PRÉROMANTISME et la LITTERATURE

PRÉROMANTISME. Cette catégorie de l'histoire littéraire fut introduite au début du xxe s. dans les polémiques sur le romantisme et fréquemment employée entre les deux guerres par la critique. Aux nationalistes qui, en France, attaquaient le romantisme comme une importation étrangère et une corruption des valeurs classiques traditionnelles, les universitaires républicains répliquèrent en soulignant les continuités qui font passer du xviiie au xixe s. Le préromantisme eut pour fonction d'effacer les ruptures et de souligner l'ancrage national du mouvement romantique. Rousseau apparaît ainsi comme le propagateur du préromantisme. Contre les excès du rationalisme, il défend les prérogatives du cœur. Avant d'être un être de raison, l'homme est un être de sentiment et d'instinct, qui ne peut se contenter de « lumières ». Il est ainsi en contact immédiat avec la nature

et avec Dieu. Ces thèmes envahirent la littérature à la fin du xvnie s., qui exalta la solitude champêtre et la fusion avec la nature. Ce sentimentalisme tantôt s'inscrivait dans le sillage des Lumières et tantôt en prenait le contre-pied. Le héros préromantique fut volontiers en décalage par rapport à la collectivité. Cœur aimant, froissé par le réel, ou génie mal compris par la société, il cherche refuge dans la solitude. Il se complaît dans le spectacle du malheur soit pour se révolter, soit pour se résigner. Cette résignation est sensible chez les héritiers de Prévost et les adeptes du genre sombre, tels Baculard d'Arnaud et Loai-sel de Tréogate. Les peines amoureuses valent comme image de l'exclusion sociale. La critique des privilèges aristocratiques se confond avec celle des