Quel message de sagesse nous est livré par La Fontaine dans ses Fables, et par quels moyens?

« ,,~~' procédés plaisants.

Les coups du sort, l'irruption d'un tiers, d'un évé­ nement qui sèment le désordre, confèrent au récit sa vivacité (le poète se plaît à le souligner par des effets de rythmes, des changements de mètres).

Ainsi La Fontaine transforme deux lois terribles, qui gouvernent l'ordre uni­ versel, en procédés littéraires et poétiques qui procurent plaisir et gaieté.

Un itinéraire de la sagesse: quelle conduite adopter? La Fontaine nous montre toutes sortes d'attitudes qui sont autant de manières d'échapper physiquement, ou par la pensée et l'imagination, à la noirceur du monde.

Fuir? Divers comportements d'esquive reviennent continuellement dans les fables.

Ils définissent une tactique individuelle, amorce d'une conduite morale, d'une sagesse ayant une valeur plus générale: -utiliser la ruse, la prudence, la parole détournée ou mensongère (le Renard en VII, 1 ; le Cerf en VIII, 14 etc.) ; - se retirer du monde (le Rat en VII, 3), chercher refuge en des lieux échappant à la violence du monde (XII, 15), à son agitation (XI, 4).

-se réfugier dans le songe et le rêve: mieux vaut rêver d'être roi (VII, 9) que de l'être! Car la rêverie réalise dans la douceur et l'euphorie (VII, 9) ce qui dans le monde réel s'accomplit violemment.

Le cheminement.

C'est un motif important dans les Fables.

Les person­ nages cherchent leur route, partent à l'aventure, voyagent de concert, « tra­ fiquent», s'embarquent...

autant de variations sur un même motif.

Ce motif traverse notamment le livre XII (fables 4, 7, 10 et 29).

À l'image des per­ sonnages qui cherchent leur voie dans un monde semé d'obstacles et d'illu­ sions, le lecteur est amené à tailler sa propre route à travers les }àbles.

Quand un principe de conduite est envisagé, il l'est en effet selon des angles divers, contrastés: ainsi l'attitude consistant à« se retirer du monde» (voir Thème d'entretien 3, p.

92: comment le motif de la solitude est traité selon une progression qui le valorise sans en masquer les dangers).

La visée ultime: le lieu utopique de la sagesse.

Dans un monde qui est sous l'emprise de l'agitation et des passions humaines, l'homme sage s'ef­ force de trouver la bonne place.

Le parcours des Fables accomplit ce trajet: la fable 29 du livre XII nous fait atteindre le lieu de la sagesse, lieu uto­ pique, (voir Texte 9, p.

82), entrevu auparavant (voir Texte 8, p.

75) mais où l'on se fixe définitivement, où l'on s'arrête.

Ce lieu reflète un état inté­ rieur: la quiétude.

II s'ouvre sur une recherche intérieure et renvoie cha­ cun à l'exercice libre de la réflexion.

Enfin, il n'exclut pas le lien avec autrui (voir comment La Fontaine conçoit le «jardin de solitude» agré­ menté par la présence d'un ami, VIII, 10, v.

17 à 20).

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