Reconnaissez-vous à la littérature ce pouvoir de déranger, d’inquiéter, d’éveiller ?
Publié le 03/11/2016
Extrait du document
• Beaucoup de personnes pensent que la lecture est nécessaire pour se cultiver.
• Certes certaines lectures rassurent, ou simplement amusent, endorment même à force de sirop anecdotique et sentiments banalisés, comme ce fut le cas de Mme Bovary avec les lectures romanesques.
• Mais s’il s’agit d’œuvres de véritable qualité littéraire...
Le héros d’un roman de Virginia Woolf, Orlando, un jeune aristocrate de l’époque élisabéthaine2, épris de littérature, invite dans sa riche demeure ancestrale un poète qu’il admire. Comme cette compagnie le change de celle des gentilshommes « au corps vif et hardi, mais à l’esprit et couard » ! Le nouveau venu, par ses bizarreries, ses paradoxes, ses impertinences, réveille l’antique demeure assoupie, enchante et affole son hôte, qui en vient à penser qu’il a introduit chez lui « un diabolique esprit d’inquiétude qui ne le laissera jamais en repos ».
Et vous, à qui il arrive, plus modestement, d’inviter un écrivain poète ou prosateur dans votre intimité de lecteur, reconnaissez-vous à la littérature ce pouvoir de déranger, d’inquiéter, d’éveiller ?
• Le lecteur est d’abord gêné. S’il est un bon lecteur, au lieu de jeter le livre par agacement et « couardise », paresse et confort, il va y revenir, se contraindre (premier bénéfice !) puis commencer à réfléchir, pénétrer plus avant. (A. Camus : Caligula ou L'Etranger).
• Certains livres agacent l’esprit. Exemple : Littérature du XVIIIe siècle qui oblige à toucher les problèmes qu’on veut ignorer : injustice, intolérance (passages de l’auto-
«
• ...
et d'un lecteur attentif, actif-deux conditions essen
tielles, ...
• ...
la lecture ne peut pas être indiff érente ;
• elle peut même être initiatrice, dévoiler, entraîner ...
• Dégager le plan en regroupant les termes de V.
Woolf
et ceux du libellé accompagnate ur1•
1.
« Dénoger ».
• Déranger = ôter une chose de sa place.
• Or l'homme vit dans un univers clos, fait d'habitudes,
de coutumes, de traditi ons, de banalités, de paresse d'es
prit, de divertissement (sens pascalien), d'aveuglement,
d'inconscience.
• La lecture ·te fait change r de place, i.e.
le sort de cet
univers pour le faire entrer dans celui de l'œuvre lue :
monde du rêve (A.
Fournier ...
), des héros (Œdipe-Roi -
Sophocle ...
), de la beauté (poésie, Chimères ou Sylvie
G.
de Nerval), du concept (Bergson, Pascal, Montaigne ...
).
• Certains livres sont de véritables mondes autonomes :
la « planète Balzac » par exemple qui devient même réfé
rence pour notre monde vécu (Comédie humaine).
• Dénnger = gêner, importuner.
• La lecture frôle d'a bord l'esprit qui résiste par la force
d'i nertie, la passivité.
Comme une sorte de moustique
bourdonnant qui lui fait prendre conscience de quelques
points qu'il se cachait.
Car l'esprit humain fait souvent
l' autruche !
• Le lecteur est d'abord gêné.
S'il est un bon lecteur, au
lieu de jeter le livre par agacement et «couardise »,
paresse et confort, il va y revenir, se contraindre (premier
bénéfice !) puis commencer à réfléchir, pénétrer plus
avant.
(A.
Camus : Caligula ou L'Etranger).
• Certains li�res agacent l'esprit.
Exemple : Littérature
du XVIII e siècle qui oblige à toucher les problèmes qu'on
veut :
injustice,
intolérance (passages de l'auto-
(!) Voir t.p-3 1..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le héros d'un roman de Virginia Woolf, Orlando, un jeune aristocrate de l'époque élisabéthaine, épris de littérature, invite dans sa riche demeure ancestrale un poète qu'il admire. Comme cette compagnie le change de celle des gentilshommes « au corps vif et hardi, mais à l'esprit paresseux et couard » ! Le nouveau venu, par ses bizarreries, ses paradoxes, ses impertinences, réveille l'antique demeure assoupie, enchante et affole son hôte, qui en vient à penser qu'il a introduit chez lu
- «Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien; tout ce qui est utile est laid, car c'est l'expression de quelque besoin, et ceux de l'homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature», écrivait Th. Gautier. Que pensez-vous de ce jugement ? Vous direz, en particulier, en empruntant vos exemples à vos propres lectures, quelle utilité vous reconnaissez aujourd'hui à la littérature.
- Roger Martin du Gard, répondant à un de ses admirateurs qui lui demandait de le guider dans ses lectures, écrit : « Les lectures, comme les voyages, les promenades et les repas, ne prennent leur valeur que par le besoin qu'on en a. Tel livre que j'ai rejeté il y a un an sans pouvoir le finir, me bouleverse aujourd'hui... Lisez le livre qui vous sollicite, et n'hésitez pas à le rejeter si vous ne l'assimilez pas sans effort. Le moins de contrainte possible en ces matières ! » (Correspon
- Le pouvoir de la littérature, les intentions de l'écrivain
- André Gide a écrit: « Inquiéter, tel est mon rôle. Le public préfère toujours qu'on le rassure. Il en est dont c'est le métier, il n'en est que trop. » Sans multiplier les exemples, et en vous fondant plutôt sur quelques œuvres de votre choix, dites ce que vous pensez de cette conception de la littérature.