Devoir de Philosophie

Quel rôle l'amour et la mort jouent-ils dans la tragédie ? Shakespeare - Roméo et Juliette

Publié le 05/12/2019

Extrait du document

amour

Adversaire du héros, la mort est d'autant plus redoutable qu'elle l'assiège de l'intérieur. Le mal-être de Roméo semble provenir du fait qu'il porte en lui la haine et la mort. Il est à lui seul tout le drame. Il éprouve comme un dégoût de son corps : « [ ...] que je mette à sac/Cette maison que j'abhorre » (III, 3, v. 106-107). Cette répulsion trouve son origine dans la Bible : « Retourne-toi, sombre glaise » (II, 1, v. 2). C'est de cette haine du corps, impureté dont le baiser de Juliette le purifie, que la mort peut le tenter de s'affranchir. Stratège, la mort retourne contre Roméo l'arme qu'il lui destinait. La pulsion de mort qui le hante le fait passer avec la même précipitation, la même violence, du poignard au poison. Roméo meurt de ne pas s'aimer.

amour

« 34 «m orte vivante », mentionné par Boccace dans Le Décaméron, est la ruse perfide dont la mort se sert pour triomphe r.

Dans ce duel inégal, l'amant trompé succombe à l'il lusion.

Rom éo, aman t de la mor t Adversaire du héros, la mort est d'autant plus redoutable qu'eUe l'assiège de l'in­ térieur.

Le mal- être de Roméo semble provenir du fait qu'il porte en lui la haine et la mort.

Il est à lui seul tout le drame.

Il éprouve comme un dégoût de son corps : « [ ...

] que je mette à sac/Cette maison que j'abhorre » (III, 3, v.

106-107).

Cette répulsion trouve son origine dans la Bible: «R etourne-toi, sombre glaise» (II, 1, v.

2).

C'est de cette haine du corps, impureté dont le baiser de Juliette le purifie, que la mort peut le tenter de s'aff ranchir .

Stratège, la mort retourne contre Roméo l'arme qu'il lui destinait.

La pulsion de mort qui le hante le fait passer avec la même précipitation, la même violence, du poi gnard au poison.

Roméo meurt de ne pas s'aim er.

Ill.

la portée symbolique de l'affrontement La mort, emblème de la passi on Né de la blessure qu'infligent les yeux, l'amour ne peut subsister en dehors du regard.

La dramatisation autour de l'exil est éloquente.

Le mot « banni » résonne pour les amants comme un arrêt de mort.

Juliette aurait préféré que ses parents meurent ; pour elle, l'exil signif ie l'anéantissement : «C 'est père, mère, Tybalt, Roméo et Juliette ;/Tous sont morts [ ...

] » (III, 2, v.

123- 124).

À la scène suivante, Roméo reprend en écho : « [ ...

] "Banni" ?/Ô mon Père, c'est le mot des damnés en enfer » (III, 3, v.

46-47).

Cet amour, blessure de l'âme dès le premier regard, est passion, dans le sens où il est subi.

Il a la même promptitude, la même violence, le même caractère exclusif que la haine.

Tybalt ne fait que haïr, Roméo ne peut qu'aimer.

Réfractaires à la raison, ces passions, manifestation de l' hybris, vouent leurs adeptes à la marginalité et à la destruct ion.

Une catharsis de la cité ? Comme Thèbes affligée de la peste, Vérone est le théâtre de combats immémo­ riaux -« Des fatales entrailles de ces races rivales » (prologue, v.

5).

Avec les héros, c'e st l'élite de l'aristocratie véronaise qui se trouve décimée.

Des hommes jeunes et vigoureux disparaisse nt: Mercutio, Tybalt, Pâris.

Sur la cité, s'élève «un soleil endeuil lé» (V, 3, v.

306).

Telle l'Argos de Sartre envahie par les mouches (Les Mou­ ches, 1943), Vérone fait partie de ces cités que le mal accable de façon endémique.

Ce mal, c'est la haine.

La mort des amants est comme un tribut apporté à cette guerre, le dernier rituel qui purge la communauté de ses passions.

Victimes de la haine, les amants, permettent que, par la mort, Vérone revienne à la vie.

L'af frontement d'Éros et de Thanatos est le duel qui transcende tous les autres.

Il se révèle plus complexe.

La haine s'oppose à l'a mour, la mort à la vie.

Si la haine est du côté du trépas, Shakespeare montre que la passion est, elle aussi, mortif ère.

Pour que la vie triomphe, il faut que la passion, contraire aux normes du corps social, soit éliminée.

Ne pouvant la condamner, le dramaturge la transforme en mythe.

EIIe sera rêve parmi les hommes, songe comme l'est la vie, illusion comme le théâtre.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles