Quelle importance et quelle signification accordez-vous à Circé dans les chants V à XIII de « L'Odyssée » ?
Publié le 07/10/2018
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Le personnage même de la sorcière (ou de la magicienne) a toujours été empreint d'une délicieuse ambiguïté : revêtant mille masques au cours des siècles et selon les cultures, elle a toujours été un objet de fascination et/ou de crainte séculaires. Représentation parfaite de la malveillance diabolique faite femme, l'image même de la sorcière s'est progressivement nuancé et a évolué jusqu'au vingtième siècle, époque où les grands mythes ont été revisité par des auteurs comme Cocteau, Camus, Giono ou Giraudoux qui leur ont conféré une signification et une sensibilité plus poussées. La sorcière, au-delà de ses oripeaux et de son aura quasi surnaturelle, peut être considérée comme un symbole féministe fort, au sens où elle est une femme solitaire, indépendante, pleine de ressources, intelligente et complexe, usant de ses talents, de son charme et de son corps comme elle l'entend, se plaçant ainsi en marge d'une société foncièrement patriarcale où la femme, si elle n'est ni prêtresse, ni épouse, ne détient aucun droit... Circé traduit et incarne à merveille cette ambivalence : mi-inquiétante, mi-rassurante ; d'abord effrayante, puis séduisante ; tout à tour cruelle puis bienveillante ; à la fois repoussante et attirante. Son image est d'autant plus brouillée que les Romains, qui se sont réappropriés les anciens mythes grecs, ont fait d'elle un personnage fondamentalement mauvais, une intrigante dénuée de remords et sans une once de pitié ou de scrupule (elle devient ainsi responsable - entre autres - de la transformation de Scylla, qui était convoitée par le dieu Glaucon dont elle était elle-même amoureuse.). Présentée comme une sorcière « classique », au sens où elle renvoie à l'image que l'on se fait généralement de ce type de personnage, c'est-à-dire perfide et démoniaque ; elle va se révéler une aide précieuse et avisée. Après avoir été le côté sombre de la femme, elle en assume la face lumineuse et protectrice. Outre cela, et en « prélude » (pourrait-on dire) à Calypso, Circé symbolise également la tentation, à laquelle Ulysse ne manquera pas de céder par ailleurs : humaine et désirable de par son corps, mais puissante et immortelle de par sa nature (Homère la désigne comme une déesse, ce qui n'est ni repris ni avéré par les autres auteurs qui ont employé le personnage) ; elle ne peut que séduire Ulysse, qui est lui-même un être humain mais semblable aux dieux de par sa ruse (ce qu'Athéna elle-même ne manquera pas de souligner).
«
séduction de Circé qu’après lui avoir fait jurer le grand
serment des dieux – qui est inviolable – de ne plus rien
tenter contre lui), ainsi que son sens de la camaraderie
puisqu’il sauvera ses compagnons du joug de la magicienne.
Il
n’est pas non plus déplacé d’avancer la thèse selon laquelle
Circé, une fois vaincue, est séduite par Ulysse parce qu’elle
le voit comme différent, « supérieur » aux autres hommes, si
faibles et si facilement influençables.
Circé occupe par
conséquent un rôle crucial dans L’Odyssée, puisqu’elle
justifie d’une part la condition de surhomme d’Ulysse ; et que
ses actes auront des conséquences au
cours des autres chants et qu’ils permettront à Ulysse
d’avancer dans sa quête et de voir son parcours se préciser.
Le personnage même de la sorcière (ou de la magicienne) a
toujours été empreint d’une délicieuse ambiguïté : revêtant
mille masques au cours des siècles et selon les cultures, elle
a toujours été un objet de fascination et/ou de crainte
séculaires.
Représentation parfaite de la malveillance
diabolique faite femme, l’image même de la sorcière s’est
progressivement nuancé et a évolué jusqu’au vingtième siècle,
époque où les grands mythes ont été revisité par des auteurs
comme Cocteau, Camus, Giono ou Giraudoux qui leur ont conféré
une signification et une sensibilité plus poussées.
La
sorcière, au-delà de ses oripeaux et de son aura quasi
surnaturelle, peut être considérée comme un symbole féministe
fort, au sens où elle est une femme solitaire, indépendante,
pleine de ressources, intelligente et complexe, usant de ses
talents, de son charme et de son corps comme elle l’entend, se
plaçant ainsi en marge d’une société foncièrement patriarcale
où la femme, si elle n’est ni prêtresse, ni épouse, ne détient
aucun droit… Circé traduit et incarne à merveille cette
ambivalence : mi-inquiétante, mi-rassurante ; d’abord
effrayante, puis séduisante ; tout à tour cruelle
puis bienveillante ; à la fois repoussante et attirante.
Son
image est d’autant plus brouillée que les Romains, qui se sont
réappropriés les anciens mythes grecs, ont fait d’elle un
personnage fondamentalement mauvais, une intrigante dénuée de
remords et sans une once de pitié ou de scrupule (elle devient
ainsi responsable – entre autres – de la transformation de
Scylla, qui était convoitée par le dieu Glaucon dont elle
était elle-même amoureuse…).
Présentée comme une sorcière «
classique », au sens où elle renvoie à l’image que l’on se
fait généralement de ce type de personnage, c’est-à-dire
perfide et démoniaque ; elle va se révéler une aide précieuse
et avisée.
Après avoir été le côté sombre de la femme, elle en
assume la face lumineuse et protectrice.
Outre cela, et en «
prélude » (pourrait-on dire) à Calypso, Circé symbolise
également la tentation, à laquelle Ulysse ne manquera pas de
céder par ailleurs : humaine et désirable de par son corps,
mais puissante et immortelle de par sa nature (Homère la
désigne comme une déesse, ce qui n’est ni repris ni avéré par
les autres auteurs qui ont employé le personnage) ; elle ne
peut que séduire Ulysse, qui est lui-même un être humain mais
semblable aux dieux de par sa ruse (ce qu’Athéna elle-même ne
manquera pas de souligner).
2.
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