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Quel est votre romancier préféré ?

Publié le 18/02/2012

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Sans fausse honte, j'avoue que j'ai lu peu de romans. A seize ans, avec des programmes passablement chargés, un examen sérieux en perspective, le moyen de vagabonder dans la littérature d'imagination? Et les vacances? direz-vous. Sans doute ; mais la montagne me paraît plus utile à mes méninges et à mes muscles que ces fugues dans un monde irréel. Et quand le mauvais temps me retient « at home «, je me plonge plus volontiers dans les livres d'histoire et de biographie. Il en est tant, et de si captivants!

Deux romans de Balzac : Eugénie Grandet et César Birotteau; deux de George Sand : la Petite Fadette et la Mare au Diable; des extraits de Flaubert; le Petit Chose, l'Immortel et Tartarin d'Alphonse Daudet; le Crime de Sylvestre Bonnard, d'Anatole France; Pêcheur d'Islande, de

« qui l'approcherent; la correction et la franchise de son langage; et ce que je ne sais quoi de male on entre autant de force que de douceur.

Je me repete en face de cette image virile, la formule magnifique qui traduit si bien son attitude militante : « La vie n'est pas faite pour etre vecue, mais pour etre vaincue.

» II n'a pas ate, celui-la, un viveur, mais un vivant, un victorieux! Ve*Ie Je l'aime parce qu'il a ate un chretien sans peur et sans reproche, dans sa vie ,comme dans ses livres.

J'abhorre l'auteur capable de se dedoubler, et qui, chaque fois qu'il prend la plume, met son drapeau clans sa poehe. Il a rendu temoignage au Christ dans tous les milieux on la Providence l'appela.

Eleve du seminaire de Mongazon, it ne rougit point des pretres, ses premiers maitres.

Eleve a l'Ecole de Droit de Paris, it prouve a ses condisciples que l'on peut etre croyant et bon camarade, gat sans violer In loi divine.

Des que fut fond& la Faculte catholique de Droit d'Angers, 51 y prit sa premiere inscription de doctorat (1875).

En 1877, it soutint bril- lamment sa these a Paris et fut le premier docteur qui sortit d'une faculte catholique.

Deux ans plus tard it y devenait professeur et ne quitta sa chaire qu'en 1919.

Fidelite admirable; it efit pu vivre du seul produit de ses livres. Devenu academicien en 1903, it ne le dut pas a l'intrigue ou au reniement d'opinions plus cheres que toutes les dignites.

C'etait un chretien, un catholique militant, on le savait, qui penetrait dans ce milieu oft it etait de bon ton de mettre une sourdine a ses sentiments religieux, a moires d'etre cardinal...

et encore? Dans son diseours de reception, it ne craignit pas de reprocher a son predecesseur, Legouve, des idees erronees touchant le man age et le divorce.

Chargé, en 1913, du rapport sur les prix de vertu, il conclut en ces termes : « Ces Ames ont subi l'influence du bapteme de In France.

A travers chacune d'elles, je vois transparaitre une celle du Maitre...

qu'avec des millions de vivants at des milliards de retorts, j'ai la ,.joie de nommer : Notre-Seigneur Jesus-Christ.) Que voulez-vous? cette cranerie, qui ne court pas les rues, a le don de m'emballer! Et je ne puis retire, sans que les larmes me viennent aux yeux, ces der- niers mots tombes de ses levres déjà refroidies, le 20 juillet 1932, et pieu- sement recueillies par le R.

P.

Janvier, l'orateur de Notre-Dame : « Mon Dieu, ayez pine de votre serviteur...

J'accepte ce que Dieu voudra...

Deo gratias in omnibus rebus.

Fiat voluntas tua.

Jesus, mon Jesus-Christ!... Cet homme, ce chretien fut en meme temps un Francais de la plus rare espece.

11 connut son pays pour l'avoir etudie amoureusement de l'Onest A l'Est, du Nord an Midi.

Queue jolie anthologie l'on pourrait constituer en empruntant a ses romans, ou a des livres comma Paysages et Pays d'Anjou leurs plus belles descriptions! Peu ont cheri pareillement In terre de France, et l'ont depeinte sous des couleurs aussi vraies, aussi atlrayantes. Queue difference entre une page de Bazin presentant une ville comme Lyon et les plus complets des guides a l'usage des touristes! D'autres, je le sais, ont exceIle aussi dans ces presentations, mais aucun ne m'emeut autant que lui quand it me parle de sa « donee France ».

Ce qui me plait dans ses descriptions -a notre age, on saute volontiers par-dessus pour suivre le 111 de l'action, avec lui je ne le puis - c'est un accent de stncerite qui ne trompe pas.

II parte de la campagne comme un paysan, des bois comme un forestier at un chasseur.

Eleve tout jeune en liberte, en pleine nature, it n'a pas a consulter les dictionnaires comme V.

Hugo pour nommer les choses et les titres par leur nom.

II sait quand on faille la vigne et l'on bat le grain, it connait depuis toujours les fleurs, les arbres, les oiseaux.

