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Quels rapports Valéry établit-il ici entre le langage usuel et le langage poétique ? Quelle analyse fait-il de l'origi¬nalité du langage poétique ? Que pensez-vous des idées exprimées par Valéry dans ce texte ?

Publié le 11/09/2014

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TEXTE

Tout à l'heure, je parlais de la production du charme, et voici que je viens de prononcer le nom de miracle; et, sans doute, ce sont des termes dont il faut user discrètement à cause de la force de leur sens et de la facilité de leur emploi ; mais je ne saurais les remplacer que par une analyse si longue, et peut-être si contes­table, que l'on m'excusera de l'épargner à celui qui devrait la faire comme à ceux qui devraient la subir. Je demeurerai dans le vague, me bornant à suggérer ce qu'elle pourrait être. Il faudrait faire voir que le langage contient des ressources émotives mêlées à ses propriétés pratiques et directement significatives. Le devoir, le travail, la fonction du poète sont de mettre en évidence et en action ces puissances de mouvement et d'enchantement, ces excitants de la vie affective et intellectuelle, qui sont confondus dans le langage usuel avec les signes et les moyens de communication de la vie ordinaire et superficielle. Le poète se consacre et se consume donc à définir et à construire un langage dans le langage ; et son opération, qui est longue, difficile, délicate, qui demande les qualités les plus diverses de l'esprit, et qui jamais n'est achevée comme jamais elle n'est exactement possible, tend à constituer le discours d'un être plus pur, plus puissant et plus profond dans ses pensées, plus intense dans sa vie, plus élégant et plus heureux dans sa parole que n'importe quelle personne réelle. Cette parole extraordinaire se fait connaître et reconnaître par le rythme et les harmonies qui la soutiennent et qui doivent être si intimement et même si mystérieusement liés à sa génération que le son et le sens ne se puissent plus séparer et se répondent indéfiniment

dans la mémoire.                                  VALÉRY, Variétés II, Gallimard.

Si la vision que Valéry nous propose rend au langage poétique sa puissance émotionnelle, certains aspects de sa pensée demeurent cependant quelque peu obscurs.

Valéry différencie fondamentalement langage poétique et langue usuelle : cependant si cette dernière contient en elle-même des « ressources émotives «, nous devons admettre qu'elle n'est pas d'une nature étrangère à celle de la poésie. La preuve en est qu'un langage très proche de celui de la conversation peut 

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« ro8 TEXTES ABSTRAITS Quels rapports Valéry établit-il ici entre le langage usuel et le langage poétique ? Quelle analyse fait-il de l'origi­ nalité du langage poétique ? Que pensez-vous des idées exprimées par Valéry dans ce texte ? COMMENTAIRE PROPOSÉ INTRODUCTION Dans ce texte, un peu obscur à la première lecture, Valéry tente de définir la tâche du poète en dégageant le rôle du langage poétique.

Son analyse s'amorce à partir de la notion de «charme» - au sens premier du terme - qui résume assez bien la concep­ tion que se fait l'auteur de la poésie.

Il exprime à cette occasion les rapports qui unissent et différencient à la fois le langage usuel et le poème.

C'est à une réflexion fondamentale sur la poésie que se livre l'auteur.

1.

LES RAPPORTS DU LANGAGE USUEL ET DU LANGAGE POÉTIQUE Ces rapports sont résumés dans cette formule : « la poes1e constitue un langage dans le langage».

Autant dire que le langage usuel est essentiel, que c'est à partir de lui que la création poétique est possible.

D'autre part le langage poétique se nourrit du premier tout en constituant un ensemble radicalement différent.

Reste à savoir comment ce phénomène est rendu possible.

Valéry l'explique ainsi : «le langage contient des ressources émotives, mêlées à ses propriétés pratiques et directement signi­ ficatives ».

La langue usuelle poursuit en effet un but pratique évident : permettre aux hommes de communiquer dans la vie courante, mais elle est également chargée d'une puissance d'émo­ tion habituellement inemployée.

Le langage poétique se constitue à partir de cette seconde faculté pour s'adresser à la vie sensible et émotive des individus.

Le langage usuel constitue donc la matière dont la poésie se nourrit mais qu'elle transcende par le choix de son inspiration.

Leurs rapports présentent donc ) 'inconvénient d'être unilatéraux : ) 'élément sublimé abandonne les autres.

Valéry n'envisage donc pas le devenir de la poésie.

Pourtant nous pouvons penser que celui-ci joue un rôle dans la langue usuelle : nous en avons 'un exemple dans l'expression. »

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