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Quelles réflexions vous suggèrent ces considérations de Marcel Proust sur les rapports d'un écrivain avec le lecteur de son ouvrage ? « L’écrivain ne dit que par une habitude prise dans le langage insincère des préfaces et des dédicaces : « mon lecteur ». En réalité, chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L’ouvrage de l’écrivain n’est qu’une espèce d’instrument optique qu’il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que, sans ce livre, il n’eût p

Publié le 03/11/2016

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proust

fantasmes, rêves, souhaits sur l’ouvrage lu, est une véritable complaisance à l’égard de soi-même.

 

Certes on est alors « le propre lecteur de soi-même », car on se voit à travers la lecture tel qu’on veut se voir et on ne voit que ce que l’on veut voir. C’est alors la possibilité de se goûter, non se connaître, qui est offerte par le livre (noter ici certaine complaisance, démagogie d’auteurs flattant les goûts du public).

 

Facilité..., que celle de retrouver le reflet de ses émotions ! Telle Pomme dans La Dentellière de Pascal Lainé qui ne retient dans ce qu’elle lit que les éléments sentimentaux et superficiels choisit des petits romans faciles.

 

Même si l’on fait un certain effort, n’y a-t-il pas complaisance à être « le propre lecteur de soi-même », i.e. « mépriser le détail du texte au profit des vagues images qu’il fait lever dans l’inconscient ». (Senninger) ?

 

C’est le contraire de se connaître, car au lieu de s’enrichir, c’est stagner en soi.

 

Forme de paresse d’esprit ou de laisser-aller : mollesse de l’âme.

 

Alors l’expression « mon lecteur » est bien plus vraie que simple « langage de [...] préfaces et de [...] dédicaces », car le lecteur est pris par l’écrivain et son ouvrage, là où il désire précisément se voir prendre : toute la partie de lui-même que rebute l’effort intellectuel et critique réels -ne parlons pas de l’artistique : tant de lecteurs semblent totalement ignorer qu’un livre digne de ce nom est œuvre d’art !

proust

« 252 Fra nçais, préparation au bac 85 • Les rapports d'un écrivain, de son ouvrage, avec le lecteur qu'ils accueillent, variés, complexes, ne suggè­ rent -ils pas des réflexions diverses, nuancées, peut-être même contradictoires ? 1.

Livre = « espèce d'instrument optique » ? • Que cherche souvent un lecteur dans sa lecture ? • Au sens premier du terme «l'ouvr age ( ...

] ins trument optique » = élément qui permet de voir mieux, ...

de conna ître? • L'homme a tou jours eu soif de savoir.

• Le livre peut lui appor ter une docum entation, être moyen de connaiss ance, tels sont les livres techn iques, scienti fiques, médicaux, historiques appor tant des faits.

• Il com plète le savoir qui est une première manière de complé ter l'esprit, de perfec tionner le raisonne ment, de « disc erner » (sens étymolo gique de voir (11 latin cerno = voir, regarder) de regarder de tous côtés, tous les détai ls).

• Ce qu'appor te alors l'ouvr age au lecteur et que le lec­ teur demande à l'a uteur est « la transmission écrite d'in­ fo rmati ons » (A.

Maur ois).

• La sacral isation actuelle par les jeux radiophoniques ou télévisés d'un savoir minutieux sur des points très pré­ cis donne alors au lecteur, lorsqu'il l'acquiert par l'inter­ médiaire du livre, l'illusion d'un perfec tionnement de soi qui est seulement une augme ntation du bagage mémorisé.

• A la limite : pédantisme ; demi -culture qui permet d'éblouir les autres et soi-même cf Pangloss dans Can­ dide (Voltaire).

• Pas plus profitable que la simple recherche dans un livr e de renseignements pratiques tels que : comment se servir de tel objet, comment le réparer ? • A la fois curiosité superficielle et vision utilitaire.

• Mais l'écri vain la plupar t du temps est le créateur d' histoires, ou de romans, de pièces de théâtre, de poé­ sies, toutes œuvres fictives.. »

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