Pour BOURDIEU, "l'information fournie par la télévision" se résume "à peu près rien". Qu'en pensez-vous ?
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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De manière plus générale, la télévision subit la pression de l'Audimat, qui constitue une forme particulièrementperverse de manipulation.
Au nom de l'audience, on élimine ou diffuse à des heures de très faible écoute desémissions d'un accès plus aride peut-être, mais au contenu dense et enrichissant.
Ainsi, au nom des prétenduespréférences du plus grand nombre, on prive chacun du droit à la qualité, en matière d'information (même s'il fautsaluer la qualité de certaines émissions, telle «La marche du siècle »).
On peut aussi s'interroger sur la nature des liens entre la publicité et l'information, certains événements donnant lieuà une véritable débauche de messages publicitaires (les compétitions sportives en fournissent des exemplesinépuisables, à condition qu'on les considère comme des événements...)
2.
La falsification télévisuelleL'utilisation d'images truquées pour fausser tel témoignage est un phénomène de plus en plus répandu, en raisonmême de son efficacité : rien de plus aisé que de manipuler une opinion publique en diffusant des images montéesou déformées de telle manière que leur contenu véritable s'en trouve totalement perverti (citons ici deux films ayanttraité cette question sur le mode comique, Forrest Gump ou Zelig).On a fait état, lors de certaines campagnes électorales, de l'utilisation d'images subliminales qui, glisséessubrepticement entre deux séquences, agissaient sur l'inconscient du téléspectateur-électeur.La propagande politique a saisi tout l'intérêt de la télévision : ce n'est pas un hasard si la télévision est un monopoled'État dans toutes les dictatures et si elle ne diffuse que les images autorisées.
3.
La désinformationPuisque l'image est traitée non comme une donnée brute, mais comme un produit fini, après sélection, montage etrecomposition, elle ne peut jamais être absolument fiable.
Pire, en présentant toutes les apparences del'authenticité, elle peut camoufler tous les mensonges.Dans une campagne électorale, par exemple, l'image met en scène l'information.
La façon de présenter les différentscandidats influe de manière décisive sur leur popularité (il suffit ici de rappeler avec quel soin les principauxcandidats préparent leur débat télévisé au sommet).La censure peut s'exercer à plusieurs niveaux : on éliminera tel passage où tel homme politique hésite ou bafouille ;on ne diffusera que telle partie de son message (par exemple, tel slogan ou telle «petite phrase »).
Dans les paystotalitaires, l'opposition n'a même pas droit de cité à la télévision, ce qui montre bien que dans ce cas la propaganderepose sur le monopole et la désinformation qui en découle.
TransitionNous venons de le constater, l'information télévisuelle ne représente pas toujours «à peu près rien », puisque toutpeut être faussé si les images ne sont pas diffusées avec l'objectivité nécessaire.
Le danger est réel, mais il enexiste un autre, quasi permanent, car l'information, à la télévision, fait partie du spectacle.
III.
La logique du spectacle
1.
Information et divertissementChacun peut constater que le journal télévisé constitue le moment-phare du début de la soirée, orchestré et mis enscène avec un apparat extraordinaire.
Si telle chaîne lance le journal deux minutes plus tôt, la chaîne concurrenterenchérit le lendemain.
C'est assez montrer que la qualité du journal n'est qu'un atout parmi d'autres, mais que sonvéritable objectif est un meilleur score à l'Audimat.D'ailleurs, Bourdieu le souligne à juste titre (cf 1.
1 à 6), la télévision préfère les images spectaculaires aux imagesaffligeantes de vérité : on annonce avec précaution un document pouvant heurter ; on sourit en annonçant telsujet plus porteur (les défilés de mode, notamment...).De manière plus générale, la télévision sacralise un non-événement, par exemple une rencontre sportive quidéchaîne les passions, lesquelles naissent et se nourrissent précisément de ces images.
Les fameux commentairessportifs, en direct, saturent de bavardages (et de messages publicitaires) une action qui se résume d'ordinaire àquelques gestes spectaculaires, rediffusés plusieurs fois, au ralenti, sous un autre angle...
Il est clair quel'événement historique n'a pas droit à autant d'égards, sauf justement lorsqu'il est particulièrement spectaculaire2.
Que le spectacle continue !Un flot ininterrompu d'images est proposé au consommateur, qui finit par mettre sur un pied d'égalité les nouvellespolitiques, économiques ou sociales, en France, en Europe, dans le monde, les résultats sportifs, les'cotationsboursières, les faits divers, la tendance de la météo, etc.
Aucune véritable discrimination n'est faite entre cesinformations.Tous les événements, quelles que soient leur nature et leur intensité, sont victimes d'une banalisation générale : onprête une oreille attentive lorsqu'une guerre se déclare ; l'oreille se fait plus distraite au bout de trois mois deconflit...
Rien ne peut plus choquer durablement le téléspectateur.Plus préoccupante peut-être encore est la séduction exercée par la publicité sur les jeunes générations, incapablesde distinguer l'objectif commercial de messages considérés comme des informations parfaitement exactes...3.
Comment lutter ?L'influence de la télévision sur les jeunes doit être combattue, car elle les empêche de penser, de raisonner, de.
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