Présentation des romans de Malraux
Publié le 28/05/2015
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L'individu au premier plan. Alors que Les Conquérants accorde un rôle décisif à l'action collective, La Voie royale est un roman centré sur deux individus, l'Histoire (la répression des indigènes insoumis par les États constitués) étant réléguée à l'arrière-plan. Le récit se fait sur le mode de la'foca-lisation interne variable* (voir Approche 4, pp. 117), adoptant alternativement le point de vue de Claude Vannec et celui de Perken, ce qui accentue, malgré la complicité qui relie ces aventuriers conquérants, leur caractère d'êtres irrémédiablement séparés. Claude est peu à peu placé dans la position du témoin actif, tandis que le défi que Perken lance à l'irrémédiable — sa mort imminente — tend à occuper une place centrale.
«L'élément essentiel de La Voie royale, affirme Malraux, c'est de traduire, à tra‑
vers un thème d'une extrême violence, la solitude fondamentale de l'homme
devant la mort— ce livre n'étant que le prologue des luttes collectives qui vont
suivre «.
Proche du reportage romancé, le roman « couvre « les événements de Shanghaï de mars à avril 1927, durant lesquels les communistes chinois, alliés au Kuomintang, s'opposent, avec l'aide des délégués du Komintern (Internationale communiste), à la dictature militaire de Sun Chuanfang soutenue par l'armée gouvernementale, les «troupes blanches« et les patrouilles de volontaires européens.
Le 19 février 1927, une grève insurrectionnelle déclenchée par les communistes est férocement réprimée. Posté à 100 km de Shanghaï, Chang Kaï-shek, qui soutient l'aile droite du Kuomintang, n'intervient pas. Le 21 mars, nouvelle grève, cette fois réussie, dans les faubourgs ouvriers de la ville. Chang Kaï-shek, arrivé à Shanghaï le 26 mars, obtient des milieux d'affaires une aide financière. Il proclame son allégeance au gouvernement Kuomintang de Han-kéou, mais demande aux communistes de rendre les armes et, le 12 avril, attaque et désarme les milices ouvrières : des dirigeants communistes sont arrêtés et exécutés. Les conseillers soviétiques et les dirigeants du Parti communiste chinois prennent la fuite pour échapper à la répression. Parmi ceux-ci se trouve Mao Tsé-toung.
La brièveté de ce récit, centré sur un personnage, et dont l'intrigue* est extrêmement simple, explique son assimilation, par l'auteur lui-même, à une « nouvelle >> (préface du Temps du mépris).
Arrêté par les nazis, le communiste allemand Kassner est emprisonné dans un camp de concentration, roué de coups, et risque d'être torturé si ses geôliers font la preuve de son identité (I). Les chapitres II à IV décrivent les neuf journées qu'il passe en prison, dans un état de confusion mentale extrême. Le retour progressif au réel, préparé par les messages que lui envoie un autre prisonnier puis par l'arrivée d'un gardien qui l'incite au suicide en lui donnant une corde, se conclut sur sa libération (V) : un inconnu a en effet prétendu qu'il était lui-même Kassner. L'avion qui le conduit à Prague est pris dans un violent ouragan (VI). Arrivé chez lui, Kassner apprend que sa femme Anna se trouve dans un meeting antifasciste, où il cherche à la rejoindre (VII). Il la retrouve enfin, chez lui, avec son enfant (VIII).
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