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Que savez-vous de l'influence de Boileau au XVIIe siècle et depuis ?

Publié le 10/02/2012

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boileau

Boileau a cette rare fortune de n'être indifférent à aucun de ceux qui, en France, s'occupent de l'histoire littéraire et de l'art d'écrire. Et parce qu'il représente l'autorité qui s'impose, la règle inflexible, la barrière dressée par le bon sens devant les capricieuses fantaisies du demi-talent, il a été tour à tour déifié et dénigré. Les louanges et les attaqùes ont également contribué à le faire connaitre. Il semble même que la mesure ait rarement été gardée avec lui, soit qu'il s'agisse de juger son oeuvre poétique en ellemême, soit qu'on entreprenne d'en apprécier l'influence. Quelle fut l'influence de Boileau sur ses contemporains et depuis sa mort ? Nous voudrions le dire très brièvement....

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« bon sens ne donna point le génie à Molière, La Fontaine et Racine; mais · il les encouragea dans la voie où, d'instinct, ils s'étaient engagés, et sans doute il les préserva de plus d'une erreur, de plus d'un découragement.

Il fut, pour ainsi dire, leur conscience littéraire, et c'est lui qui, par l'unité de direction et d'objet à laquelle il les fit s'astreindre, les conduisit vers la perfection chacun en son genre.

Et lorsque la brouille les eut divisés, il n'entra pas dans leurs désaccords; il continua de les aimer tous.

Ne savait-il pas, d'ailleurs, que son influence sur eux avait été trov profonde pour qu'elle cessât jamais de les guider? Les disciples de Boileau n'étaient pas tous illustres.

Beaucoup « d'hon­ nêtes gens », comme on disait alors, avaient appris de lui non l'art d'écrire des poèmes, mais le secret de juger sainement les ouvrages de l'espr~t.

Le respect du bon sens et de la langue, il l'avait imposé comme critérium des livres qui seuls méritent de durer, et longtemps en France on jugea d'après ce principe.

De proche en proche, le nom et l'autorité de Boileau étaient cités comme dernier argument; plusieurs venaient à Auteuil comme au sanctuaire où l'oracle rendait des arrêts; Louis XIV lui-même en réfé­ rait parfois à son bon goût.

A la fin du xvn• siècle, comme le révèle le discours de réception de La Bruyère à l'Académie, l'auteur de l'Art poé­ tique exerçait dans les lettres, non une dictature absolue -la querelle des Anciens et des Modernes contredirait cette assertion - mais Ja première judicature littéraire et la plus respectée.

Après la mort de Boileau, l'Art poétique demeura si bien admis comme le code officiel du bon goût, qu'au moment où notre littérature fit la con­ quête de l'Europe, il jouit en Angleterre et en Allemagne, en Italie et en Espagne d'une véritable souveraineté.

Macaulay dit « qu'il est aisé de re­ trouver dans le Spectateur et dans le Gardien les traces de l'influence à demi salutaire, à demi pernicieuse, que Boileau exerça sur l'esprit d'Ad­ dison ».

Gottsched, avec une raide.ur toute prussienne, prétend imposer à ses compatriotes les règles formulées par Despréaux.

Italiens et Espagnols se déprennent de Marini et de Gongora, renoncent au bel esprit et se ran­ gent sous l'étendard de la « raison », Dans la France du XVIII" siècle, l'influence de Fontenelle contrebalance fortement celle de Despréaux, du moins avant l'apparition du .Temple du Goût; puis l'Art poétique redevient le livre sacré, sans toutefois régir les esprits.

En effet, le respect pour «Nicolas», tout de convention, n'empêche nullement de choisir ce que bon semble dans son œuvre.

De sa doctrine, on élague ce qu'elle a de caractéristique et de fort : le culte du bon sens, de la raison, de la vérité et de la morale; on retient la partie la plus étroite et la plus contestable : l'importance donnée aux genres de poésie artifi­ cielle et mondaine, dans le n• chant de l'Art poétique, et surtout une dé­ fiance injustifiée à l'égard de la nature.

Qu'en résulte-t-il? Les bons esprits, Buffon et Montesquieu, prennent en dégoût toute poésie, parce que celle de leur temps est devenue l'amusement puéril de désœuvrés.

Et cependant Boileau n'eût reconnu comme inspirés de son esprit ni La Henriade, ni les fadeurs de Bernis; seules les épigrammes d'un Gilbert n'eussent pas déplu a son honnêteté.

Bien plus, on se trouvait, à la fin du xvm• siècle, si éloigné de Boileau, qu'André Chénier fut regardé comme une sorte de révolution­ naire, alors qu'il était surtout un classique attardé au milieu d'une société dont les goûts avaient, depuis soixante ans, complètement changé.

Par malheur pour Despréaux, les représentants du classicisme, au début du XIX" siècle, manquèrent tous de génie.

Quand ils durent supporter le choc des revendications romantiques, ils se retranchèrent derrière le « Lé-. »

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