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Que pensez-vous de cette affirmation d'ALAIN : Quand on conseille aux hommes de rechercher une vie moyenne, tranquille et assurée, on ne leur dit pas assez qu'il leur faudra aussi beaucoup de sagesse pour la supporter ?

Publié le 03/11/2016

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alain

N’est-ce pas précisément la démarche que l’homme obtient de conduire le plus difficilement ?

 

Il s’aveugle volontairement sur lui, ou s’éparpille en mille futilités pour ne pas penser.

 

Déjà Socrate, répétant : connais-toi toi-même », montre par cette insistance même combien cet acte : se pencher sur soi avec honnêteté est rare -car difficile.

 

Paresse, orgueil, vanité, préjugés, habitudes, traditions entravent la vision sur soi.

 

Montaigne insistait sur cette étude du moi, voulant se montrer « sans contention ni artifice » (Essais).

 

Bayle ou Fontenelle, précurseurs des « philosophes du xviiie siècle, recommandaient également d’écarter tout ce qui empêche le jugement droit, montrant à quel point l’homme a coutume de courir aux conclusions avant d’avoir examiné les faits, et ceci par impatience, autre entrave à la sagesse.

 

Cette vie « courue » (Montaigne) et non vécue sagement, avec tout son poids, frappe tous les grands penseurs et moralistes : ils y voient la preuve de l’inconstance humaine.

 

Or « Rien ne sert de courir, il faut partir à point. »

 

(La Fontaine : Le Lièvre et la Tortue).

 

De plus il ne s’agit pas seulement de savoir réfléchir mais de le vouloir.

 

Or Pascal constate qu’un des actes les plus difficiles pour l’homme est de rester seul face à lui-même, car il a peur de se voir, de penser sa vie.

 

Il préfère se disperser, s’étourdir aussi bien par le travail, l’activité que par le plaisir. Voir toutes les Pensées sur le « divertissement ».

 

Ainsi avoir les qualités de sagesse nécessaires pour admettre et rechercher une vie « moyenne » (dans le sens de « mesurée ») n’est pas donné à tous.

Il faut force morale, domination de soi qui va parfois

ALAIN, sur le bonheur, 1928.

« Je plains, disait quelqu’un, un homme qui vit seul, qui n’a pas de besoins ni d’inquiétudes que ses ressources ne puissent calmer, je le plains dès que l’âge ou la maladie le toucheront un peu ; car il pensera trop à lui-même. Un père de famille, toujours soucieux, et qui n’arrive point à se délivrer de ses dettes, est bien plus heureux malgré l’apparence, parce qu’il n’a point le temps de penser à ses digestions. » Voilà une raison de se conserver quelques petites dettes, ou de se consoler si on en a.

 

Quand on conseille aux hommes de rechercher une vie moyenne, tranquille et asurée, on ne leur dit pas asz qu’il leur faudra ausi beaucoup de sagese pour la supporter. Le mépris des riches-

Mais non. Ce n’est qu’un homme qui s’ennuie. Et il s’ennuierait moins s’il travaillait du matin au soir. Ainsi l’inégale répartition des biens a par-desus tout cet inconvénient qu’elle condamne à l’ennui un grand nombre d’hommes bien nourris ; d’où ils arrivent à se donner des craintes et des colères qui les occupent. Et ces sentiments de luxe sont le plus lourd fardeau des pauvres gens.

« Philosophie dure, froide et égoïste d’un vieillard » ainsi Lamartine qualifiait-il la morale de La Fontaine...

 

... celle précisément qui nous donne un code pratique afin que nous puissions nous tisser une vie « moyenne, tranquille et assurée ».

 

C’est pourtant à une sagesse naturelle toute de modération qu’elle aboutit.

 

Mais elle est fort difficile à pratiquer avec justesse sans tomber dans étroitesse, mesquinerie, égoïsme.

alain

« ses et des honneurs est facile en somme ; ce qui est proprement difficile, c'est, une fois qu'on les méprise bien, de ne pas trop s'ennuyer.

L'ambitieux court toujours après quelque chose où il croit qu'il trouvera un bonheur rare ; mais son principal bonheur, c'est d'être bien occupé ; et même quand il est malheureux de quelque déception, il est encore heureux de son malheur.

C'est qu'il y voit remède ; et le vrai remède, c'est qu'il y voie remède.

La néc esité étal ée comme un grand pays, bien au clair, et hors de nous, vaut toujours mieux que cette nécesité repliée que nous sentons au creux de nous.

La pas ion du jeu fait voir ce besoin d'aventure tout nu, en quelque sorte, sans aucun ornement étranger ; car le joueur n'a jamais de sécurité, et je crois que c'est cela même qui l'intér es.

Aussi le vrai joueur n'aime pas trop ces jeux où l'attention, la prudence, le savoir-faire corrigent beaucoup la chance.

Au contraire, un jeu comme la roulette, où il ne fait qu'attendre et risquer, le transporte d'autant plus.

Ce sont des catastrophes vou­ lues en un sens ; car il se dit à chaque instant : « Le coup prochain me ruinera peut-être, si je le veux bien.

» C'est comme un voyage d'exploration très dangereux, mais avec cette condition que, d'un seul consentement de pensée, on se retrouverait en sûreté chez soi.

Mais c'est ce qui explique aussi l'attrait des jeux de hasard ; car rien u'y force, et l'on ne risque que si l'on veut.

Cette puissance plaît.

La guerre a sans doute quelque chose du jeu ; c'est l'ennui qui fait la guerre.

Et la preuve en est que c'est toujours l'homme qui a le moins de travaux et de soucis qui est le plus guerrier.

Si on saisissait bien ces causes, on serait moins touché par les déclama­ tions.

L'homme riche et oisif parait bien fort lorsqu'il dit : « La vie est facile pour moi ; si je m'expose à tant de périls, si j'appelle de tout mon cœur ces risques effrayants, il faut donc que j'y voie quelque raison invincible ou quelque nécesité inévitable.

» Mais non.

Ce n'est qu'un homme qui s'ennuie.

Et il s'ennuierait moins s'il travaillait du matin au soir.

Ainsi l'inégale répartition des biens a par-d esus tout cet inconvénient qu'elle condamne à l'ennui un grand nombre d'hommes bien nourris ; d'où ils arrivent à se donner des craintes et des colères qui les occupent.

Et ces senti­ ments de luxe sont le plus lourd fardeau des pauvres gens.

ALAIN, Propos sur le bonheur, 1928.

1.

Résumé.

Vous ferez de ce texte un résumé de 145 à 150 mots environ .

2.

Questions de sens.

Vous expliquerez les expressions suivantes : a) f< ••• un homme [.

•• ] qui n'a pas de besoins ni d'inquiétudes que ses ressources ne puissent calmer ••• J) b). »

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