Racine écrit dans l'une de ses préfaces qu'il faut à la tragédie des héros «propres à exciter la compassion et la terreur». En empruntant vos exemples principalement à la pièce que vous avez étudiée, vous direz dans quelle mesure les personnages de Racine vous paraissent remplir cette fonction.
Publié le 30/07/2014
Extrait du document
La pitié est exaltée par la fin lamentable du jeune
homme, rapportée en un long et pathétique récit, qui est un ornement
poétique en même temps qu'un paroxysme émotionnel.
Mais dans cette fin la terreur progressivement se mêle à la pitié, car
ce monstre issu de la fureur d'un dieu est horrible pour tous. Le
récit inspire en trois moments une gamme complète de sentiments:
le spectateur partage l'affliction de l'exilé, puis la panique
de ses compagnons et l'admiration pour le vain courage d'un seul,
enfin de nouveau la pitié, celle de la fiancée en deuil.
Notre pitié pour le héros est proportionnelle à son mérite et au
sort injuste qui lui est fait.
«
Or il est condamné, et qui plus est du fait même de sa
dévotion filiale, de l'excès de sa vertu : sa discrétion provoque sa
perte.
C'est donc un sort pleinement pitoyable que subit ce pur
jeune homme entraîné malgré lui dans la cruauté d'une affaire de
passion.
La pitié est exaltée par la fin lamentable du jeune
homme, rapportée en un long et pathétique récit, qui est un orne
ment poétique en même temps qu'un paroxysme émotionnel.
Mais dans cette fin la terreur progressivement se mêle à la pitié, car
ce monstre issu de la fureur d'un dieu est horrible pour tous.
Le
récit inspire en trois moments une gamme complète de senti
ments: le spectateur partage l'affliction de l'exilé, puis la panique
de ses compagnons et l'admiration pour le vain courage d'un seul,
enfin de nouveau la pitié, celle de la fiancée en deuil.
Notre pitié pour le héros est proportionnelle à son mérite et au
sort injuste qui lui est fait.
EJ Phèdre pitoyable
L'héroïne suscite avec une égale force le double sentiment moteur
de la tragédie : tantôt pitoyable, tantôt redoutable.
Elle tire son
pouvoir tragique de cette ambiguïté qui lui fait porter en elle les
deux pôles opposés.
Au contraire, dans Britannicus, les rôles sont
séparés: Néron est constamment cruel, sa mère aussi, dominatrice
en tout cas, Junie et Britannicus sont toujours pitoyables.
Phèdre
est alternativement l'un et l'autre.
Elle est pitoyable dès son entrée en scène dans son épui
sement de femme rongée par un mal longtemps tenu secret.
Cette
image d'une faiblesse bien digne de compassion se retrouve dans
le récit à Œnone de sa vaine et douloureuse lutte contre la passion.
Se posant en victime des dieux, elle recueille la compassion, l'at
tendrissement, non sans un peu de considération pour cette élue
du malheur à qui une déesse même voue de l'inimitié.
Dans l'aveu involontaire, on continuera à s'apitoyer sur le sort
d'une amoureuse à tel point privée de sa raison que le discours de
la passion lui échappe contre son dessein..
»
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