Rabelais et la ruine de l âme

« Age et annonce l'avènement d'une ère de lumière et de savoir: «Le temps était encore ténébreux et sentant l'infélicité et calamité des Goths, qui avaient mis à destruction toute bonne littérature.

Mais, par bonté divine, la lu­ mière et dignité a été, de mon âge, rendue aux lettres.

,.

Cet âge nouveau, c'est bien entendu celui de la Renais­ sance dont, en quelques pages célèbres, Rabelais dit tout l'esprit et toute l'ambition: revenir aux langues anciennes et à une culture de l'Antiquité qui, si elle n'avait pas été entièrement perdue, avait en tout cas été singulièrement déformée par l'enseignement médié­ val.

Il fallait s'adonner également à la science et à la connaissance de la nature.

Cependant, poursuit Rabelais, cette exaltation du sa­ voir, cet appétit de science, ne doivent pas être une fin en eux-mêmes.

Ils n'auront de valeur que s'ils servent une fin plus haute, celle que la religion et la morale définissent.

C'est un véritable primat de la morale sur le savoir que Rabelais, avec toute son époque, pose dans ce texte.

Montaigne, à une époque proche, s'exprime dans le même esprit lorsqu'il écrit, dans les Essais: «Toute autre science est dommageable à celui qui n'a la science de la bonté.

» ..,._ La science a connu un fantastique développement depuis le XVIe siècle.

Le mot «science» lui-même a évolué en continuant cependant de désigner une connaissance approfondie.

Mais ces changements, loin de faire perdre de sa force à la formule de Rabelais, en a fait l'un des impératifs qui s'imposent avec le plus d'urgence à notre monde.

Cette prééminence nécessaire de la morale sur le sa­ voir, le xxe siècle n'a sans doute d'autre issue que de. »