Que pensez-vous de ces vers de Lamartine (Marseillaise de la paix) : L'égoïsme et la haine ont seuls une patrie ; La fraternité n'en a pas.

« alliance politique...

II ne s'agit plus de se disputer sur le Rhin quelques lieues de pays; tout ce qui sera ravi a l'Allemagne sera autant d'ote it l'epais- seur du mur qui separe la France de la Russie...

Qu'est-ce qu'une frontiere un peu plus ou un peu moins loin reculee, quand it s'agit de confondre et d'unir les deux pays...

et de sauver la civilisation qui leur est commune?... Depuis Ives de dix ans cette alliance se prepare et s'accomplit...

Visiblement, Lamartine se propose d'attenuer en Allemagne l'impression causee par les defis d'une presse belliqueuse; it s'efforce, it l'aide d'argu- ments parfois trop sentimentaux et trop poetiques, de reparer le mal.

Cette alliance, it laquelle ont travaille, depuis quinze ans, les diplomates, les ecri- vains, les philosophes, les savants, va-t-elle etre irremediablement com- promise, de chaque cote du grand fleuve symbolique, par des intemperances de langage? C'est, croyons-nous, dans ce sens faut interpreter la Mar - seillaise de la Paix.

Comme toute reaction, elle est marquee an coin de l'exageration.

On sait que, d'autre part, Lamartine entretenait en Angleterre des relations amicales et que, trois ans plus tot, it avait porte dans le Pays de Galles, un toast retentissant - en vers, naturellement.

II y insistait sur les origines celtiques des Bretons et des Gal lois et prechait le rapprochement des peuples : L'esprit des temps rejoint ce que la mer separe; Le titre de famine est ecrit en tout lieu. L'homme n'est plus Francais, Anglais, Romain, Barbare; II est concitoyen de l'empire de Dieu! Lamartine est done partisan de la reconciliation des peuples; de tous ses voeux appelle la paix universelle, et it y croit y travailler efficacement outre-Manche et outre-Rhin.

Sa bonne foi est hors de doute. A-t-il pour autant renonce it son pays, it son titre de Francais? A-t-il re- pudie a jamais la notion de patrie? Non, ce pacifiste ne renie point la defi- nition gull a naguere donnee : C'est la cendre des morts qui crea la Patrie... conception qui ressemble singulierement a celle de Barres : la patrie, c'est, avant tout, la terre et les morts.

Car Lamartine aime la terre de France, it y est kroitement attache, it vit sur ses terres; la patrie, c'est pour lui la terre natale (Cf.

Milly).

S'il semble oublier, dans la Marseillaise de la Paix, que la pensee, la verite universelles ne suffisent pas it rassembler les hommes, Je suis concitoyen de tout homme qui penseLa verite, c'est mon pays... et que chaque nation est constituee en vertu de lois historiques imperieuses, l'annee suivante, it precise sa position, dans une lettre a un ami de Suisse (Ressouvenir du Lac Leman, 1842).

Son correspondant s'etant plaint it lui d'avoir une patrie trop petite, le porte lui adresse une cordiale reprimande : Adore ton pays, et ne le mesure pas, Ami; Dieu n'a pas fait les peuples au compas... Sparte vit trois cents ans d'un seul jour d'heroisme. La terre se mesure au seul patriotisme.

Un pays? C'est un homme, une gloire, un combat! Zurich ou Marathon, Salamine ou Morat! La grandeur de la Terre est d'être ainsi cherie : Le Scythe a des deserts, le Grec une patrie... Et ce n'etaient point la de vains mots.

Le poke savait passer aux actes heroiques.

Au peril de sa vie durant les fournees revolutionnaires de 1848, face it Valente et jusque sur les barricades, it conquit un brevet de civisme et de patriotisme qu'aucun bon Francais ne saurait lui contester.

Avant de le quitter, pour ne nous occuper plus que de ses deux vers - assez malen- contreux si on les tient isoles contemplons-le, maitrisant la revolte par ses sublimes apostrophes...

a les vetements en lambeaux, le col nu, les cheveux ruisselants de sueur...

plus porte qu'escorte...

par les citoyens et les gardes nationaux...

» tribun de paix, souleve par la houle, Offrant, le coeur gonfle, sa poitrine a la foule Pour que la liberte remontat pure aux cieux... Un distique imprudent ne saurait faire oublier ce tableau historique.

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