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Question d’interprétation Comment Dom Juan défend-il dans ce discours de l’hypocrisie ?

Publié le 27/11/2022

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« Question d’interprétation Comment Dom Juan défend-il dans ce discours sonidée de l’hypocrisie ? Molière est l'un des plus célèbres dramaturges français du XVIIème siècle.

Il a notamment écrit de nombreuses comédies telles que «le médecin malgré lui»(1666), «Les Fourberies deScapin»(1671), ou encore «L'Avare»(1668).

Après l’interdiction de représentation de sa pièce«Tartuffe», en 1664, Molière se retrouve dans l’obligation de monter rapidement une autre pièce pour faire vivre ses comédiens.

Il écrit alors «Dom Juan ou Le Festin de pierre», selon un sujet mis à la mode par l’espagnol Tirso de Molina, avec l’intention de dénoncer le libertinage et l’hypocrisie sous toutes ses formes – comme il le faisait dans Tartuffe pour critiquer l’hypocrisie des dévots.Il fera ainsi périr son héros libertin, englouti par la terre qui s’ouvre sous ses pieds à la fin de l’acte V.Molière dote toutefois Dom Juan d’un fort charisme et d’un pouvoir de séduction indéniable.Dans le passage que nous étudions ici, Dom Juan vante auprès de son valet Sganarelle les mérites de l'hypocrisie.

Il vient, dans la scène précédente, de feindre d'être croyant auprès de son père, et lui a promis d'agir moralement et avec vertu. Aussi, dans cette scène 2 de l’acte V, la tirade de Dom Juan est ambiguë, à la fois éloge et dénonciation de l’hypocrisie.

De fait, Comment Dom Juan défend-il dans ce discours son idée de l’hypocrisie ? Nous verrons que cette tirade est un exemple de la maîtrise de l’art du discours par Dom Juan (I), qui lui sert à défendre un trait considéré comme un vice : l’hypocrisie (II).. La rhétorique, pour rappel, est l’art de bien parler, c’est-à-dire la technique de la mise en œuvre des moyens d'expression, comme les figures de style ou les enchaînements d’idées.

Dans cette longue tirade de la scène 2 de l’acte V, Dom Juan s’adresse à Sganarelle, mais n’attend en réalité pas de réponse de sa part, comme le montre sa question rhétorique : « Combien crois-tu que j’en connaisse […] les plus méchants hommes du monde ? », qui a pour but de persuader son interlocuteur (et le public).

Il manie l’art du discours en rendant son argumentation convaincante par le présent de vérité générale et la généralisation de ses propos.

Il utilise également le syllogisme pour manifester un semblant de logique (un syllogisme est un raisonnement logique du type « si tout B est A et si tout C est B, alors tout C est A ») : « L'hypocrisie est un vice a la mode, et tous les vices a la mode passent pour vertus ».

Il utilise ainsi des tournures impersonnelles englobantes (notamment le pronom indéfini « on », mais aussi des sujets vagues comme « tous », « ils », «l’homme de bien », « qui », « ceux »…).

Il s’exprime également par aphorismes, sortes de proverbe,qui renforcent la généralisation :« Qui en choque un, se les jette tous sur les bras »; « C’est ainsi qu’il faut profiter des faiblesses des hommes, et qu’un sage esprit s’accommode des vices de son siècle ».De même, pour appuyer son argumentation, il emploie de nombreuses métaphores qui créent des images fortes dans l’esprit de l’auditeur : « ferme la bouche »; « à force de grimaces »; « les singes »; « ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse », etc.

Il utilise également le syllogisme pour manifester un semblant de logique (un syllogisme est un raisonnement logique du type « si tout B est A et si tout C est B, alors tout C est A ») : « L'hypocrisie est un vice a la mode, et tous les vices a la mode passent pour vertus ».

Mais audelà des belles images et des effets purement stylistiques, son discours est argumentatif, et il use de tous les procédés pour convaincre Sganarelle. Au début de cette tirade de l’acte 5 scène 2, Dom Juan cherche à montrer que l’hypocrisie passe « pour une vertu », et montre qu’elle est un « stratagème » largement mis en pratique par ses contemporains.

Partant de cette idée, il applique son cas à cette généralisation.

Utilisant d’abord des pronoms impersonnels (« on », « tous », etc.), il en vient à parler de lui-même, comme le prouve la présence de la première personne du singulier « je » comme dans (« C’est sous cet abri favorable que je veux me sauver »).

Il se projette, même, en passant au futur(« je verrai », « je voudrai », etc.) Il passe ainsi d’une théorie générale à un exemple particulier, qui sert à illustrer et appuyer son propos.

Sa structure est donc fondée sur une réflexion générale, qui tombe de nulle part et qu’il veut faire passer pour vraie, et qui justifie ensuite son attitude particulière.

Schématiquement, cela ressemble à : « Parce que tout le monde le fait, je peux le faire.

».Cette maîtrise du discours permet à Dom Juan de faire ce qui paraît être une chose pour le moins étonnante: louer l’hypocrisie, à la fois comme « mode » et comme vice utile pour arriver à ses fins. Dom juan défend un trait considéré comme un vice : l’hypocrisie Dom Juan montre tout d’abord que l’hypocrisie est certes un vice, mais « un vice à la mode », qui « [passe] pour vertu » : c’est donc presque une vertu.

D’ailleurs, tout le monde s’y adonne, car le montre la généralisation avec le pronom « on » : c’est donc normal qu’il soit lui aussi hypocrite, et il n’est pas plus condamnable qu’un autre.

La tirade de l’acte V scène 2 est par ailleurs truffée de termes mélioratifs et d’hyperboles pour qualifier les actions de l’hypocrite : il joue le « meilleur de tous les personnages », il obtient « de merveilleux avantages », c’est « un art », un « vice privilégié », un « abri favorable ». 1 Ainsi, Don Juan s’attache à démontrer les « merveilleux avantages » de cette attitude, que l’on pourrait d’abord croire condamnable : ♦ C’est tout d’abord un art qui inspire le respect : « C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée […] on n’ose rien dire contre elle », et qui « bénéficie d’une impunité souveraine ».

L’hypocrite peut ainsi agir en toute liberté, personne ne viendra lui reprocher ce vice déguisé en vertu. ♦ C’est une pratique qui crée des liens entre les gens : « On lie […] une société étroite avec tous les gens du parti ». ♦ Elle permet ainsi d’attaquer ou de défendre collectivement : « Qui en choque un, se les jette tous sur les bras », « si je viens à être découvert, je verrai, sans me remuer, prendre mes intérêt à toute la cabale, et je serai défendu par elle envers et contre tous ».

Il montre par là que le simple fait d’être hypocrite lui permettra d’être défendu par les autres hypocrites.♦ Se mettre à l’abri par l’hypocrisie lui permettra de poursuivre « [s]es douces habitudes » de libertinage sans être inquiété. ♦ Enfin, il se qualifie lui-même de « sage esprit » car une attitude hypocrite lui permettra de « profiter des faiblesses des hommes » en toute impunité, et notamment de pouvoir juger et condamner ses contemporains « sous [un] prétexte commode » : la religion (censée défendre « les intérêts du Ciel »).Mais malgré cela, Don Juan semble parfaitement conscient du mauvais fonds de ses actes. Cette brillante tirade en faveur de l’hypocrisie ne cache pas la conscience que Dom Juan.... »

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