RACINE: Que me font, à moi, sujet paisible d'un État monarchique du XVIIIe siècle, les révolutions d'Athènes et de Rome? Quel véritable intérêt puis-je prendre à la mort d'un tyran du Péloponèse, au sacrifice d'une jeune princesse en Aulide? Il n'y a dans tout cela rien à voir pour moi, aucune moralité qui me convienne. (Essai sur le genre dramatique sérieux.) Beaumarchais.
Publié le 07/02/2016
Extrait du document
Ce qu’il y a de profondément humain et d’éternellement vrai.
1. Notons d’abord que les grands événements ne sont pas si rares et si invraisemblables que Beaumarchais semblait le croire. La Révolution devait le lui rappeler... et en temps de paix les crimes ne sont pas si exceptionnels, et il n’y a pas que les monstres et les rois qui en commettent. Il y a des drames, même dans le monde (romans de Bourget). Au xviie siècle, drame des poisons.
«
52
xîii'
SIÊCLt
dans- nos ?noirs;
on n'y
marche que parmi les décombres, d
travers des flots de sang, sur des monceaux de morts et l'on ii' arrice
à la catastrophe que par l'empoisonnement, l'assassinat, l'inceste
et le parricide...
»
Quoique un peu exagérée, cette assertion
paraît justifiée par
Phèdre, Andromaque,
etc.
3.
Les personnages sont des rois ou des princes.
4.
Le style même, les vers, les conventions (règles, mono-
logues, confidents), etc.
II.
Ce qu'il
y a
de profondément humain et d'éternel-
lement vrai.
L Notons d'abord que les grands événements ne sont pas si
rares et si invraisemblables que Beaumarchais semblait le croire.
La Révolution devait le lui rappeler.., et en temps de paix les
crimes ne sont pas si exceptionnels, et il n'y a pas que les
monstres et les rois qui en commettent.
Il y a des drames,
même dans le monde (romans de Bourget).
Au xvlle siècle,
drame des poisons.
2.
Le tond du sujet est, d'ailleurs, toujours un cas de con-
science
: Horace,
conflit entre patriotisme et sentiments de
famille, etc...
Et ces cas de conscience sont semblables à ceux
qui peuvent se poser pour nous.
Dépouillés du prestige de la
poésie et de l'histoire, souvent les sujets, au moins dans Racine,
sont empruntés à la vie commune.
(Brunetière,
Histoire et
Littérature, I, p.
7
et suiv.).
3.
Les sentiments des personnages sont vrais.
(Exemples.)
4.
La leçon est toujours actuelle.
II suffit de mettre des
hommes vrais dans des situations pathétiques vraisemblables
pour qu'il se dégage des enseignements de morale universelle...
Corneille nous apprend à être libres...
Racine, que les passions
qu'on laisse croître deviennent vite tyranniques et mènent aux
plus terribles abîmes....
Beaumarchais a tort.
Non qu'il
n'y
ait place, à coté de la
tragédie, pour une autre conception dramatique.
(Peinture
vraie, touchante et pathétique des moeurs des hommes dans
une condition privée.) Il ne suffira pas, d'ailleurs, de mettre
des hommes en habit noir sur la scène pour qu'ils nous inté-
ressent.
L'essentiel est que nous sentions dans les personnages
des hommes qui nous ressemblent..
»
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- Beaumarchais écrivait à propos de la tragédie classique : Que me font à moi, sujet paisible d'un Etat monarchique au XVIIIe siècle, les révolutions d'Athènes et de Rome ? Quel véritable intérêt puis-je prendre à la mort d'un tyran du Péloponnèse, au sacrifice d'une jeune personne en Aulide? Il n'y a, dans tout cela, rien à voir, pour moi, aucune moralité qui me convienne. Expliquez et appréciez ce jugement.
- Beaumarchais a écrit dans son Essai sur le genre dramatique sérieux : Que me font à moi, paisible citoyen d'un état monarchique au XVIIIe siècle, le meurtre d'un tyran du Péloponnèse ou le sacrifice d'une jeune personne en Aulide ? Il n'y a là aucun intérêt, aucune moralité qui me convienne... Expliquez et commentez.
- Expliquez et appréciez cette opinion de Beaumarchais : « Que me font à moi, paisible sujet d'un état monarchique, les révolutions de Rome et d'Athènes, le meurtre d'un tyran du Péloponèse, l'immolation d'une jeune personne en Aulide ? Il n'y a rien là pour moi, aucune moralité qui ne convienne. » ?
- Vous discuterez cette boutade de Beaumarchais sur la tragédie classique : « Que me font à moi les révolutions d'Athènes et de Rome ? Il n'y a dans cela rien à voir pour moi, aucune moralité qui me concerne.»
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