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Racontez vos premiers pas dans l'existence sur le mode comique ou sur le mode tragique.

Publié le 29/08/2014

Extrait du document

Par extraordinaire, il me fallut plusieurs semaines pour parvenir à me main­tenir debout. Ce jour-là, ma vie changea. D'une part, cette victoire m'avait trop coûté pour que je renonce à cette station verticale : je ne peux évaluer le nombre de chutes dont je fus la victime et la quantité d'Arnica qu'il me fallut absorber —on murmure que le pharmacien, ayant fait fortune, se retira dans une villégiature du bord de mer! D'autre part, je découvris debout une vision quasi-aérienne du monde : j'avais donc un nouvel univers à explorer...

« Chapitre 3 Le biographique adultes qui n'utilisaient que leurs pieds, laissant dépérir le capital inexploité que recelaient leurs mains.

Il me fallait donc à mon tour m'élever sur mes deux pieds .

Le grand jour vint, où prête à tout pour initier le monde aux richesses du quatre pattes, je décidai de montrer à mon entourage que je pouvais marcher et que c'était par choix, et non par faiblesse comme le clamaient certains, mon grand frère en particulier, que je marchais avec les mains.

L.: entreprise se révéla moins facile que je ne l'avais d'abord cru.

Au moment où, m'aidant des barreaux de mon parc, je me dressai sur mes deux pieds, je découvris - ô stupeur! -que tous mes congénères avaient des pieds de trente centimètres de long environ alors que les miens ne mesuraient que cinq centimètres! Ma tâche n'en était donc que plus ardue! Impossible de renoncer pourtant, c'eût été trop humiliant! Et puis ma cause méritait qu'on se batte! Je détachai donc un doigt, puis deux du barreau auquel je me cramponnais.

Je commençais alors à osciller dangereu­ sement et la sensation nauséeuse que j'éprouvai alors me rappela un odieux voyage dans lequel on m'avait entraîné quelques mois auparavant.

Il s'agissait d'un voyage en mer au cours duquel la stabilité de ma démarche quadrupède avait été sérieusement remise en cause.

Mes premiers pas sont désormais asso­ ciés au mal de mer.

N'écoutant que mon courage, je lâchai pourtant une main ...

La chute fut terrible! Bosses et bobos ne furent pas les seuls fruits de cette pre­ mière tentative.

Je ressentis aussi un regain de détermination.

Décidément, je ne pouvais pas laisser mes parents, des êtres que j'aimais tendrement, risquer leur vie à chaque instant, alors que je connaissais le moyen de les protéger.

Je ne pou­ vais pas non plus laisser passer une chance de changer le ricanement méprisant de mon frère en un sourire béat d'admiration.

Il fallait incontestablement leur montrer que je savais marcher ...

mais que je pouvais faire mieux encore! Par extraordinaire, il me fallut plusieurs semaines pour parvenir à me main­ tenir debout.

Ce jour-là, ma vie changea.

D'une part, cette victoire m'avait trop coûté pour que je renonce à cette station verticale :je ne peux évaluer le nombre de chutes dont je fus la victime et la quantité d'Arnica qu'il me fallut absorber­ on murmure que le pharmacien, ayant fait fortune, se retira dans une villégiature du bord de mer! D'autre part, je découvris debout une vision quasi-aérienne du monde: j'avais donc un nouvel univers à explorer ...

Ill ....

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