RACAN, Honorât de Bueil : sa vie et son oeuvre
Publié le 29/11/2018
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RACAN, Honorât de Bueil, seigneur de (1589-1670). Homme à la personnalité déroutante, auteur de théâtre presque par accident (il fut l'auteur d'une seule œuvre, les Bergeries, mais elle connut un succès immense), Racan vécut longtemps, et il traversa les années en maintenant son attachement à son premier maître, Malherbe. La rencontre de celui-ci fut sans doute décisive pour le jeune Racan qui semblait plutôt promis à la carrière des armes et à la vie de Cour. Né à Champ-marin (Maine), issu d’une famille noble originaire d'Italie qui s’était installée en France, orphelin assez jeune, il dut à son cousin et tuteur, le comte de Bellegarde, de devenir page à la cour de Henri IV. Mais les témoignages satiriques concordent sur ce jeune page disgracieux et bégayant, qui ne semblait guère fait pour cette fonction. A la demande de Henri IV, Malherbe devint le protégé du comte de Bellegarde et du même coup se fit le mentor de l’infortuné page, qui le considéra dès lors comme son père spirituel : on disait de Racan qu'il était page de Malherbe et non page du roi. L'ennui et le besoin d’évasion pourraient expliquer la carrière littéraire du jeune Racan, qui ne brillait guère à la Cour et ne put jamais s’illustrer à la guerre, bien qu’il ait participé à quelques campagnes contre les protestants, entre 1621 et 1627.
Vers 1618, à peine âgé de trente ans, il compose des Stances sur la retraite. Vers la même époque sans doute, il écrit les Bergeries, une des premières et des plus importantes pastorales françaises. On ne sait pas quand la pièce fut jouée. L'édition originale ne fut publiée qu’en 1625; suivirent douze rééditions en dix ans.
La pièce ne se distingue guère de ses modèles italiens ni des premiers essais français, du moins en ce qui concerne les lois du genre [voir Pastorale dramatique]. L'intrigue s'organise autour des amours contrariées d'Artenice et d’Alcidor et d’une chaîne d'amours non réciproques. Elle s’enrichit, au fil de son déroulement, des péripéties et des personnages familiers aux amateurs de romanesque pastoral. Un satyre convoite Ydalie; un magicien qui permet de « faire voir » l’invisible présente à Artenice la fausse trahison d’Alcidor; un chœur de bergers intervient à la fin de chaque acte, et une « Bonne Déesse » manifeste sa volonté par l'intermédiaire de songes répétés.
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