Que répondriez-vous à Denis de Rougemont qui s'interroge en ces termes dans l'Amour et l'Occident : «Pourquoi préférons-nous à tout autre récit celui d'un amour impossible ? » Vous justifierez votre réponse à l'aide des romans, pièces de théâtre, poèmes, que vous avez lus ou étudiés.
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«Ce n'étaient qu'amours, amants, amantes [dames persécutées s'évanouissant dans des pavillons solitaires, chevaux qu'on crève à toutes les pages, forêts sombres], troubles du cœur, serments, sanglots, larmes et baisers [nacelles au clair de lune, rossignols dans les bosquets], messieurs braves comme des lions, doux comme des agneaux et qui pleurent comme des urnes.« Cette cruelle charge de Flaubert dans Madame Bovary montre la place réservée à l'amour dans les histoires. Il est net qu'il est un des thèmes les plus utilisés par les artistes.
«
• le romanesque à la Rousseau (Nouvelle Héloïse),
• le rêve ou la passion romantique ou romanesque.
IIe partie : l'Amour impossible.
Ce cas particulier et très représenté est toujours la passion.
Cf.
«Amour sur inclination» de La carte du tendre(Mlle de Scudéry).
Passion > latin : patior = souffrir.
Passion = souffrance.
Mais passion = (aussi pour beaucoup) « une belle fièvre» (de Rougemont).
D'où passion donne l'adjectif passionnant et glisse aussi de sens.
Ces deux sens principaux se confondent; et si l'on recherche un amour-passion qui devient un amour impossible,c'est :
— recherche de ce qui exalte et blesse,
— confondue peut-être avec des figures rituelles et des craintes mystiques.
Chez les Anciens : amour = (très souvent) une punition de Vénus, la déesse.
Phèdre, reprise par Racine : «C'estVénus toute entière à sa proie attachée.
»
Voir de même les multiples équivoques et contradictions des tenants de l'histoire de Tristan et Iseut (1).
— Besoin d'évasion aussi, d'où une certaine complaisance dans la présentation de l'amour-passion :
• mal mariés, êtres romanesques ou rêveurs, ou mal adaptés, cherchent les amours miraculeuses (cf.
Emma Bovaryet sous un certain aspect Rousseau) ;
• confondre ainsi avec la conception d'une passion « imaginée comme une belle et désirable catastrophe » ; d'oùelle devient plus vraie que le bonheur.
— L'évasion du lecteur serait-elle plus complète quand elle est :
— pimentée par l'angoisse éprouvée pour les amours fatales des héros (la notion de fatalité, de tragique est doncpresque toujours alliée à l'amour-passion.
Voir tout le théâtre de Racine) ;
— pimentée par les chants de douleur (car le langafe poétique ou romanesque joue son rôle) ;
—- pimentée par la brimade sentimentale perçue par le lecteur au niveau de l'échec d'amours dont l'histoire vienttarauder l'imaginaire.
Exemples au théâtre, outre les pièces de Racine : La Mouette de Tchékhov ou Le Soulier de satin de Claudel, ouHernani, Ruy Blas de Hugo, ou La Dame aux camélias de Dumas fils, ou Roméo et Juliette de Shakespeare, ou LaReine morte de Montherlant...
Il faut citer en vrac...
De même pour le roman : La Princesse de Clèves de Madame deLafayette ou Le Lys dans la vallée de Balzac, ou Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre, ou La Porte étroite deGide, ou Manon Lescaut de l'abbé Prévost, ou Le Grand Meaulnes d'Alain-Fournier...
Citons en vrac également enpoésie, de Christine de Pisan à Lamartine, de Musset à Brel ou Apollinaire, ou au cinéma de A bout de souffle (J.-L.Godard) à Les Amants (L.
Malle), de L'Année dernière à Marienbad (Resnais) à Un homme et une femme (Lelouch),de Jules et Jim (Truffaut) à Mourir d'aimer (Cayatte), ou à L'Ange bleu (Sternberg).
En préciser quelques-uns.
Conclusion
Amour glorifié ; puissance qui transfigure.
Amour = « quelque chose qui serait au-delà du bon-bonheur et de la souffrance, une béatitude ardente».
Donc au-delà des réalités terrestres, purement humaines, appelé à ne se réaliser que dans la mort.
Forme d'absolu, donc séduction immédiate sur le cœur des hommes.
Si la sagesse — et un bien plus grand nombre d'exemples qu'on ne le croit — devrait pousser à valoriser ou aumoins montrer dans les histoires un amour-équilibre, amour-tendresse, amour-raison....
»
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- Au début de son livre l'Amour et l'Occident, M. Denis de Rougemont écrit : « L'amour heureux n'a pas d'histoire. Il n'est de roman que de l'amour mortel, c'est-à-dire de l'amour menacé et condamné par la vie même. » En vous appuyant sur des exemples précis, choisis parmi les différents romans que vous avez pu lire ou étudier, vous commenterez et apprécierez ce propos.
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