Quelle connaissance la science nous donne-t-elle de la réalité ?
Publié le 10/02/2011
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Le programme de la classe de Sciences Expérimentales comme celui de la classe de Philosophie-Lettres comporte le problème de la valeur de la science. Cette question se pose tout naturellement au terme de l'étude de la philosophie des sciences, mais pour traiter ce sujet, le candidat doit s'appuyer sur d'autres parties de son cours, notamment sur le chapitre concernant la vérité et aussi (en Sciences expérimentales) sur le chapitre consacré aux rapports de la Science et de la Philosophie. Plan proposé Introduction. Rappeler la loi des trois états d'Auguste Comte et les espoirs mis en la science par le positivisme d'abord, puis par ce qu'on appelle le scientisme. Les explications théologico-métaphysiques, qui prétendaient atteindre l'absolu, ne parvenaient pas à réaliser cet accord des esprits à quoi l'on reconnaît qu'une connaissance est certaine. Les explications positives de la science, au contraire, semblent s'imposer à tous et être hors de discussion. On pourrait donc croire que la science, et la science seule, nous donne du réel une connaissance véritable. Toutefois, dès la fin du XIXe siècle, certains auteurs dénoncent ce que Brunetière appelle « la faillite de la science «. Emile Boutroux, déjà (De la contingence des lois de la nature, 1874), pensait que «le point de vue de l'entendement «, qui est celui de la science, n'était pas « le point de vue définitif de la connaissance des choses «. Après lui Bergson et ses disciples insisteront sur les insuffisances de la connaissance scientifique. Nous allons nous demander d'abord en quoi consiste cette connaissance scientifique pour déterminer ensuite dans quelle mesure elle nous permet d'atteindre la réalité.
I. — Préparation du sujet 1. Comprenons d'abord le sens des termes. Voici merveille: voici une chose étonnante, qui ne s'explique pas. Montaigne, bien que sceptique, fait la part à l'irrationnel. Juges et interprètes de poésie: c'est ce que nous appellerions aujourd'hui critiques, la critique étant l'art de juger les productions littéraires. Quant à interprètes, nous songeons plutôt aux personnages que les Grecs appelaient rhapsodes, c'est-à-dire récitants, toute bonne récitation étant fonction d'une parfaite connaissance du texte et des m3yens mis en œuvre Montaigne n'emploie jamais de synonymes.
«
mathématicien est la seule qui satisfasse pleinement la raison.
Aussi voit-on que le savant cherche toujours àconsidérer son objet sous un aspect mathématique, c'est-à-dire à substituer des déterminations quantitatives à desdonnées qualitatives.
C'est ainsi qu'à des notions vagues et subjectives comme sont les notions de froid, de tièdeou de chaud on substitue des degrés mesurables, c'est-à-dire des notions précises et objectives.
Les sensationsque nous éprouvons sont vagues et subjectives précisément parce qu'elles sont qualitatives ; le mesurable est aucontraire précis et objectif parce qu'il relève de la raison et non de la sensibilité.
C'est pour cela que Poincaré disaitdes Mathématiques qu'elles fournissent au Physicien « la seule langue qu'il puisse parler ».
C'est pour cette mêmeraison que Descartes voulait que toutes nos connaissances eussent la forme mathématique et rêvait d'une sciencedont les démonstrations fussent à l'image de « ces longues chaînes de raison toutes simples et faciles dont lesgéomètres ont coutume de se servir pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations ».
Cette idée d'une «mathématique universelle » semble s'être en partie réalisée puisqu'on parle aujourd'hui d'Astronomie mathématique etde Physique mathématique, et que d'une façon générale les mathématiques semblent jouer un rôle de plus en plusimportant dans toutes les sciences.
Mais la question est de savoir dans quelle mesure cette intervention desMathématiques, si caractéristique de la science, ne traduit pas le caractère artificiel de la connaissancescientifique.
II.
— La science et le réel.
a) La critique nominaliste de la science.
On peut se demander en effet si les caractères, les principes et les tendances de la science, tels que nous venonsde les définir, ne la condamnent pas à laisser échapper toujours quelque aspect essentiel de la réalité.
Le réel, telqu'il nous est donné dans l'expérience sensible, est contingence, diversité, multiplicité.
La réduction du multiple àl'un ne peut se faire qu'en négligeant certains aspects de la réalité donnée, et notamment son aspect qualitatif.
