Répondant à une question sur la signification du titre de son roman Le Nom de la Rose, Umberto Eco affirme : « Un titre doit embrouiller les idées, non les embrigader. » En vous interdisant toute forme de catalogue et en empruntant vos exemples à la littérature en particulier et à d'autres formes artistiques, vous expliquerez et discuterez cette prise de position.
Publié le 30/03/2011
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sur les arts et les sciences.
Même quand l'œuvre se défie de la censure et distille sa critique à travers une fiction,un sous-titre précise les visées philosophiques ou politiques de l'auteur : Candide ou l'Optimisme.
De nombreuses œuvres récusent les conseils d'U.
Eco au profit de la simplicité.
C'est le cas, non plus des essais,mais des œuvres dépeignant la réalité.
On peut en effet comparer les titres des grands romans réaliste du XIXesiècle avec les portraits et les natures mortes : le nom du héros, le nom du modèle, le nom des objets composant latoile suffisent au créateur pour désigner son œuvre : apparemment la simplicité s'accorde avec l'imagination et suffitau créateur et à l'amateur.
Songeons aux romans de Balzac (Eugénie Grandet, Le Père Goriot), de Zola (SonExcellence E.
Rougon, Nana, Le Docteur Pascal), aux portraits d'Ingres, de Modigliani et même de Picasso qui affirmel'identité de ses modèles les plus transfigurés par les recherches cubistes.
Sans atteindre à un tel dépouillement, certains titres concilient pouvoir évocateur et relation directe avec lecontenu de l'œuvre.
Sans être un plat résumé, des titres comme Les Illusions perdues (Balzac), Le Misanthrope,L'Avare (Molière) ou même La Peste, L'Assommoir, Le Rouge et le Noir n'embrigadent, ni n'embrouillent : ils renvoientau sens de l'œuvre, la signifient en la synthétisant.
La simplicité ne s'oppose pas à la grandeur du projet : quoi deplus répétitif finalement et de plus élémentaire quand on en connaît l'origine que les différents titres de Proust : A larecherche du temps perdu, Le Temps retrouvé, Du côté de chez Swann (qui désigne un itinéraire de promenadesfamiliales) tout comme Le Côté de Guermantes...
Le titre donné à une œuvre est une des dernières étapes de la création.
Elle échappe parfois même au créateurpour être le fait des maisons d'édition.
Un créateur peut légitimement refuser la fonction habituelle dévolue du titre et donner à son œuvre des titresénigmatiques précisément pour exciter la critique ou stimuler ses recherches.
Cependant, quoi qu'en dise U.
Eco, letitre renseigne sur l'œuvre, s'imprime dans l'esprit du public, bref il est inséparable de l'œuvre.
Ainsi s'expliquent lesproblèmes de traductions des titres en une autre langue, les changements de titres lors d'une adaptation à l'écran(L'Assommoir devient légitimement le film Gervaise).
Certes le titre ne doit pas résumer l'œuvre, obéir à desmotivations publicitaires.
Il doit favoriser l'imagination du lecteur, la stimuler.
Cependant, la simplicité ne s'y opposepas, au contraire elle peut être un allié.
Un titre simple engendrera un monde parallèle au livre dans l'esprit dulecteur ou un mouvement artistique d'abord décrié naîtra du titre d'une toile : « Impression au soleil levant »....
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