« Pour qui veut apprendre, la télévision fait perdre beaucoup de temps », écrit Laurent Joffrin. Dans un développement composé, argumenté et illustré par des exemples précis, vous expliquerez et discuterez ce jugement.
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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critique, en refusant de s'en tenir à une audition ou à une lecture innocentes.
[ Introduction ]
On serait à première vue tenté d'élargir le point de vue défendu par ce journaliste de la presse écrite en disant quela télévision constitue généralement une perte de temps pour ses usagers, non seulement lorsqu'ils essaientd'apprendre quelque chose, mais lorsqu'il s'agit pour eux de se divertir.
On a sans doute assez disserté sur lapassivité engendrée par ce média récent au succès trop rapide et il serait exagéré et schématique de croireaujourd'hui que tous les téléspectateurs tombent dans ce piège grossier.
Considérons plutôt que la télévision faitperdre du temps à ceux qui y cherchent l'unique source d'information et de culture, mais qu'elle peutparadoxalement en faire gagner à des consommateurs plus avertis.
[ I.
Une information et des messages culturels peu approfondis ]
[ 1.
La rage de l'Audimat et la médiocrité culturelle ]
Un examen rapide (et peu original) fait ressortir en effet deux principales causes de ce gaspillage de temps : lamédiocrité intellectuelle de la plupart des programmes et l'anarchie des messages.
C'est sans doute la rage toujours plus accentée de l'Audimat qui engendre la médiocrité.
La télévision n'estjustement plus l'outil de propagande politique qu'elle fut en France sous la période gaullienne et c'est bien là unecause de sa déchéance à un certain point de vue.
Un organe d'information et de diffusion culturelle qui s'efforce devider les messages de tout contenu subjectif, éventuellement subversif, est un média sans analyse, sans couleur,sans âme.
Demanderait-on à un quotidien de la presse écrite de tels scrupules d'objectivité ? Au contraire,l'information télévisée, du moins aux heures de grande écoute, s'applique à distiller des nouyelles aseptisées enréduisant toute analyse à la portion congrue, tout au plus a-t-on droit à l'intervention éclair d'un expert sur leprincipal sujet du « vingt heures », qui ne risquera jamais d'attirer les critiques ne serait-ce que d'une poignée demécontents lassés du « politiquement correct » : de gros salaires sont enjeu.
[ 2.
L'anarchie des messages ]
La presse et la culture télévisuelles sont également anarchiques.
N'y cherchons pas de travail en profondeur,puisque seuls les faits du jour sont à commenter.
On a le plus souvent l'impression de prendre en marche unfeuilleton dont on ne connaîtrait pas les épisodes antérieurs, comme si les impératifs du temps imparti et del'exhaustivité de l'information obligeaient les journalistes à la relation d'événements ponctuels, sans enracinementhistorique, à la limite sans signification.
Les documentaires et les reportages ne peuvent certes pas être accusésdes mêmes lacunes, mais ils forment très rarement un dossier complet et cohérent sur un sujet d'actualité.
Lesémissions de grands reportages traitent le plus souvent de plusieurs questions et l'on passe allègrement de l'une àl'autre sans avoir réellement l'impression de les avoir épuisées.
Ces sujets sont d'ailleurs assez commerciaux et assezbanals, comme le sont pour beaucoup ceux de la presse écrite hebdomadaire (délinquance, drogue, conflits arméshypermédiatisés, etc.), ou anecdotiques et peu enrichissants sur le fond.
Il suffit d'interroger des téléspectateurssur les reportages qu'ils ont vus la veille et de leur poser les mêmes questions une semaine plus tard, pours'apercevoir que plusieurs heures passées devant leur écran ne leur ont permis de retenir que quelques bribes deconnaissances équivalant à quelques minutes de lecture.
[ II.
Un média utile pour qui sait s'en servir rationnellement ]
[ 1.
Pour une approche active du média audiovisuel ]
S'il est manifestement prématuré de demander à la télévision la qualité de réflexion et la cohérence des programmesde France-Culture, on peut du moins espérer que certains usagers s'en servent aujourd'hui avec circonspection.
Ce« bon usage » devrait s'intensifier dans l'avenir.
Une enquête réalisée il y a quelques années auprès de la population scolaire a montré que la télévision, telle lafameuse langue d'Ésope, était tantôt la meilleure, tantôt la pire des choses.
Alors que les élèves les moins bienadaptés aux exigence de la culture scolaire y trouvent d'abondants divertissements bon marché (séries policièresaméricaines, feuilletons pour adolescents d'une navrante naïveté et autres jeux populaires tout aussi affligeants),les autres n'allument leur poste qu'après avoir sélectionné tel film ou tel documentaire dignes de leur intérêt.
Et siles uns et les autres tombent parfois sur les mêmes émissions, leur regard n'est encore pas le même : c'est l'espritcritique qui fait la différence.
Une séquence publicitaire ou un clip de Michael Jackson font en effet partie de laculture dès lors qu'on sait les regarder avec circonspection et humour, en s'aidant de références esthétiques et depoints de repère intellectuels et moraux.
La consommation des images suppose à l'évidence l'apprentissage de codesqui ne sont encore enseignés à l'école qu'à titre accessoire, ce qui ne fait qu'accroître l'analphabétisme des uns etl'ouverture d'esprit des autres.
[ 2.
Multimédia et perspectives d'avenir ]
Dans l'avenir, il est indispensable que l'école apprenne à tous une bonne gestion du temps devant la télévision.Cette consommation raisonnée devrait normalement passer par les systèmes multimédias qui supposent un choix del'information par l'usager, et non plus une attitude passive devant les grilles de programmes fixées à l'avance par des.
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