Demême on ne peut aller du divers à l'identique qu'en faisant abstraction des caractères qui font de chaquephénomène un phénomène original et unique.
La connaissance scientifique suppose donc un appauvrissementcontinu du réel dont on ne retiendrait que les déterminations quantitatives.
D'autre part, cette nécessité que lascience cherche à découvrir dans les choses est à la fois artificielle et insuffisante : elle est insuffisante parcequ'elle nous fait connaître le « comment » et non le « pourquoi » des phénomènes; elle est artificielle parce qu'ellerépond à une exigence de notre pensée plutôt qu'à la nature profonde des choses.
C'est en effet précisément parcequ'elle est l'œuvre de l'intelligence que la connaissance scientifique, selon Bergson, n'atteint pas la réalité.L'intelligence est née des besoins de l'action, des nécessités vitales, et par suite elle ne saisit du monde quel'aspect par lequel il se prête le mieux à notre action.
Par là s'expliquent les principes de la connaissancescientifique, qui ne sont, en définitive, que des habitudes de penser contractées par l'esprit dans son effort pourdominer le monde.
Et Poincaré pouvait résumer ainsi la thèse d'un disciple de Bergson, E.
Le Roy : « La science nepeut rien nous apprendre de la vérité; elle ne peut nous servir que de règle d'action.
» C'est cette thèse quiconstitue le « nominalisme scientifique ».
Selon elle, c'est à l'intuition et non à l'intelligence, c'est-à-dire à laphilosophie et non à la science, qu'il faudrait demander la véritable connaissance du réel, celle qui, pénétrant àl'intérieur même des choses, atteindrait l'absolu.
b) Le rationalisme et la science.
Poincaré cependant faisait déjà remarquer qu'on ne peut échapper à ce dilemme : « ou bien la science ne permetpas de prévoir, et alors elle est sans valeur comme règle d'action; ou bien elle permet de prévoir d'une façon plus oumoins imparfaite, et alors elle n'est pas sans valeur comme moyen de connaissance.
» Il semble, en effet, difficile derefuser à la science toute valeur théorique si on lui reconnaît une valeur pratique : une connaissance ne peut nousdonner prise sur les choses que si elle découvre quelque chose de leur réalité.
Ce qui semble vrai c'est que laconnaissance scientifique n'a pas une valeur absolue.
A moins d'admettre avec Hegel qu'il y a identité parfaite entrele réel et le rationnel, il faut avouer que la réalité telle que la science la saisit n'est pas la réalité-en-soi mais laréalité-pour-nous, ou, pour employer les termes kantiens, n'est pas la réalité nouménale mais seulement la réalitéphénoménale.
S'il faut en croire Kant, en effet, l'esprit humain est ainsi fait qu'il ne peut saisir le monde qu'à traverscertains cadres qui sont de lui, espace, temps, catégories de la quantité, de la relation, etc...
Ces cadres a priorisont comme des lunettes au travers desquelles nous voyons les choses, et par suite nous ne pouvons savoir ce quesont les choses indépendamment de la manière dont nous les connaissons.
En d'autres termes, les exigencespropres de la pensée, qui sont les exigences de l'esprit scientifique, imposent au réel une certaine forme en dehorsde laquelle il reste pour nous inaccessible.
Il est, en effet, douteux que la raison puisse, comme le voudrait Bergson,faire abstraction de ses propres lois, de son intime structure, pour découvrir le réel dans sa pureté.
Le réel n'estfinalement pas autre chose pour nous que « le contenu de la représentation qu'élabore l'esprit dans son effort pourcomprendre » (Mouy).
Et si la matière de cette représentation est donnée par les choses, sa forme est donnée parl'esprit.
c) Les limites de la connaissance scientifique.
Il en résulte qu'il ne faut pas définir la vérité par la réalité mais au contraire la réalité par la vérité.
Il ne saurait yavoir « adéquation de l'esprit et de la chose » (adaequatio rei et intellectus), parce que la chose n'est pas donnéemais construite par l'esprit.
Le réel, c'est ce que découvre une connaissance conforme aux exigences de l'esprit.
Ence sens, on peut dire que c'est la connaissance scientifique qui définit la réalité.
Ce qui caractérise en effet laconnaissance scientifique, ce qui la distingue de la connaissance vulgaire, c'est qu'elle respecte mieux les exigencesde l'esprit.
Et il est curieux de constater que cela est le point de vue même du sens commun qui fait confiance à la.
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