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Qu'est-ce qui fait, selon vous, le succès, l'influence et la durée d'une œuvre littéraire? Votre réponse s'appuiera sur des exemples précis tirés de vos lectures et de votre expérience.

Publié le 25/02/2011

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Introduction    • Le phénomène de la réussite d'une œuvre, parce que celle-ci obtient une influence et atteint la durée au point de devenir une grande œuvre littéraire, est un problème complexe.    • Car là seulement réside la véritable révélation de l'œuvre, et non pas simplement ce qui peut être — et est souvent — éphémère, mode.    • Pour qu'une œuvre littéraire prenne sa dimension, il faut qu'elle ait un impact sur d'autres créateurs...    • ... ou entraîne un public, dans certains domaines, sur des voies précises, son créateur devenant « mage « (Hugo).    • Mais ce n'est pas encore une garantie de durée ni encore moins d'universalité, c'est-à-dire cet aspect d'éternité de ce que l'on appelle alors « un classique «.    • Qu'est-ce qui peut donc faire le succès, l'influence [ou] la durée d'une œuvre littéraire ?   

« • Mais il est aussi dû au fait que l'écrivain connaît bien l'essence de son public, est adapté à ses besoins, n'esquivepas son époque : Sophocle était bien l'« écho sonore », pour reprendre l'expression de Hugo, des Athéniens du ve siècle av.J.-C.

Même phénomène pour les Méditations de Lamartine (1820), L'Étranger de Camus, Sartre et le mouvementexistentialiste... II.

Influence • Cependant le succès ne correspond pas forcément à une véritable valeur. • Tantôt le succès, bien qu'événement réel, ne se confirme pas.

Ex.

: Béranger (Chansons) ou le poète Catulle-Mendès totalement oubliés maintenant (fin xixe siècle). • Tantôt l'approche des grandes œuvres est trop difficile pour qu'elles touchent le grand public, lequel estnécessaire au succès immédiat. • Voyons alors une autre possibilité : l'influence d'une œuvre littéraire. • L'influence correspond à une lente pénétration. • Elle peut porter sur une seule personne, un créateur qui découvre, entre autres, sa vocation par la rencontre avecune œuvre ; celle-ci devient « phare ». Ex.

: Augustin Thierry désire devenir historien en lisant Les Martyrs de Chateaubriand ; Claudel a la révélation de savocation poétique en découvrant Rimbaud... • Mais cette efficacité peut être bien plus vaste.

Certaines œuvres ont plus d'influence que de succès car leurascendant entraîne, crée ou confirme, allant jusqu'à la création d'un courant artistique.

C'est ordinairementlorsqu'elles comblent l'appel d'un mouvement littéraire. • Ainsi la Renaissance, qui arrive au moment où la poésie de la fin du Moyen Âge s'affaiblit (Grands Rhétoriqueursdont on trouve encore la trace chez Marot), fait naître un Ronsard, un Du Bellay, qui — le premier surtout — sontmiroirs et entraîneurs de toute une équipe, la Pléiade, et de tout un goût du public.

Cf.

l'admirable poème deBaudelaire, Les Phares, où sont mis en valeur de tels artistes qui sont à l'origine d' « Un ordre renvoyé par mille porte-voix ».

(Les Fleurs du mal) • On pourrait aussi citer Malherbe qui correspond au besoin d'ordre éprouvé par une partie du début du xvne siècle,mais qui sait le régir et l'organiser en expression. • Il s'agit donc d'un courant d'influence et de besoin à double sens.

Le créateur répond à une demande, la catalyse,l'exprime, puis la répand et parfois très loin dans le temps.

Valéry ou Francis Ponge se reconnaissent comme descendants du «Régenteur » des classiques (Cf.

livre de F.

Ponge : Pour un Malherbe, Gallimard).

Citer aussi les diverses écoleslittéraires, tel Leconte de Lisle et les Parnassiens. • D'autre part l'influence d'une œuvre a aussi des résonnances sur le public. • Elle correspond au besoin de certains de profiter en lisant, donc de se cultiver. Ainsi l'ambition de Voltaire est que le « philosophe » soit un homme utile, et que son œuvre soit profitable. • Dans l'ensemble une œuvre qui a de l'influence sur le public est celle qu'il attendait obscurément car elle sait bienexprimer ce que, lui, ne parvenait pas à dire.

Voilà qui explique l'importance de René (Chateaubriand) sur toute unegénération, car il peint le vague des passions qu'éprouvèrent tous les jeunes gens après la chute de l'Empire etl'inaction déçue qui s'ensuivit ; ils se reconnurent dans le héros du livre. • Mais l'influence de René est encore plus large, puisque son mal deviendra « le mal du siècle » qui se poursuitjusqu'au spleen baudelairien ; se renouvelle à travers les provocations des Surréalistes, nées de leur angoisse ; ounourrit le sentiment de l'absurde que développent Camus, Beckett ou Ionesco. • Enfin il peut s'agir d'une portée morale ou sociale de l'œuvre, celle dont Hugo pense que le poète doit avoirfonction de l'étendre, car il est « le rêveur sacré » qui va guider les peuples.

L'influence de l'œuvre hugolienne estjustement un bel exemple.

Péguy s'y réfère sans cesse. III.

Durée. »

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