Proust Et Les Signes
Publié le 16/01/2013
Extrait du document
Enfin le narrateur, par son omniscience nous délivrent des signes qui orientent la position du lecteur sur
Swann. Le narrateur sait tout de son personnage ou presque. Il est censé raconter les souvenirs d'enfant
qu'il a de Swann ou de ceux de son grand-père donc nous n'avons pas accès
à toutes les informations pour préserver la vraisemblance de l'écriture d'un narrateur différent de Proust.
Ce point de vue amène le narrateur à nous délivrer les signes de sa subjectivité. Tout au long d'Un amour
de Swann, la narrateur, même s'il est plus présent fait s'entrecroiser ses pensées
propres et celles de Swann. Il nous donne des signes qui nous amènent à penser que le lecteur et le
narrateur ont une longueur d'avance sur Swann. D'ailleurs le portrait nuancé qu'il fait de Swann nous
amène à nous identifier a ce personnage et à apprendre les codes en même temps que lui. Aucune
vision objective et et unique n'est présentée, c'est un personnage dense qui se propose lui-même comme
un sujet de déchiffrement. De plus il ne prend pas partie entre les deux salons..Le portrait
de cette-dernière est fragmentaire et s'arrête surtout sur la description des joues ce qui est
caractéristique de des portraits de femmes chez Proust. Lors de son premier thé chez Odette, Swann
«
précision et de rigueur.
Les signes sont prépondérants dans l'espace de la mondanité car les signes sont
plus significatifs
que les paroles ou les gestes dans ce milieu.
Le clan est un terme ethnologique, anthropologique qui montre que les Verdurin pensent qu'ils forment un
"milieu" à eux-seuls et que cette appellation est particulièrement exotique.
Ce terme introduit une étude
sociale parodique.
Et comme au sein de chaque clan, une hiérarchise se dessine nettement.
Par
exemple, les personnages de Cottard le médecin, Plantet et Rubinstein sont très respectés au sein du
cercle et ne doivent pas être sujets à une quelconque remise en cause de leurs compétences.
Mme
Cottard est inutile au cercle, tout comme la tante du pianiste qui est " une personne ignorante du monde"
et fait l'objet d'un discret mépris de la part de Mme Verdurin, on a donc une forte notion de hiérarchie au
sein du groupe.Le principe d'exclusion et d'inclusion est omnisprésent.
Les « ennuyeux » sont ceux qui
font partie des autres salons notamment ceux de la Princesse de Laumes ou la Princesse de Sagan sont
exclus.
Les Verdurin emploient le vocabulaire de la secte religieuse tels "orthodoxie","église"," fidèle".
Le
credo dénonce l'intégrisme et l'étroitessse d'esprit des Verdurin.
Celui-ci évoque l'admiration qu'a Mme
Verdurin à ce moment-là pour une jeune pianiste.
Admirer Wagner, Vinteuil au point de défaillir,
s'intéresser à l'art avant -gardiste,dénigrer les autre salons, ne pas porter l'habit noir (puique'on
est entre amis).
La scène est décrite telle une étude naturaliste.
Leur clan est une entité puisque il s'est
réuni pensant un grand nombre d'années comme on l'apprend grâce au "cette année-là" qui signale la
répétition, et le renouvellement constant apparemment du clan.
On est dans une mise en scène totale et
Mme Verdurin incarne le metteur en scène et son mari, son faire -valoir.
Swann, qui a un regard critique
au début de l'oeuvre, entame ensuite une reconversion à cause du conformisme exercé par le clan en
apprenant ses signes de reconnaissance qui le font intégrer le groupe in medias res.
La forte
personnalité du clan, ainsi que sa longévité en font une institution pour laquelle les codes, les signes sont
si importants à assimiler.
De la même façon, lorsque Swann ne correspondra plus au clan, il sera
remplacé par Forcheville par Mme Verdurin.
Du côté de l'aristocratie, la princesse des Laumes lorsqu'elle
veut attirer l'attention de Swann dans le salon Ste Euverte, agit avec des règles pré -déterminées, envoie
des signes qu'elle espère qu'il comprendra, tout en continuant de feindre la mélomane dilettante.
Le
lecteur grâce aux indications du narrateur parvient à saisir les convenances et les règles qui s'établissent
dans ce milieu.
Les signes mondains sont vides de sens contrairement aux signes amoureux.
Swann est également en plein apprentissage et de dicernement
du comportement d'Odette, ses faits et gestes sont décryptés pas lui -même pour parvenir à capter sa
vraie personnalité.
Les signes de l'amour sont toujours difficiles à déchiffrer mais dans Un amour de Swann, ce-dernier
s'aveugle véritablement sur les sentiments d'Odette et les signes sont complétement réinterprétés
par lui -même de façon erronnée.
Swann aime Odette et cette passion devient rapidement de la
possession amoureuse.
Il va donc tenter de décrypter le langage de sa bien-aimé, ses secrets mais il va
vite comprendre que cette quête est illusoire et conserve une part irréductible de mystère.
Les signes
amoureux sont mensongers, à l'inverse des signes de la mondanité, ils tentent continuellement de cacher
ces univers intérieurs.
En effet, Odette passe son temps à mentir pour épargner Swann.Ce-dernier, qui
pense avoir détecté les signes, reconnaît ses signes d'anxiété mais sa proximité l'empêche dêtre tout à
fait lucide et prévenu d'un mensonge d'Odette .
Rien n'est convenu entre eux puisque ce langage est
équivoque et incertain ce qui exacerbe la jalousie de Swann.
D'ailleurs cette jalousie sera évoquée dans
La Prisonnière et le narrateur éprouvera les mêmes interrogations que Swann à déchiffrer sa bien-aimée,
Albertine.
Il va donc la séquestrer pour avoir accès à ses pensées, inconnues de lui.
Lorsque Swann erre
dans Paris, tard un soir, à la recherche.
»
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