Comment un terrien sat:trait-11 rester indifferent devant ces lignes : « Une perdrix qui avait son nid dans l'herbe s'envola, un loriot s'eleva d'un thane de bordure et se laissa porter au vent, Palle ardente de soleil, un rale de genet se faufila entre les touffes et remonta dans le fourre, en jetant son cri de crapaud.

» Peut-on voir, entendre plus juste, at plus justement decrire? Aitner la terre de France, n'etait que le degre inferieur de son patrio- tisme.

II cherissait l'ame de son pays, toutes ses gloires clans le passé at clans le present, it partageait toutes les aspirations, les ambitions des Fran- qui rapprochèrent; la correction et la franchise de son langage; et ce que je ne sais quoi de mâle où entre autant de force que de douceur. Je me répète en face de cette image virile, la formule magnifique qui traduit si bien son attitude militante : « La vie n'est pas faite pour être vécue, mais pour être vaincue. » Il n'a pas été, celui-là, un viveur, mais un vivant, un victorieux ! Je l'aime parce qu'il a été un chrétien sans peur et sans reproche, dans sa vie comme dans ses livres. J'abhorre l'auteur capable de se dédoubler, et qui, chaque fois qu'il prend la plume, met son drapeau dans sa poche.

Il a rendu témoignage au Christ dans tous les milieux où la Providence l'appela. Elève du séminaire de Mongazon, il ne rougit point des prêtres, ses premiers maîtres.

Elève à l'Ecole de Droit de Paris, il prouve à ses condisciples que l'on peut être croyant et bon camarade, gai sans violer la loi divine. Dès que fut fondée la Faculté catholique de Droit d'Angers, il y prit sa première inscription de doctorat (1875). En 1877, il soutint bril­ lamment sa thèse à Paris et fut le premier docteur qui sortit d'une faculté catholique.

Deux ans plus tard il y devenait professeur et ne quitta sa chaire qu'en 1919.

Fidélité admirable; il eût pu vivre du seul produit de ses livres.

Devenu académicien en 1903, il ne le dut pas à l'intrigue ou au reniement d'opinions plus chères que toutes les dignités. C'était un chrétien, un catholique militant, on le savait, qui pénétrait dans ce milieu où il était de bon ton de mettre une sourdine à ses sentiments religieux, à moins d'être cardinal... et encore? Dans son discours de réception, il ne craignit pas de reprocher à son prédécesseur, Legouvé, des idées erronées touchant le mariage et le divorce. Chargé, en 1913, du rapport sur les prix de vertu, il conclut en ces termes : « Ces âmes ont subi l'influence du baptême de la France. A travers chacune d'elles, je vois transparaître une image...

celle du Maître... qu'avec des millions de vivants et des milliards de morts, j'ai la joie de nommer : Notre-Seigneur Jésus-Christ.

» Que voulez-vous? cette crânerie, qui ne court pas les rues, a le don de m'emballer! Et je ne puis relire, sans que les larmes me viennent aux yeux, ces der­ niers mots tombés de ses lèvres déjà refroidies, le 20 juillet 1932, et pieu­ sement recueillies par le R.

P. Janvier, l'orateur de Notre-Dame : « Mon Dieu, ayez pitié de votre serviteur...

J'accepte ce que Dieu voudra... Deo gratias in omnibus rébus. Fiat voluntas tua.

Jésus, mon Jésus-Christ!...

» Cet homme, ce chrétien fut en même temps un Français de la plus rare espèce.

Il connut son pays pour l'avoir étudié amoureusement de l'Ouest à l'Est, du Nord au Midi.

Quelle jolie anthologie l'on pourrait constituer en empruntant à ses romans, ou à des livres comme Paysages et Pays d'Anjou leurs plus belles descriptions! Peu ont chéri pareillement la terre de France, et l'ont dépeinte sous des couleurs aussi vraies, aussi attrayantes.

Quelle différence entre une page de Bazin présentant une ville comme Lyon et les plus complets des guides à l'usage des touristes! D'autres, je le sais, ont excellé aussi dans ces présentations, mais aucun ne m'émeut autant que lui quand il me parle de sa « douce France ».

Ce qui me plaît dans ses descriptions — à notre âge, on saute volontiers par-dessus pour suivre le fil de l'action, avec lui je ne le puis — c'est un accent de sincérité qui ne trompe pas.

Il parle de la campagne comme un paysan, des bois comme un forestier et un chasseur. Elevé tout jeune en liberté, en pleine nature, il n'a pas à consulter les dictionnaires comme V.

Hugo pour nommer les choses et les êtres par leur nom.

Il sait quand on taille la vigne et l'on bat le grain, il connaît depuis toujours les fleurs, les arbres, les oiseaux.

Comment un terrien saurait-il rester indifférent devant ces lignes : « Une perdrix qui avait son nid dans l'herbe s'envola, un loriot s'éleva d'un chêne de bordure et se laissa porter au vent, l'aile ardente de soleil, un râle de genêt se faufila entre les touffes et remonta dans le fourré, en jetant son cri de crapaud. » Peut-on voir, entendre plus juste, et plus justement décrire? Aimer la terre de France, n'était que le degré inférieur de son patrio­ tisme. Il chérissait l'âme de son pays, toutes ses gloires dans le passé et dans le présent, il partageait toutes les aspirations, les ambitions des Fran-. »

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