Préface de Bérénice: La principale règle est de plaire et de toucher. Racine
Publié le 19/03/2020
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«Le peuple est le premier juge de ces ouvrages; ce n’est pas que je les commette au mauvais traitement des courtauds et des laquais, j’entends par le peuple cet amas d’honnêtes gens qui s’en divertissent et qui ne manquent ni de lumières naturelles, ni d’inclination à la vertu, pour être touchés des beaux éclats de la poésie. » (Troisième Dissertation concernant le poème dramatique, 1663)
« Ce n’est pas que quelques personnes ne m’aient reproché cette même simplicité que j’avais recherchée avec tant de soin. Ils ont cru qu’une tragédie qui était si peu chargée d’intrigues ne pouvait être selon les règles du théâtre. Je m’informai s’ils se plaignaient qu’elle les eût ennuyés. On me dit qu’ils avouaient tous qu’elle n’ennuyait point, qu’elle les touchait même en plusieurs endroits, et qu’ils la verraient encore avec plaisir. Que veulent-ils davantage? Je les conjure d’avoir assez bonne opinion d’eux-mêmes pour ne pas croire qu’une pièce qui les touche et qui leur donne du plaisir puisse être absolument contre les règles. La principale règle est de plaire et de toucher: toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première. »
«La tragédie, excitant ia terreur et la pitié, purge et tempère ces sortes de passions, c’est-à-dire qu’en émouvant ces passions, elle leur ôte tout ce qu’elles ont d’excessif et de vicieux, et les ramène à l’état de modération conforme à la raison. »

«
47 • TRAGÉDIE (et plaisir) / 355
Racine commence par signaler que sa tragédie se caracté
rise par la simplicité de l'action, la violence des passions
et
la vraisemblance, ce qui cautionne sans doute le plaisir
pris par le spectateur à cette
« tristesse majestueuse», à
laquelle tout doit être subordonné.
Il juge donc que, ayant
observé le respect des règles, l'essentiel est acquis, c'est-à
dire plaire
et toucher le public.
Toutes les règles ne sont
que des moyens d'atteindre cette fin :
«Ce n'est pas que quelques personnes ne m'aient repro
ché cette même simplicité que j'avais recherchée avec
tant
de soin.
Ils ont cru qu'une tragédie qui était si peu
chargée d'intrigues ne pouvait être selon les règles du théâtre.
Je m'informai s'ils se plaignaient qu'elle les eût
ennuyés.
On me dit qu'ils avouaient tous qu'elle n'en
nuyait point, qu'elle les touchait même
en plusieurs en
droits, et qu'ils la verraient encore avec plaisir.
Que
veulent-ils davantage? Je les conjure d'avoir assez
bonne opinion d'eux-mêmes pour ne pas croire qu'une
pièce qui les touche et qui leur donne du plaisir puisse
être absolument contre les règles.
La principale règle
est de plaire et de toucher : toutes les autres ne sont
faites que pour parvenir
à cette première.
»
► Au XVIIe siècle, les théoriciens du théâtre classique
se sont souciés
d'épurer le goût de leurs contemporains,
de le discipliner
et ont eu l'ambition de s'ériger en vérita
bles
« législateurs du Parnasse» en imposant aux auteurs
leurs idées.
Ces «doctes» ont pris comme tables de la Loi
les règles des unités, selon lesquelles une pièce (tragédie,
tragi-comédie, comédie) doit se conformer à un principe
d'unité: unité d'action (une ou plusieurs actions mais cor
respondant à une volonté de cohésion); unité de lieu
(mais le lieu est généralement composite: palais, salle de
palais, rue) et unité de temps (grosso modo 24 heures),
l'idéal étant de faire coïncider le temps de l'action repré
sentée
et le temps de la représentation.
On complétera cet ensemble en précisant que la repré
sentation théâtrale s'adapte nécessairement aux goûts
et
aux idées morales du public.
Ainsi, plutôt que de faire mourir un personnage sur
scène, on rapportera l'événement dans un récit.
Ce res-.
»
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