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Quelles sont les spécificités du fantastique kafkaïen ?

Publié le 05/08/2014

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Quelles sont les spécificités du fantastique kafkaïen ?

À mi-chemin entre naturel et surnaturel, réel et imaginaire, le fantastique met en corrélation les fantasmes de l'inconscient et un système de représentations régi par la conscience. Quelles sont dans Le Procès les caractéristiques de cette inspiration devenue un mode d'expression ? Comment Welles traduit-il ce processus imaginaire ?

« une confusion entre ce qui est fortuit et ce qui est choisi.

Le fantastique se signale par la perversion des catégories rationnelles.

Admirateur des cinéastes allemands des années 1920, Welles redécouvre les codes esthétiques de l'expressionnisme tout en leur adjoignant les techniques de son époque et les marques de son style personnel.

Il convie le spectateur à décoder un langage, à regarder à distance des stéréotypes culturels.

Le traitement de l'anormalité Qu'est-ce qui paraît anormal dans le roman? Le fantastique atteint les lieux et les relations entre les êtres.

Plusieurs espaces sont marqués par l'exiguïté : la chambre de Titorelli, la chaire, la place concédée à K.

au tribunal.

Deux d'entre eux sont des lieux de parole : l'orateur est dans une position intenable.

Affectant les lieux et les person­ nes, certaines associations paraissent étranges : laver son linge dans les couloirs du tri­ bunal, faire l'amour en plein prétoire, martyriser dans les coulisses de la banque ...

Kafka donne l'impression de multiplier les scènes délirantes.

Mais chaque situation n'est-elle pas la traduction imagée et hyperbolique de ce que le quotidien donne à voir? Une confusion entre le privé et le public, des relations d'oppression dans l'univers du travail, de prétendues lois qui servent des intérêts particuliers, des codes censés respecter l'éthique et un pouvoir qui assouvit les passions d'une minorité privilégiée.

Ce type de fantastique ne relève pas du délire, il sert d'initiation à la conscience.

Ni inspiration, ni finalité, il est un moyen, une stratégie qui permet de révéler les intentions, d'élucider les situations.

Il constitue une explicitation détournée.

Ill.

Les limites du fantastique Un fantastique partiel Kafka ne recourt au surnaturel que dans la parabole, avec la lumière mystique.

Dans les autres situations, il maintient en permanence un substrat normal.

Alors que Maupassant jette le doute dans Le Horla, accréditant l'invraisemblable, Kafka procède différemment : lors du retour à la maison, tout semble comme à l'ordinaire, mais les propos échangés avec la logeuse ou les photos dérangées chez la voisine prouvent que la scène du matin a bien eu lieu.

Tout ne se dérègle pas : la banque reste un espace neu­ tre, avec ses activités, sa hiérarchie.

K.

ne bascule pas dans un autre monde.

Un fantastique montré et analysé Par nécessité, le point de vue subjectif conduit à adhérer à la vision de K.

Si le personnage de Maupassant est dans un rapport de fascination, si, prisonnier de son fantasme, il subit le scénario imaginaire, le héros kafkaïen est dans une recherche de compréhension : il s'interroge et analyse.

Les premières pages en témoignent : « Qui êtes-vous? » « Je voudrais bien savoir » (p.

24-25); les dernières le confirment avec la longue succession d'interrogatives.

Kafka présente l'illusion et reste dans l'am­ biguïté.

Maupassant s'adresse à l'imaginaire du lecteur : l'histoire se présente comme un divertissement qui aurait pour fonction la catharsis, la libération des fantasmes.

Avec Kafka, c'est la conscience qui est alertée : la lecture devient déchiffrage des signes, construction du sens.

Il s'agit d'un processus intellectuel.

Welles semble par­ ticiper des deux tensions : par l'image, il impressionne l'imaginaire, il manœuvre; dans le même temps, il fait voir, il dévoile, il initie.. »

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