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Pour le romancier naturaliste, pensait Émile Zola, la description est « une néces¬sité de savant » et non « un exercice de peintre ». Vous apprécierez cette affir¬mation à la lumière des romans naturalistes que vous connaissez.

Publié le 15/03/2015

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Gros plans insolites et fragmentation du champ de vision

Zola et Maupassant introduisent encore dans leurs descriptions la fragmentation du champ de vision et les gros plans insolites des impressionnistes. Cherchant Nana au bastringue, les Coupeau ne voient devant eux qu'un chapeau « dansant un chahut de tous les diables, cabriolant, tourbillonnant, plongeant et jaillissant « ; aux Folies Bergère, Duroy et Forestier, ballottés par la foule, ont « devant les yeux un peuple de chapeaux « tandis que le comte Muffat, voyeur familier des coulisses, entrevoit par effraction, comme Degas, « des coins de nudités, des blancheurs de peau « à travers des « portes battantes « ou des « fuites de mur « (Nana).

Pointillisme, reflets et atmosphères

 

Le pointillisme, l'importance accordée aux reflets, l'attention aux atmosphères sont solidaires de ces perspectives : « une foule active de points noirs emportés dans un mouvement de fourmilière « (Une page d'amour), une « vapeur de tabac « voilant de son fin brouillard la scène des Folies Bergère (Bel-Ami), les « ombres des feuilles « dansant sur la nappe ensoleillée du Moulin d'Argent (L'Assommoir), les glaces reflétant la grasse Lisa (Le Ventre de Paris) ou le « dos et les visages des passants « (Bel-Ami), autant d'images qui démontrent que la réalité n'est jamais donnée en dehors d'une impression subjective.

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« DISSERTATIONS LITTÉRAIRES Il -UNE ŒUVRE D'ART Perspectives Cependant, portées par le regard des personnages, les mises en page originales de Zola ou de Maupassant se font tableaux, œuvres d'art plus que de science.

-La plongée: c'est du haut de la fenêtre que Georges Duroy, dans Bel-Ami, puis Roubaud dans La Bête humaine, contemplent le chemin de fer et les « taches rouges, vertes et blanches des signaux ».

Comme Zola le note dans Au Bonheur des Dames, la plongée écrase les verticales.

Vues «en raccourci », les têtes des clientes cachent leurs corsages et les pancartes ne sont plus que des « lignes minces ».

-La contre-plongée : ailleurs, Mme Desforges découvre« au-dessus d'elle, tout un peuple en l'air» ; Gervaise, observant du trottoir Coupeau et son apprenti au travail sur un toit, voit leurs silhouettes « grandies démesurément » par la pers­ pective.

Gros plans insolites et fragmentation du champ de vision Zola et Maupassant introduisent encore dans leurs descriptions la fragmentation du champ de vision et les gros plans insolites des impressionnistes.

Cherchant Nana au bastringue, les Coupeau ne voient devant eux qu'un chapeau « dansant un chahut de tous les diables, cabriolant, tourbillonnant, plongeant et jaillissant» ; aux Folies Bergère, Duroy et Forestier, ballottés par la foule, ont « devant les yeux un peuple de chapeaux » tandis que le comte Muffat, voyeur familier des coulisses, entrevoit par effraction, comme Degas, « des coins de nudités, des blancheurs de peau » à travers des « portes battantes » ou des « fuites de mur» (Nana).

Pointillisme, reflets et atmosphères Le pointillisme, l'importance accordée aux reflets, l'attention aux atmosphères sont solidaires de ces perspectives : « une foule active de points noirs emportés dans un mouvement de fourmilière » (Une page d'amour), une « vapeur de tabac » voilant de son fin brouillard la scène des Folies Bergère (Bel-Ami), les « ombres des feuilles» dansant sur la nappe ensoleillée du Moulin d'Argent (L'Assommoir), les glaces reflétant la grasse Lisa (Le Ventre de Paris) ou le « dos et les visages des passants» (Bel-Ami), autant d'images qui démontrent que la réalité n'est jamais donnée en dehors d'une impression subjective.

Métaphores et art visionnaire Le jeu des métaphores permet de rendre la dimension visionnaire de la subjecti­ vité, celle de l'auteur comme celle du personnage; car le naturalisme n'est pas la photographie de la réalité, fût-elle cadrée de manière originale.

Il donne à voir un point de vue.

Nana n'est pas seulement une chanteuse de café-concert à la Degas, elle est grandie jusqu'au mythe, c'est l'idole du sexe : son lit est« un trône, un autel » où Paris vient !'adorer.

La Lison, emblème du progrès technique, remplace la femme aimée que Jacques ne peut tenir dans ses bras.

Le Voreux ou la maison ouvrière sont des ogres qui disent la pitié de Zola pour les damnés de la mine ou du faubourg ...

Conclusion: L'affirmation de Zola est donc dictée par une intention polé­ mique.

Fort heureusement, le naturalisme ne se réduit pas au modèle scien­ tifique qui l'inspire.

Il fait place, comme toute œuvre d'art, au« tempéra­ ment » du romancier.. »

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