Pour quelles raisons « Dom Juan » occupe-t-il une place à part dans l’œuvre de Molière ?
Publié le 22/09/2018
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place importante dans l'intrigue, est tragique à la fois par la situation où elle place la jeune femme abandonnée et par l'aveu sincère et digne que celle ci fait elle même de son désarroi.
En outre la comédie classique, telle que la conçoit Molière, expose la crise finale d'une situation devenue progressivement intenable et dont les antécédents sont présentés sous forme de récit. Ainsi le rideau se lève, à la représentation de Tartuffe, au moment où l'irritation de la famille d'Orgon est à son comble à l'égard de 1 'intrigant qui s’est insinué peu à peu dans la maison et qui maintenant y fait la loi : un éclat est donc inévitable et imminent. Et c'est Orgon lui-même, la dupe de ce scélérat, qui narre avec attendrissement les circonstances de sa première rencontre avec Tartuffe et la manière dont il s'est laissé progressivement subjuguer par lui, au point de lui abandonner la direction de sa maison. Dans Dom Juan au contraire, si l'on excepte le drame d'Elvire qui n'est présenté sur la scène que dans sa dernière phase et dont les antécédents nous sont évoqués par les propos des personnages, nous n'assistons pas au dénouement d'une crise mais nous voyons se dérouler devant nous une succession d'événements.
Cette puissance de concentration, habituelle dans les comédies classiques de Molière, est totalement absente de Dom Juan. C'est un drame où se mêlent les éléments les plus divers. On y découvre d'abord ce qu'on est habitué à trouver dans une pièce de Molière : le comique de farce, emprunté aux modèles italiens, s'y associe à la comédie de mœurs et à la comédie de caractère. Mais on y relève aussi une part, assez discrète d'ailleurs, de romanesque ainsi que les éléments d'un drame religieux, merveilleux et fantastique, empruntés l'un et l'autre à l'œuvre de Tirso de Molina. C'est aussi de Tirso de Molina que vient l'élément tragique avec son pathétique douloureux que Molière, observateur des âmes, a encore enrichi et approfondi. Enfin il faut signaler la note de polémique personnelle que Molière a introduite dans la tirade sur l'hypocrisie « vice à la mode » prononcée par Don Juan à la scène 2 de l'acte V.
La hardiesse de Molière apparaît plus significative encore dans la manière dont il juxtapose le comique et le tragique. Il témoigne là d'une audace dont les Romantiques eux mêmes ne donneront pas d’exemple. Il fait succéder une scène bouffonne à une scène pathétique : la scène où Don Juan berne M. Dimanche est immédiatement suivie de celle où il affronte les reproches de son père. Bien plus il place côte à côte dans la même scène des traits bouffons et tragiques. Les pitreries de Sganarelle s'insèrent dans l’émouvant entretien de Don Juan et d'Elvire.
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place importante dans l'intrig ue, est tragi que à la fois par la
situ ation où elle place la jeune femme abandon née et par l'aveu
si ncère et dig ne que celle c i fa it elle même de son désarro i.
En outre la com édie classiqu e, tell e que la conçoit Molière,
expo se la crise finale d'une situation devenue progress ivement
in tenable et dont les antécé dents sont présentés sous forme de
ré cit.
Ainsi le rid eau se lève, à la repr ésentation de TartufFe, au
mom ent où l'irritation de la fami lle d'Orgon est à son comble à
l'é gard de 1 'i ntrigant qui
in
sinu é peu à peu dans la maison
et qui maintenant y fait la loi : un éclat est donc inévita ble et
im min ent.
Et c'est Orgon lui-même, la dup e de ce scélérat, qui
na rre avec attendri ssement les circonsta nces de sa prem ière ren
contr e avec Tartuff e et la man ière dont il s'est laissé progress ive
ment subjuguer par lui, au point de lui abandonner la dir ect ion
de sa maison.
Dans Dom Juan au contr aire, si l'on excepte le
dram e d' Elvir e qui n'est présenté sur la scène que dans sa dern ière
ph ase et dont les ant écédents nous sont évoqués par les propos des
person nages, nous n'assistons pas au dénouement d'un e cris e mais
nous voyons se dérouler devant nous une success ion d'év énements.
Cette puissance de conce ntration, habitu elle dans les comédies
class iques de Mo lière, est totalement absente de Dom Juan.
C' est
un drame où se mêl ent les éléments les plus divers .
On y découvr e
d'ab ord ce qu'on est habitué à trouver dans une pièce de Mol ière :
le comique de farce, empru nté aux modèles itali ens, s'y associe
à la comédie de mœurs et à la comédie de caractèr e .
Mais on y
relève aussi une part, assez discrète d'ailleurs, de romanesque
ainsi que les éléments d'un drame religieux, merveilleux et fan
tastique, empruntés l'un et 1 'autr e à l'œuv re de Tirso de Mo lina.
C' est aussi de Tirso de Molina que vient l'élément tragiqu e avec
son pathétique douloureux que Moli ère, observate ur des âmes,
a encor e enrichi et approf ondi.
Enfin il faut signaler la note de
pol émiqu e personn elle que Mol ière a introduit e dans la tirade
sur l'hypocrisie « vice à la mode » pronon cée par Don Juan à la
scène 2 de l'acte V.
La hard iesse de Moli ère appar aît
signifi
cative encore dans la
manièr e dont il ju xtap ose le comique et le tragique.
Il témoi gne
là d'un e au dace dont les Romantiqu es eux mêm es ne donneront
pas d'exemple.
Il fait succéder une scène bouffonne à un e scène
path étique : la scène où
Juan berne M.
Diman che est
imm édiatement suivie de celle où il affro nte les reproches de son
père .
Bien plus il place côte à côte dans la même scène des traits
bouffons et tra giq ues.
Les pitreries de Sganar elle s'insèrent dans
l' émouv ant entretien de Don Juan et d'E lvire..
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