RACINE, Iphigénie, v. 369-388 (commentaire)
Publié le 10/10/2011
Extrait du document
Je suis père, Seigneur, et faible comme un autre;
370 Mon coeur se met sans peine en la place du vôtre;
Et frémissant du coup qui vous fait soupirer,
Loin de blâmer vos pleurs, je suis prêt de pleurer.
Mais votre amour n'a plus d'excuse légitime
Les Dieux ont à Calchas amené leur victime.....
Agamemnon est à peu près décidé à sacrifier sa fille, mais il hésite encore, autant parce qu'il a un caractère timoré que parce que son coeur de père souffre d'avoir à prendre une telle décision. Ulysse, habile orateur, va essayer ici de le persuader d'agir, en développant une argumentation prudente mais efficace dont les étapes constituent les mouvements successifs du texte.
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Agamemnon est à peu près décidé à sacrifier sa fille, mais il hésite
encore, autant parce qu'il a un caractère timoré que parce que son
cœur de père souffre d'avoir à prendre une telle décision.
Ulysse,
habile orateur, va essayer ici de le persuader d'agir, en développant une argumentation prudente mais efficace dont les étapes constituent les mouvements successifs du texte .
PREMI~RE ~TAPE (v.
369 à 372)
Ulysse commence par une concession .
Il connaît la force de l'amour
paternel, et tout en s 'apprêtant à le contrecarrer il cherche à ne pas l'attaquer de front; il en admet donc l'action sur le cœur d'Agamemnon.
Il avoue même que, comme tout père, il est en proie au même atten drissement, il cède à la même faiblesse.
Ulysse, en procédant ainsi,
marque un point : il attire sur lui la sympathie d'Agammenon, il fait
de son interlocuteur un auditeur attentionné qui se sent prêt à accep ter son raisonnement.
C'est la phase de la « captatio benevolentiae ».
DEUXI~ME ~TAPE (v.
373-376)
C'est la première attaque.
Ce n'est pas lui qui directement appelle Agamemnon à sacrifier sa fille; il se dissimule derrière la personne
de Calchas, et, au-delà du prêtre, des Dieux eux-mêmes.
Il sait
Agamemnon timoré et craintif; il lui fait entrevoir et craindre les récr iminations de Calchas et la colère des Dieux.
Remarquons d'ailleurs qu'il insiste davantage sur la colère du grand prêtre que
sur celle des Dieux : sa présence est, pour Agamemnon, plus mani feste, plus insistante, il est, pour lui, la représentation proche, con crète et menaçante des Dieux.
Cette nuance multiplie la force de cette
première attaque.
TROISIÈME ~TAPE (v.
377-379)
Deuxième concession d'Ulysse.
Il a souligné tout à l'heure que sa tendresse et sa faiblesse étaient à l'unisson de celles d'Agamemnon;· il se fait plus concret et plus direct cette fois, en accordant à son
Roi la liberté de pleurer.
A nouveau, c'est montrer qu'il le comprend,
qu 'une intense sympathie le fait communier avec lui dans une même
souffrance .
Habileté remarquable : il se présente comme un confident
ami, qui saura faire le silence sur cet instant de faiblesse.
Compré hension et complicité..
»
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