Proust Et Les Noms
Publié le 15/01/2013
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court instant de son baiser du soir dont il rêvait. Donc Proust définit alors la mémoire dans La Recherche
comme étant quelque chose d’infinis et donc qui peut être dissocié du temps.
Si Proust à ce concept de mémoire indéfinis et intemporelle, il distingue cependant deux types de
mémoire: la première étant la mémoire volontaire, celle de l’intelligence selon lui. On s’aperçoit d’ailleurs
dans Du côté de chez Swann qu’il existe des exemples de cette mémoire volontaire même si Proust
considère qu’elle n’est pas le meilleur reflet du passé. En effet, elle ne fait appelle qu’à la volonté de se
remémorer, elle n’est donc pas capable de retenir les sensations elle ne fait appel qu’aux mots et non aux
sens. Le narrateur fait appel cette mémoire volontaire puis qu’il relate des moments précis dénué de
sensation, des moments qui ne lui appartiennent pas: « Quand Françoise après avoir veillé à ce que mes
parents eussent tout ce qu’il leur fallait, remontait une première fois chez ma tente pour lui donner sa
pepsine et lui demander ce qu’elle prendrait pour déjeuner « (chap.I p.155). Ce passage nous démontre
que Proust représente la mémoire volontaire, le narrateur évoque un souvenir qui ne lui appartient pas, il
nous décrit un moment définis entre deux espaces temps qui n’évoque aucunes sensations au narrateur.
Le deuxième type de mémoire que Proust représente est celle

«
donnait le désir du soleil, des lys, du palais des Doges et de Sainte-Marie -des-Fleurs.» (III, p.531).
Cette
citation nous permet de mieux comprendre l’exactitude de la pensée de Proust, l’utilisation du terme
« apparition » rappelle cette idée de réminiscence, il y a quelque chose de spontané de même que
l’expression « soustraite à la tutelle » évoque la mémoire volontaire.
Balbec en tant que nom propre à
l’effet d’une réminiscence chez Proust, le simple fait de lire ou d’entendre ce Nom, le ramène
instinctivement à penser à la tempête et aux architectures gothiques.
Le Nom chez Proust est également étudié sous sa forme phonétique.
R.
Barthes exprime le Nom
proustien comme étant « le phénomène de l’hypersémanticité » (Le degré zéro de l’écriture- p.126).
Non
seulement le Nom est créé par Proust pour couvrir une idée générale mais il est également créé et
choisit pour sa sonorité.
En effet Proust s’arrange pour que la phonétique d’un Nom évoque au lecteur,
une idée d’ordre sensitive: « Les mots nous présentent des choses une petite image claire et usuelle […]
les noms présentent des personnes et des villes[…]-une images confuse qui tire d’eux, de leur sonorité
éclatante ou sombre, la couleur dont elle est peinte » (III,p.532).
Le son peut donc se voir, s’entendre et
peut même se toucher.
Dans Du côté de chez Swann, il nomme dès la première partie du premier tome,
la ville du héros : « Combray ».
Le son du mot « Combray » tend à inspirer au lecteur, l’idée d’une ville
Française à la sonorité provinciale.
Il crée également avec le Nom deux espaces dans Combray;
Guermantes qui phonétiquement nous ramène à l’idée de la couleur or: « Guermantes étaient
habituellement blonds » (CSB p.317).
Guermantes sonne alors comme étant le côté de Combray qui est
ensoleillé, le côté du chic aristocratique comme l’incarne d’ailleurs Mme Guermantes avec sa chevelure
blonde.
Le côté de Méséglise avec son préfixe -més nous signifie quelque chose de négatif, mauvais;
Méséglise incarne en effet chez Proust le mauvais temps et sonne comme quelque chose de péjoratif.
C’est ainsi que Proust s’exerce à composer des Noms aux sonorités significatives pour lui et le lecteur.
Si le Nom est une forme de réminiscence grâce et sa forme et sa sonorité, il est également la seule unité
verbale qui a un signifié et un seul signifiant.
Contrairement au nom commun qui peut avoir plusieurs
signifiants.
Par exemple le mot chat est le signifié de l’animal de compagnie mais il a plusieurs signifiants
tels que « cat, matou ou même minou ».
Les signifiants désignent la façon dont on exprime le signifié, en
l’occurrence les mots cat, matou et minou représente le chat mais
leur signifiant leur accorde une connotation propre à eux-mêmes.
Le Nom signifié chez Proust, ne renvoie
qu’à un seul signifiant; le signifiant peut donc être signifié.
On peut voir là une influence de Platon chez
Proust: en raisonnant de cette façon il applique en quelque sorte le dialogue de Platon « Le Cratyle ».
Mise en scène entre Cratyle, Socrate et Hermogène qui débattent sur le fait de savoir si la langue est un
système de signes arbitraires ou naturels.
Finalement le Cratylien verra les mots comme une sorte
d’instrument qui qualifie la réalité, ils la représentent avec une image mais ne peut la copier à la
perfection, sinon ça ne serait plus une image, ce serait une copie.
Le nom à la même qualité chez
Proust, il voit le Nom comme une image qui représente une réalité telle que lui la conçoit, il est tiré en
partis du rêve et de l’imaginaire.
On peut donc dire tout comme Roland Barthes que la découverte des
noms a lancé en quelque sorte la rédaction de La Recherche puisqu’ils incarnent un moyen pour
l’écrivain de représenter le réel tel qu’il le perçoit.
Cependant même si la découverte des noms a été un élément indispensable pour la rédaction de La
Recherche, on ne peut affirmer que ce soit le seul paramètre qui est déclenché l’idée de La Recherche.
En effet la lecture de Du côté de chez Swann par exemple, nous permet de constater que la mémoire et
le temps sont deux sujets centraux de l’œuvre; œuvre constituée essentiellement d’une succession de
souvenir que relate le narrateur (à ne pas confondre avec l’auteur).
Ces souvenirs sont présents de façon
quelque peu désordonnée ; dans « Combray » le narrateur nous évoque l’enfance de Marcel.
Dans la
seconde partie « Un amour de Swann », le lecteur fait un bond en arrière d’une quinzaine d’année, pour
voir l’histoire se focaliser sur le personnage de Swann et son amour pour Odette.
Puis le livre se clôture.
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