appelée la Lettre sur les spectacles. Elle passe pour un des chefs-d'oeuvre de Jean-Jacques, et Bossuet, l'auteur des Maximes sur la comédie, n'en eût pas désapprouvé la doctrine. Nous étudions plus loin cette Lettre et nous en réfutons la thèse fondamentale. La postérité avec justice n'a point approuvé cet opuscule passionné contre le plus agréable ,des divertissements. On na comprendrait point tant de rigueur si l'on n'avait point lu les Discours et si l'on oubliait la vogue du théâtre sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV. Décidé à combattre tout ce qui charme les mondains et les lettrés, Rousseau s'attaque à leur plaisir favori et reproche vivement aux auteurs dramatiques du XVIIe et du xviiie siècle leur manque de naturel, leur immoralité, « leurs beaux dialogues bien agencés et bien ronflants «. C'est donc toujours la société contemporaine et la civilisation détestée qu'il poursuit dans leurs plus brillantes incarnations. De là ses exagérations et sa haine ; de là cette diatribe contre le théâtre que, seul, l'esprit de système peut expliquer, sans l'excuser.

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La Lettre à d'Alembert de Jean-Jacques Rousseau s'inscrit dans le cadre d'une controverse intellectuelle autour de points particuliers de l'article « Genève » de l'Encyclopédie, et notamment concernant l'établissement d'unthéâtre dans cette république helvétique.
S'il pouvait déjà paraître curieux qu'une telle discussion s'installe alors quel'Europe est à feu et à sang, la lecture de l'œuvre révèle aussi son lot de surprises, tant Rousseau étend sesdéveloppements aux domaines les plus divers, laissant même parfois l'impression au lecteur que sa réflexion est plusdéterminée par ses sentiments que sa raison.
Un critique moderne a ainsi écrit que c'est justement « cette curieuse liaison entre le sentiment, la littérature et le politique qu'il faut dévoiler ».
Analyser l'œuvre à la lumière de cette affirmation reviendra donc àcerner ces trois sortes d'influences et analyser de quelle manière Rousseau les imbrique dans sa réflexion.
On verra ainsi tout d'abord en quoi il s'agit véritablement d'une œuvre littéraire et non simplement d'un ouvrage à caractère philosophique.
Cette première approche permettra ensuite de s'intéresser plusspécifiquement aux réflexions sociopolitiques de Rousseau.
Enfin conviendra-t-il d'étudier l'ambiguïté que laisseplaner le critique par l'utilisation du terme de « sentiment » et de voir s'il s'agit avant tout des sentiments deshommes ou bien de ceux de l'auteur.
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L'ouvrage se situe dans un contexte d'écriture particulier.
Rédigé à la suite des textes et discours les plusreprésentatifs de la philosophie de Rousseau, tels que le Discours sur l'origine de l'inégalité entre les hommes ou Le contrat social , la Lettre à d'Alembert annonce en quelques sortes les Confessions et la Nouvelle Héloïse par ses aspects autant littéraires que philosophiques.
La dimension littéraire de l'ouvrage s'affirme au travers de la posture critique de Rousseau à l'égard duthéâtre.
« On frissonne à la seule idée des horreurs dont on pare la scène française, pour l'amusement du peuple leplus doux et le plus humain qui soit sur la terre ! » explique-t-il ainsi page 83, faisant référence à Mahomet , Médée ou encore Thyeste .
Le travail critique s'exprime aussi au travers d'une remise en question des effets de la « catharsis » aristotélicienne.
« Ainsi le théâtre purge les passions qu'on n'a pas et fomente celles qu'on a » (page70) est une phrase qui sous une apparence équilibrée dénonce une véritable absurdité.
Rousseau se pose ainsi dans le domaine littéraire de manière isolée « Ce n'est pas qu'un homme de génie nepuisse inventer un genre de pièces préférables à ceux qui sont établis » lance-t-il finalement page 76, montrantainsi que ses relations avec la coterie des philosophes influencent son travail d'écriture.
Un autre aspect littéraire de la Lettre à d'Alembert peut être révélé en étudiant l'œuvre sous l'angle paradoxal de sa théâtralité.
On peut véritablement parler d'un « personnage Rousseau » qui sait bien qu'il sera lu parbien plus de personnes que d'Alembert.
La première phrase de la préface, « j'ai tort, si j'ai pris en cette occasion la plume sans nécessité », révèlece trait.
Ce chleuasme qui ouvre un horizon d'attente annonce le monologue du comédien Rousseau.
Cette mise en scène de l'isolement intellectuel dans lequel Rousseau se trouve vis-à-vis notamment desphilosophes des Lumières trouve son exutoire dans les nombreuses exclamations que l'auteur semble lancer à unparterre imaginaire.
Ainsi en est-il aux pages 134 et 135 : « mais pourquoi ce désordre est-il inévitable ? Ah,pourquoi ! » « Préjugés populaires ! Me crie-t-on.
Petites erreurs de l'enfance ! Tromperie des lois et de l'éducation !La pudeur n'est rien.
» Passionné, l'auteur s'adresse aux lecteurs de sa lettre ouverte comme au théâtre, et lesabondantes notes de bas de page semblent dans un tel schéma comme autant d'apartés..
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