Quels sont, à votre avis, le rôle et l'importance du cinéma, de la télévision, du disque, de la radio dans l'instruction et l'éducation d'un adolescent de nos jours ? Pensez-vous que ces moyens modernes soient appelés à remplacer progressivement le livre ? Appuyez vos remarques sur des exemples précis.
Publié le 12/05/2011
Extrait du document
DÉVELOPPEMENT
Conséquence de l'invention du papier puis de l'imprimerie, le livre à bon marché largement répandu a — ce que ne pouvaient faire les rares et coûteux manuscrits — constitué, pour la divulgation des connaissances, une première et capitale révolution. Durant plusieurs siècles il a été, par excellence, le plus précieux outil pour répandre l'instruction, l'enseignement oral prenant en général appui sur lui. Depuis une cinquantaine d'années, et particulièrement les vingt dernières, une seconde révolution s'accomplit. De nouveaux moyens, les uns purement auditifs, les autres auditifs et visuels, d'abord venus s'ajouter au livre, paraissent battre en brèche son privilège à un tel point qu'on peut se demander s'ils ne le supplanteront pas peu à peu.
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Grâce à sa propriété de pouvoir ralentir ou précipiter la prise de vues ou la projection, le cinéma permet d'étudier auralenti des mouvements rapides — par exemple le saut d'un athlète ou le vol d'un oiseau — et à l'accéléré desdéveloppements trop lents pour qu'on puisse aisément les observer ; ainsi en prenant un cliché tous les quartsd'heure, on peut, en moins d'une minute, montrer comment une fleur s'épanouit en deux jours.Même en nous bornant à ce qui est instructif, nous n'en finirions pas s'il nous fallait disserter sur tout ce que lecinéma nous apporte ; contentons-nous de citer quelques domaines dans lesquels il enrichit notre savoir :explorations polaires ou astronautiques, voyages dans les pays étrangers, visites de régions de notre France, demonuments historiques ou d'expositions, étude des moeurs des animaux, initiation aux découvertes scientifiques ouaux progrès techniques, reportages sur 'de miraculeuses opérations chirurgicales et aussi, malheureusement, sur desguerres ou des cataclysmes.Tout ceci touche aussi bien le grand public que les jeunes d'âge scolaire.
Mais il est des films qui, le plus souventavec la collaboration des pédagogues, sont conçus à l'intention des adolescents.
Tels sont, en particulier, ceux quisont destinés à l'enseignement des sciences, de l'histoire — surtout de l'histoire de l'art —, de la géographie.
Ils sedistinguent des précédents par leur caractère didactique.
Leur inconvénient est d'être coûteux.
Aussi les remplace-t-on souvent par des projections fixes.
Celles-ci qui, contrairement au cinéma, n'exigent qu'un appareil très simple,sont au surplus préférables à lui lorsque chaque image doit être accompagnée d'un substantiel commentaire duprofesseur.Pas plus que le disque ou la radio, le cinéma scolaire ne peut remplacer le livre.
Il se déroule trop rapidement pourlaisser dans la mémoire une impression suffisamment durable de tout ce qu'il convient de retenir.
D'ailleurs, de mêmeque les pièces de théâtre doivent auparavant avoir été lues, il est recommandable de ne passer un filmd'enseignement que lorsque la leçon qui s'y rapporte a déjà été faite, et mieux encore, quand les élèves l'ont déjàétudiée sur leur livre.Reste la télévision.
C'est la dernière née, puisqu'elle n'a vu le jour qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale ;ces dernières années, elle s'est perfectionnée par l'introduction, jusqu'ici partielle, de la couleur.
Elle cumule lesavantages de la radio et du cinéma.
Grâce à elle, nous sommes informés des événements les plus importants,-souvent très instructifs, comme si nous y avions assisté, et, sans avoir à nous rendre dans une salle de spectacle,nous pouvons occuper nos soirées et nos dimanches à suivre des émissions récréatives, dramatiques ou culturelles.Les premières intéressent peu notre sujet.
Des secondes, il nous faut retrancher celles où figure le rectangle blanc.Les' autres sont de qualité inégale.
Seules ne risquent pas de nous décevoir les oeuvres que le temps a consacréesou dont la valeur est unanimement reconnue.
De temps à autre, nous avons le plaisir de voir une de celles que nousavons étudiées en classe.
Quant aux troisièmes, elles nous laissent en général l'agréable impression d'unenrichissement intellectuel ; on peut seulement regretter qu'elles soient trop souvent placées à une heure tardive.Nous ne les énumérerons pas afin de ne pas avoir à répéter ce que nous avons déjà dit à propos de la radio ou ducinéma.
Est culturel tout ce qui satisfait notre désir de nous instruire et notre goût du beau.De même que la radio, mais avec plus d'effet que celle-ci puisqu'elle frappe l'oeil en même temps que l'oreille, latélévision consacre une partie de ses émissions de la journée à l'enseignement scolaire.
Une leçon télévisée tientlieu à la fois de cours magistral et d'illustration, tandis que le « petit écran » sert également de tableau noir.Néanmoins, et même en admettant que l'étude préalable ne soit plus ici indispensable, le livre reste encorenécessaire pour fixer les notions acquises.
Au surplus, quel outil nous permettra de faire nos révisions en vue descompositions ou des examens sinon le livre ?On voit donc que, si les moyens que nous venons de passer succinctement en revue apportent une contributionconsidérable à l'instruction et à l'éducation des adolescents, ils ne peuvent supplanter le livre qui, par sa vastesubstance, son bas prix, son faible volume, sa relative solidité, sa maniabilité, sa permanence est l'instrument le pluspratique et le plus sûr pour acquérir de solides connaissances, et surtout pour les rappeler à tout instant à lamémoire.
Quelque développement que puissent prendre les moyens audiovisuels dans l'enseignement de demain, ilnous paraît plus que douteux qu'ils parviennent à rendre inutile l'usage du livre.
La presse parlée a-t-elle faitdisparaître la presse écrite ?Il semble bien, au contraire, qu'on n'ait jamais acheté plus de livres qu'à notre époque.
Et nous ne parlons pas des «dévoreurs » de romans à bon marché, ni des amateurs, de plus en plus nombreux, de livres rares ou de grand prix,mais de ceux qui s'instruisent surtout par le livre, soit pour leurs études, soit pour enrichir leur savoir.De surcroît, il est bien des cas où le livre est irremplaçable.
Imagine-t-on par exemple que le texte d'un roman deBalzac puisse être intégralement lu à la radio ? Une telle diffusion, faite à un rythme qui ne vous laisserait aucunrépit, deviendrait vite lassante.
Seul le livre permet une lecture prolongée, d'abord parce qu'elle est silencieuse,ensuite et surtout parce que vous pouvez la faire à la cadence qui vous convient, avec de nécessaires pauses ouretours en arrière.
Seul encore il vous permet de vous arrêter à votre guise pour goûter la puissance d'uneimagination, l'originalité d'un style, la solidité ou la finesse d'une argumentation, la profondeur ou la subtilité d'unepensée, l'harmonie d'une phrase, la beauté d'un vers, la richesse d'une image, la force d'une antithèse, la valeurexpressive d'un mot.
Le livre sera toujours le meilleur outil pour servir au développement du sens de l'esthétiquelittéraire, laquelle, même dans une société mécanisée, et, peut-être, surtout dans une telle société, devra rester undes fleurons de la culture..
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